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Charles Gounod (1818-1893)
Charles Gounod naît le 17 juin 1818 à Paris. Son père, dessinateur et peintre, meurt alors que Charles est âgé de cinq ans. Pianiste remarquable, sa mère doit alors subvenir à ses besoins et à ceux de ses deux enfants en enseignant le piano. C’est avec elle que Charles s’initie à la musique et fait preuve très jeune de dispositions exceptionnelles. Il exprime très tôt le désir de poursuivre une carrière musicale et, marqué par des œuvres comme Don Giovanni de Mozart ou les symphonies de Beethoven, il se destine rapidement à la composition. Il suit des cours avec Reicha1770-1836 -compositeur tchèque, pédagogue et théoricien ayant cotoyé Beethoven parallèlement à ses études au lycée Saint Louis jusqu’à l’obtention de son baccalauréat de philosophie. La même année, en 1836, il entre au Conservatoire de Paris dans les classes de Halévy pour la fugue et le contrepoint, et de Lesueur pour la composition. Second prix de Rome en 1837, il devient lauréat du grand prix en 1839 et part pour deux ans en résidence à la Villa Médicis.
À Rome, Charles Gounod fait des rencontres déterminantes pour la suite de sa carrière. Il se lie d’amitié avec le peintre Ingres qui lui fait découvrir et aimer cette ville dans laquelle il étudie avec ferveur la musique sacrée de Palestrina. Il rencontre la chanteuse Pauline Viardot1821-1910 - mezzo-soprano et compositrice française qui, quelques années plus tard, à Paris, l’incitera à composer son premier opéra, ainsi que Fanny Hensel-Mendelssohn1805-1847 - pianiste et compositrice allemande grâce à qui il se passionne pour la musique allemande. Après son séjour à Rome, en 1842, Gounod choisit d’ailleurs de partir à Vienneoù il fait jouer une de ses messes, puis en 1843, à Berlin où il retrouve Fanny Hensel. Elle lui présente son frère, Felix Mendelssohn, qui lui fait découvrir sa musique symphonique ainsi que des œuvres de Johann Sebastian Bach. Si la musique allemande en général bouleverse Gounod, celle de Felix Mendelssohn devient pour lui un véritable modèle.
Le dernier personnage important rencontré à Rome est le père Lacordaire. Sous son influence, Gounod envisage d’entrer dans les ordres. Il se concentre sur la composition de musique religieuse. De retour à Paris, en mai 1843, enrichi de la musique de Mozart, de Beethoven, de Bach et de Palestrina, il devient maître de chapelle et organiste à l’église des missions étrangères. Il suit pendant deux ans des cours de théologie, porte l’habit quelques mois et signe même un temps ses lettres et ses œuvres « l’abbé Gounod ». Mais il renonce finalement à poursuivre cette vocation ecclésiastique.
Après ces années dédiées à la religion, Gounod réalise que sa notoriété viendra par la musique de théâtre. Il écrit son premier opéra, Sapho, sur la sollicitation de Pauline Viardot. À cette même époque, il épouse Anna Zimmerman. Créé en 1851, Sapho reçoit un succès mitigé mais attire l’attention du public et des critiques. La simplicité, la pureté et la clarté du style qu’il impose dès cette première œuvre lyrique rompent avec la tradition du bel canto italien et avec l’emphase des opéras de Meyerbeer. Dans sa biographie, il confie : Quand je compose, je me pénètre du sentiment, des paroles, du caractère du personnage, et je laisse parler mon cœur.
C’est le début d’une période d’intense activité créatrice qui donne naissance à une longue liste d’œuvres scéniques, plus ou moins bien accueillies par le public. Les plus célèbres et les plus reconnues sont trois opéras : Faust (1859), son premier grand succès et son plus grand chef-d’œuvre, Mireille (1864) et Roméo et Juliette (1867). Parallèlement à l’écriture de ses opéras et de ses musiques de scènes, Gounod compose divers chœurs et messes, notamment pour l’Orphéonsociété de chorales constituées de chanteurs issus des classes moyennes et populaires de Paris dont il a pris la direction en 1852.
Épuisé par ses années de travail ininterrompu, il repart pour Rome, recherchant le calme et la sérénité que cette ville lui inspire, et entreprend un nouvel opéra, Polyeucte, par lequel il exprime à nouveau ses convictions religieuses. Il achève cette œuvre à Londres où il s’installe au début de la guerre de 1870 tout en poursuivant ses autres activités de compositeur.
Très affecté par la défaite de la France, il écrit notamment une cantate élégiaque, Gallia (1871). À son retour en France, en 1874, Polyeucte ne peut être directement représenté car le manuscrit a été subtilisé à Londres par Georgina Weldon, chanteuse dont il s’était épris et qui n’accepta pas son départ. Gounod reconstitue de mémoire cet opéra auquel il tient par-dessus tout mais dont l’échec auprès du public le consterne : Périsse mon œuvre, périsse mon Faust, mais que Polyeucte soit repris et vive !
Dans la dernière partie de sa vie, il se consacre à nouveau à la musique sacrée et conserve une activité intense : il produit des œuvres littéraires, des critiques, mène les répétitions de ses œuvres et les dirige jusqu’en 1890. Gounod meurt à Saint-Cloud, où il a résidé la majeure partie de sa vie, le 18 octobre 1893 d’une crise d’apoplexie, laissant un requiem inachevé. C’est Saint-Saëns, un des ses grands amis, qui tient l’orgue lors de ses funérailles nationales en l’église de la Madeleine à Paris.
Paroles de musiciens
Tout y est neuf et distingué : le chant, les modulations, l’harmonie. M. Gounod a prouvé là qu’on pouvait tout attendre de lui.
Hector Berlioz, à propos d’un Agnus Dei composé par Gounod âgé d’une vingtaine d’années.
Vous trouverez dans ma Pénélope ma tendresse pour Sapho et les choeurs d’Ulysse. Trop de musiciens ne se doutent pas de ce qu’ils doivent à Gounod. Moi je sais ce que je lui dois et je lui en garde une infinie et une ardente tendresse.
Gabriel Fauré, dans une lettre à Mme De Lassus, fille de Gounod.
L’essentiel
- Compositeur romantique né le 17 juin 1818 à Paris et mort le 18 octobre 1893 à Saint-Cloud, Charles Gounod se consacre principalement à la musique vocale. Très attiré par la religion, il compose de nombreuses messes, cantates et autres œuvres sacrées parmi lesquelles le célèbre Ave Maria (1853). Il laisse également un catalogue important de mélodies et d’opéras dont le plus connu est Faust (1859) d’après Goethe. Il a été fortement inspiré par la musique de Bach, Mozart, Beethoven et Mendelssohn, mais aussi par celle du compositeur italien du XVIe siècle Palestrina. Par son style épuré et élégant, Charles Gounod innove et donne un nouveau souffle à l’opéra français du XIXe siècle.
Auteure : Aurélie Loyer