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Jacques Offenbach (1819-1880)
Un talentueux violoncelliste
JacquesSon prénom est en fait Jacob ; Offenbach lui donne sa forme française une fois à Paris. Offenbach grandit à Cologneen Prusse, aujourd’hui l’Allemagne où il est né le 20 juin 1819. Son père est cantorresponsable des chants et des musiques, de la composition à l’interprétation à la synagogue, mais le jeune Offenbach joue avec lui et ses frères dans les soirées des tavernes colonaises.
C’est d’abord en secret qu’il étudie le violoncelle, ses parents pensant qu’il est trop chétif pour cet instrument. Mais face à son talent, ils l’envoient étudier à Paris. Il a quatorze ans et est admis au Conservatoire malgré une règle interdisant son accès aux étrangers.
Du Conservatoire aux salons mondains et aux premières compositions
Il ne reste qu’un an au Conservatoire. Préférant trouver tout de suite un emploi, il intègre bientôt l’orchestre de l’Opéra Comique. Il peut y découvrir à souhait le répertoire lyrique et rencontre HalévyJacques-Fromental Lévy, dit Halévy, compositeur français, 1799-1862 qui lui donne des cours de composition. Bientôt, il quitte également l’Opéra et vit de quelques cours, de concerts de musique de chambre et de l’écriture de premières pièces principalement des valses et des mélodies destinées au public mondain des salons. Là, il rencontre la jeune Herminie qui devient son épouse après son retour, auréolé de succès, d’une tournée à Londres.
Chef d’orchestre à la Comédie-Française
Offenbach pose son dévolu sur le théâtre : il veut y consacrer sa musique, même s’il compose d’autres genres d’œuvres. Mais le mouvement révolutionnaire de 1848révolution française qui aboutit à la mise en place de la IIe République le contraint à repartir à Cologne. Quand il revient en 1850, on lui offre l’opportunité de diriger l’orchestre de la Comédie-Française, une occasion à ne pas manquer. En plus de pouvoir s’exercer à l’écriture pour la scène, ce poste lui permet d’apprendre la gestion administrative d’un orchestre. Parallèlement, il essaie de faire produire ses œuvres dans d’autres théâtres, avec plus ou moins de succès. Lui vient alors l’idée audacieuse de créer son propre théâtre.
Les Bouffes-parisiens : un pari réussi
Offenbach profite de l’Exposition universelle de 1855 pour ouvrir un petit théâtre à proximité, sur les Champs-Elysées : le théâtre des Bouffes-Parisiens.
La censure existe encore, posant parfois des règles étrangeslimitant le nombre de chanteur, la durée des œuvres, etc. ; mais des pièces musicales d’un nouveau genre, qui se moquent des mœurs du public même qui les écoute et qui rit, se glissent dans le programme. Le théâtre attire rapidement les foules et pour Offenbach, c’est le début de la célébrité. Le succès est tel qu’il démissionne de la Comédie-Française et emménage avec sa troupe dans un plus grand théâtre, passage Choiseul, la même année. C’est l’époque où il se lie avec Ludovic Halévy, librettiste. Ensemble, ils entament une longue collaboration. Offenbach a alors 36 ans et est directeur de son propre théâtre. Il y fait jouer ses œuvres, mais aussi du Mozart et du Rossini qu’il affectionne particulièrement, et laisse une place aux jeunes compositeurs, en créant notamment un concours d’opéretteque remporte entre autres Georges Bizet. Sa renommée ne cesse de croître et s’étend jusqu’à Londres, Berlin et Vienne. En 1858, libéré par la préfecture des contraintes imposées par la censure, il peut enfin s’exprimer tout à son aise. Cette nouvelle liberté aboutit à la naissance et au triomphe de son premier opéra bouffe, Orphée aux enfersduquel est extrait le plus que célèbre Galop infernal.
Opéra bouffe ou opérette
Initialement italienopera buffa, ce terme est repris par Offenbach pour une partie de ses œuvres. L’opéra bouffe se différencie de l’opérette par ses sujets très satiriques dans lesquels il vise les institutions du Second Empire et les mœurs de la société. Il affectionne pour cela particulièrement les thèmes historiques ou mythologiques. Ses opéras bouffes ont une envergure plus proche de l’opéra que de l’opérette. Il donne d’ailleurs à certaines de ses œuvres le nom d’opérette bouffe.
Les principaux opéras bouffes d’Offenbach |
Orphée aux enfers (1855) |
Le Pont des soupirs (1861) |
La Belle Hélène (1864) |
La Vie parisienne (1866) |
Barbe-Bleue (1866) |
La Grande Duchesse de Gérolstein (1867) |
La Périchole (1868) |
Les Brigands (1869) |
Un français d’origine prussienne pendant la guerre de 1870
La guerre entre la France et l’Allemagne contraint Offenbach à se tenir éloigné de Paris où ses origines le rendent indésirable. Il envoie sa famille en Espagne, et part d’abord pour Étretat, puis Bordeaux, Milan, Vienne… À son retour, l’avidité du public du Second Empire pour le plaisir et la dérision a fait place au goût pour le spectacle et le rêve, le public de la IIIe République cherchant à oublier la défaite et les années difficiles. Même si Offenbach est affaibli par la maladie et la goutte, sa carrière reprend et il va s’adapter à ce changement de société.
Le Théâtre de la Gaîté
En 1873, il prend la direction du théâtre de la Gaîté. Mais il n’a pas le droit d’y créer ses nouvelles œuvres. Il y fait rejouer par contre les anciennes, les retravaillant, les allongeant, dans des mises en scène grandioses. Moins bon gestionnaire qu’artiste, il doit laisser sa place. Malade et endetté, il entame une tournée aux États-Unis, et il continue à écrire, à créer. Il a maintenant bien compris les nouvelles attentes du public. Il compose des opéras-comiques patriotiques qui remportent un grand succès : Madame Favart (1878) et La Fille du tambour-major (1879).
Les Contes d’Hoffmann
Libéré de la charge de direction du théâtre, Offenbach laisse libre cours à son imagination et compose Voyage dans la lune, opéra féérie. Il trouve dans ce genre une autre réponse pour contenter le public. Et il va encore plus loin en composant Les Contes d’Hoffmann, sa dernière œuvre. Ces contes exercent sur lui un attrait particulier, leur univers reflétant l’atmosphère de son enfance. Il se consacre presque entièrement à cet opéra fantastique qu’il devine être le couronnement de sa carrière. Il est créé le 10 janvier 1881, trois mois après la mort du compositeur, la nuit du 4 au 5 octobre 1880, et est devenu l’un des opéras français les plus joués dans le monde.
Auteure : Aurélie Loyer