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Carl Maria Von Weber (1786-1826)
Une formation itinérante
Issu d’une famille d’artistes, Carl Weber a toujours été fier d’être le cousin du grand Mozart par allianceLa femme de Mozart, Constance, est sa cousine germaine.. Son père, Franz Anton, ancien maître de chapelle, est un excellent violoniste. Directeur d’une troupe de théâtre itinérante, il fait beaucoup voyager sa famille en même temps que ses comédiensdont font partie une tante et trois demi-frères de Carl.
Carl semble doué pour tous les arts mais son père décide qu’il sera musicien. Très tôt, l’enfant commence l’apprentissage du chant et du piano avec son demi-frère Fridolin. Par la suite, il prend des leçons auprès de grands maîtres au hasard des tournées de la troupe de son père. En 1798, la famille est de passage à Salzbourg. Michael Haydnfrère du célèbre Joseph Haydn et ancien collègue de Mozart, impressionné par les dons de l’enfant, lui donne des cours gratuitement. Carl réalise ses premières compositions.
En 1800, direction Fribourg-en-Brisgau où Weber, âgé de quatorze ans, réalise un opéra, Das Waldmädchen, créé au théâtre de la ville. Le jeune compositeur, encore immature dans son langage musical, n’obtient aucun succès. Il retourne alors à Salzbourg et travaille à nouveau avec Michael Haydn sur son nouvel opéra Peter Schmoll und seine Nachbarn qui est créé à Nüremberg. Malheureusement, le jeune artiste n’obtient toujours pas le succès espéré. Finalement, en 1804, Weber passe l’hiver à Vienne et prend des leçons avec l’abbé Voglerégalement compositeur et théoricien, l’un des plus grands pédagogues de l’époque.
Un début de carrière difficile
Grâce à son nouveau maître, Weber devient à dix-huit ans maître de chapelle au théâtre municipal de Breslau. Pour son premier poste, le jeune homme se montre inexpérimenté, voire négligent. Il rencontre beaucoup de contestations, contracte des dettes et déclenche de vives oppositions. Deux ans plus tard, le musicien est contraint de démissionner.
Entre-temps, Weber s’est perfectionné au piano, a appris la guitare et s’est découvert un talent de chef d’orchestre. Alors qu’il s’intéresse à la lithographietechnique d’impression grâce à un dessin sur pierre, il perd bêtement sa belle voix de chanteur en buvant par erreur de l’acide utilisé pour l’impression !
En 1806, on le retrouve à Karlsruhe. Il devient intendant de l’orchestre du duc Eugène de Wurtemberg pour lequel il compose deux symphonies. L’année suivante, il devient secrétaire du duc Ludwig à Stuttgart et professeur de musique de ses filles. Il compose un opéra, Silvana, mais à la suite de divers incidents causés par son père, le musicien est expulsé en 1810.
Premiers succès
Soucieux de s’améliorer, Weber retourne à Darmstadt auprès de son maître l’abbé Vogler, et se retrouve condisciple de Giacomo Meyerbeer, futur grand compositeur d’opéra. Il écrit son Concerto pour piano n° 1 et un singspielopéra allemand alternant dialogue et chant, Abu Hassan, créé à Munich en 1811.
Weber entreprend par la suite des tournées comme pianiste, et compose sa Sonate pour piano n° 1. En 1813, il est nommé directeur de l’opéra de Prague. Sous sa direction, l’établissement connaît de nombreuses réformes. Il dirige plus de 60 opéras de 30 compositeurs différents !
Le musicien consacre une grande partie de ses compositions pour le piano, mais on lui doit également un très joli Quintette avec clarinette, ainsi que la cantate Kampf und Sieg.
La consécration
Le 25 décembre 1816, Weber devient maître de chapelle de la cour de Saxe à Dresde. Face au monopole de l’opéra italien, Weber se charge de promouvoir l’opéra allemand. Parallèlement, il compose beaucoup pour le piano (Polacca brillante, Rondo brillante, L’Invitation à la valse, Konzertstück…) et un Trio pour flûte, violoncelle et piano.
En 1821, la création de son opéra Der Freischütz à Berlin lui vaut un triomphe sans précédent. L’œuvre est acclamée dans toute l’Europe. Grâce à ce succès, Vienne lui commande un nouvel opéra, Euryanthe, composé « dans le style du Freischütz ».
Puis Weber se rend à Londres où il crée son nouvel opéra Oberon, le 12 avril 1826. Épuisé, il meurt deux mois plus tard. Ses restes sont rapatriés en Allemagne quelques années après, sous l’initiative de Wagner, un de ses plus fidèles admirateurs.
Un musicien aux talents multiples
Si Weber reste un maître dans tous les domaines de la musique, c’est sur son génie du théâtre que repose essentiellement sa renommée. Compositeur de liedermélodies pour voix et piano composées sur des poèmes en langue allemande, d’œuvres chorales, d’œuvres pour piano et de musique de chambre, il reste un musicien complet. Grand pianiste, chef d’orchestre réputé, son goût pour la nature et le fantastique font de lui l’un des premiers musiciens romantiques. Weber manifeste un talent prononcé pour l’orchestration. Sa musique pour piano, originale pour l’époque, demande beaucoup de virtuosité. Elle donne souvent l’impression d’une improvisation et se caractérise par ses qualités descriptives et poétiques.
L’essentiel
- Issu d’une famille d’artistes, Weber est également le cousin par alliance de Mozart, compositeur qu’il admirait.
- Il reçoit une éducation musicale itinérante en fonction des tournées de la troupe de théâtre de son père.
- Après un début de carrière difficile, Weber devient un directeur de théâtre renommé et un brillant chef d’orchestre.
- Il est le premier grand musicien romantique allemand à s’opposer résolument au monopole de l’opéra italien.
- Durant les dix dernières années de sa vie, il compose ses plus grands opéras, dont le Freischütz, l’un des plus grands succès de toute l’histoire de l’opéra.
Auteur : Jean-Marc Goossens