Tannhäuser, un chevalier du XIII^e siècle, poète et MinnesängerDans la littérature allemande, un Minnesänger est un poète courtois du Moyen Âge., est le héros de cet opéra de Wagner. C’est la première fois que le compositeur utilise deux légendes germaniques, celle des tournois de chantCes tournois de chant - qui n’eurent probablement jamais lieu - ont été inventés par des troubadours et racontés dans deux poèmes de la fin du XIII^e siècle. au château de la WartburgLe château de la Wartbourg (Wartburg en allemand) est situé sur une colline au sud-ouest d’Eisenach en Thuringe, d’où il surplombe la ville., et celle de la Ballade de Tannhäuser. Le décor est inspiré par les souvenirs de voyage de Wagner entre Dresde et Paris en 1842 : Je crus revoir la lumière quand je me trouvai en présence de la Wartburg […] je construisis alors en esprit la scène du troisième acte de mon Tannhäuser.

Wagner rencontre des difficultés pour faire représenter son opéra : cent soixante répétitions seront nécessaires pour la première, les musiciens ayant de nombreuses difficultés à comprendre cette musique. Le compositeur modifiera plusieurs fois son œuvre, notamment à l’occasion de sa créationEn musique, le terme « création » est utilisé pour désigner la première représentation d’une œuvre en public. à Paris le 13 mars 1861Cette version de 1861, dite « de Paris », est la troisième. Les modifications portent sur la suppression de la fin de l’Ouverture et l’ajout d’une scène au premier acte, avec un ballet (cette pièce essentiellement orchestrale est appelée Bacchanale du Venusberg). à l’Opéra Garnier.

L’action se déroule au XIII^e siècle près d’Eisenach, ville du centre de l’Allemagne dominée par le château de la Wartburg. Dans cette contrée se dresse le Venusberg (« Mont de Vénus »), demeure de la déesse de l’amour, qui attire les chevaliers de la Wartburg pour les retenir prisonniers de ses charmes. Tannhäuser, chevalier ayant fui la Wartburg, y séjourne quelques temps, puis se lasse de ce monde où tout n’est que sensualité et décide de partir contre la volonté de la déesse. Il se réveille dans la campagne près de la Wartburg, accueilli avec joie par le comte et ses chevaliers, heureux de retrouver leur ancien compagnon. Le comte, informé de l’amour existant entre sa nièce Élisabeth et Tannhäuser, organise un concours de chant : qui gagnera ce concours obtiendra la main d’Élisabeth. Connaissant la belle voix de Tannhäuser, le comte est persuadé qu’il remportera ce tournoi sur le thème de l’éveil de l’amour. En cours d’épreuve, Tannhäuser, possédé par la déesse de l’amour qu’il encense, avoue son séjour au Venusberg et provoque la fureur des chevaliers. Élisabeth prend sa défense mais le comte le condamne à aller demander pardon au Saint-Siège pour ses fautes commises au Venusberg. Lors du retour de Rome des premiers pèlerins, Élisabeth ne voit pas Tannhäuser et meurt de chagrin. Il revient pourtant et apprend à WolframWolfram est l’ami fidèle du héros. Plein d’abnégation, il renonce à ses sentiments pour se dévouer au salut de Tannhäuser. Chanteur dans la pièce, Wolfram bénéficie de deux airs dédiés au bel canto le plus élégant : c’est le rôle du baryton le plus lyrique et musical de la production wagnérienne. que le pape ne consentira à lui pardonner que le jour où son bâton fleurira. Désespéré en apprenant la mort d’Élisabeth, Tannhäuser expire au pied de son cercueil. À ce moment, la crosse papale se couvre de feuillage, signifiant le salut de Tannhäuser.

L’opéra est créé en 1845 à Dresde sous la direction du compositeur. L’ouverture est en quelque sorte un résumé de l’opéra, ce qui en fait une œuvre à part. Elle se développe comme une petite symphonie, reprenant les trois thèmes principaux ou leitmotivs des trois actes :

• Le thème des Pèlerins : caractère religieux et serein, tempo Andante maestoso
• Le thème du Venusberg : caractère dansant, féérique et passionné, tempo Allegro
• Le thème de Tannhäuser : caractère éclatant, à la manière d’une fanfare, tempo Molto vivace