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Paul Dukas (1865-1935)
De la musique mais en cachette
Paul Dukas naît à Paris le 1er octobre 1865. Sa mère, talentueuse pianiste, décède alors qu’il n’a que quatre ans. Paul se passionne surtout pour la musique à partir de l’adolescence. Il compose en cachette et, ne s’intéressant à rien d’autre qu’à la musique, on résolut de [la lui] faire apprendre
propos rapportés d’après une notice autobiographique de 1899.
Il s’initie seul au solfège et intègre en 1881 le Conservatoire de Paris. Dans un premier temps, il suit les cours d’harmonie de Théodore Dubois et entre dans la classe de piano de Georges Mathias. Mais, bien plus que le piano, c’est la composition qui l’intéresse : en 1884, il est admis dans la classe de composition d’Ernest Guiraud et, quatre ans plus tard, il obtient le second grand prix de Rome avec la cantate Velléda (1888).
Amateur de littérature
Au-delà de la musique, Paul Dukas montre toute sa vie une curiosité insatiable pour la littérature, particulièrement pour la poésie et la philosophie. Souvent, il s’isole dans la bibliothèque richement fournie héritée de son père pour étudier, méditer, se perfectionner, et fait preuve très jeune de perfectionnisme et d’intransigeance à l’égard de son travail.
Compositeur perfectionniste et exigeant
En 1886, marqué par un voyage à Bayreuth où il a découvert la musique de Richard Wagner, Dukas doute de la qualité de sa formation. Il se replonge alors dans l’étude des partitions de Gluck, de Beethoven et recopie intégralement la partition de Parsifal. Il refuse d’éditer de nombreuses œuvres qu’il ne juge pas à la hauteur de ses exigences, en détruit, en brûle, et son catalogue n’en comporte qu’une dizaine, la plupart composées entre 1891 et 1912.
Il ne livre ensuite au public plus aucun opus jusqu’à la fin de sa vie, en 1935, exceptée une pièce pour piano en hommage à son ami Claude Debussy mort en 1918, La Plainte, au loin, du faune (1920) et une mélodie sur un sonnet de Ronsard (1924). Paul Dukas est très proche de la plupart des grands compositeursCésar Franck, Vincent d’Indy, Gabriel Fauré, Claude Debussy de son époque mais reste indépendant et libre dans son écriture, entre le romantisme de Vincent d’Indy et l’impressionnisme de Claude Debussy
Paul Landormy, La Musique française après Debussy, Gallimard, Paris 1943. Les œuvres symphoniques « reconnues » par leur auteur ne sont que trois : Polyeucte, une ouverture pour un drame de Corneille (1891), une Symphonie en ut (1896) et le fameux scherzo symphonique, d’après une ballade de Goethe, qui remporte un succès immédiat et demeure aujourd’hui son œuvre la plus célèbre, L’Apprenti sorcier (1897).
Le succès d’Ariane et Barbe-bleue
Mais si L’Apprenti sorcier reste son œuvre la plus populaire, son chef-d’œuvre est un opéra composé sur un livret de Maurice Maeterlinck, Ariane et Barbe-bleue (1907).
Dukas avait été bouleversé par la pièce dès sa parution en 1899. Initialement, Maeterlinck la destinait à être mise en musique par le compositeur norvégien Edvard Grieg, mais celui-ci se détourna du projet.
Orchestrateur hors pair
En 1911, Dukas compose pour les Ballets russes, à la demande de Serge Diaghilev, une autre œuvre majeure du répertoire : la musique d’un « poème dansé », La Péri, dont l’argument s’inspire d’une légende orientale. Toutes ces œuvres sont travaillées, ciselées, d’une forme parfaitement équilibrée, et leurs instrumentations éblouissantes font de Dukas un maître incontesté dans l’art de l’orchestration. Il a également composé pour le piano deux œuvres, toutes deux d’une haute difficulté d’interprétation, la Sonate en mib mineur (1900) et des Variations sur un thème de Rameau (1903).
Un engagement dans l’enseignement
Sous l’impulsion de Gabriel Fauré, Paul Dukas devient titulaire de la classe d’orchestre au Conservatoire de Paris (1910-1913) puis est nommé professeur de composition en 1927. Il enseigne aussi à l’École normale de musique à partir de 1926. De nombreux élèves sont attirés par sa culture et la qualité de son enseignement - parmi eux, Tony Aubin, Maurice Duruflé, Jehan Alain et le plus célèbre sans doute, Olivier Messiaen.
Critique reconnu
Parallèlement à ses activités de compositeur et de pédagogue, Paul Dukas a écrit tout au long de sa carrière des critiques musicales très appréciées, notamment pour la clarté de leurs analyses, pour plusieurs revues - la Revue Hebdomadaire (1892-1901), la Gazette des Beaux-Arts (1894-1902), la Chronique des Arts (1894-1905), la Revue Musicale (1923-1932), etc. Il y soutient notamment les innovations de Debussy. Fervent défenseur de la musique française, il révise plusieurs œuvres de Rameau et de Couperin et adapte pour piano à quatre mains l’opéra Samson et Dalila de Saint-Saëns. Reconnu autant pour sa musique que pour ses écrits, Paul Dukas est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1906 et accepte en 1934 le fauteuil d’Alfred Bruneau1857-1934 - compositeur français à l’Institut de France. Il meurt peu après d’une crise cardiaque, à Paris, le 17 mai 1935, laissant inachevé le projet d’une œuvre sur La Tempête de Shakespeare.
L’essentiel
- Compositeur, pédagogue et critique français né à Paris le 1er octobre 1865 et mort dans la même ville le 17 mai 1935, Paul Dukas est l’auteur d’une des œuvres les plus populaires de la musique classique avec L’Apprenti sorcier (1897).
- Mais malgré un catalogue d’œuvres qu’il a volontairement restreint, il a livré d’autres chefs-d’œuvre dont le plus grand est sans doute son opéra composé sur un livret de Maeterlinck, Ariane et Barbe-bleue (1907).
Auteure : Aurélie Loyer