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Ambroise Thomas (1811-1896)
Ambroise Thomas est né le 5 août 1811 à Metz, au sein d’une famille de musiciens. Son père, pédagogue reconnu, et sa mère, chanteuse, destinent leur fils cadet à la carrière de musiciencomme le frère d’Ambroise, Charles, qui fut violoncelliste.
À dix ans, le jeune Ambroise est déjà un pianiste et un violoniste accompli. Quelques années plus tard, en 1828, il entre au Conservatoire de Paris, où il obtient rapidement (en 1829-1830) des premiers prix d’harmonie et de piano. En 1832, il est lauréat du prix de Rome pour sa cantate Hermann et Ketty, puis il part en Italie pour séjourner à la Villa Médicis, à Rome. Sur place, il se lie d’amitié avec le peintre Ingres et rencontre Hector Berlioz, qui défend dès lors les œuvres de son jeune confrèreBerlioz a été lauréat du prix de Rome en 1830, pour sa cantate Sardanapale..
À Rome, Thomas compose des pièces pour piano, des œuvres de musique de chambre, des mélodies et un requiem. Comme la plupart des musiciens de son époque, il se rend quelques mois en Allemagne en 1834, dans la patrie de Beethoven et de Mendelssohn, avant de rentrer à Paris en 1835.
La formation d’Ambroise Thomas est donc très classique et le musicien ne connaît pour ainsi dire aucune difficulté dans ses années d’études, au contraire d’Hector Berlioz, de huit ans son aîné, qui raconte dans ses Mémoires ses déboires au Conservatoire à cause des idées originales qu’il tentait d’imposer dans ses œuvres. La suite de la carrière d’Ambroise Thomas se déroule de la même manière : sans difficulté apparente. Après s’être adonné à la musique de chambre à Rome, après avoir composé des morceaux pour piano (Six Caprices en forme de valses caractéristiques) et des mélodies (Souvenirs d’Italie) pour les salons parisiens, Thomas s’engage dans la voie qui permet à un musicien de réussir et de se faire connaître dans la capitale : le théâtre lyrique. De 1837 à 1843, il produit beaucoup d’œuvres destinées à l’Opéra et à l’Opéra Comique (huit en six ans), ainsi qu’un ballet (La Gipsy). La plupart d’entre elles connaissent un certain succès : l’opéra-comique La Double Échelle (1837), loué par Berlioz, est traduit et joué dans toute l’Europe.
Quelques œuvres supplémentaires composées autour de 1850 (Le Caïd, Le Songe d’une nuit d’été, Raymond ou Le Secret de la reine) assurent à Ambroise Thomas la reconnaissance de son talent par le public et les institutions officielles. Dès lors, Thomas est considéré comme l’un des grands auteurs lyriques français et, à ce titre, commence à recevoir des distinctions honorifiques : élu à l’Académie des beaux-arts en 1851, il devient, en 1856, professeur de composition au Conservatoire de Paris. Parmi ses élèves figurent notamment les compositeurs Jules Massenet1842-1912 ; auteur de grands succès comme Manon, Werther ou Thaïs à la fin du XIXe siècle et Théodore Dubois1837-1924 ; il est directeur du Conservatoire de Paris après Ambroise Thomas, de 1896 à 1905.. À partir des années 1860, ses activités au sein des institutions culturelles prennent peu à peu la première place. Après l’opéra-comique Le Roman d’Elvire (1860), bien accueilli par le public parisien, Thomas ne compose plus que trois ouvrages lyriques : Mignon (1866)d’après le livre de Goethe Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, Hamlet (1868)d’après le drame éponyme de Shakespeare qu’Ambroise Thomas appréciait beaucoup, et Françoise de Rimini (1882). De toutes ses œuvres, Mignon est restée la plus célèbre grâce à son Ouverture, à ses mélodies séduisantes et à ses pastiches de musique ancienne ou bohémienne.
En 1871, à la mort de Daniel-François-Esprit Auber, Thomas est nommé directeur du Conservatoire de Paris : pendant 25 ans, de 1871 à 1896, le Conservatoire est régi par ce musicien sévère et autoritaire, qui se déclare ouvertement opposé aux tendances les plus modernes de la musique en France (représentées par des compositeurs comme Wagner ou César Franck). Jusqu’à sa mort en 1896, Thomas reste en effet attaché à la tradition de l’opéra français et lutte contre des œuvres qu’il juge néfastes et qu’il ne comprend pas, comme la Symphonie de César Franckdont il boycotte la création au Conservatoire de Paris en 1889. Mais il a laissé néanmoins le souvenir d’un grand compositeur romantique français, dont les plus beaux succès auront été obtenus avant 1870.
Auteur : Christophe Corbier