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Jean Nicolas Grobert (1795 – 1866)
Portraits de facteurs d’instruments
Bien que peu d’instruments lui soient attribués jusqu’à maintenant - trois guitares dont une conservée au Musée de la musique – Jean Nicolas Grobert, originaire de Mirecourt (ville vosgienne où s’est développé un des grands pôles de la lutherie européenne), est un luthier apprécié du milieu musical parisien de la première moitié du XIXe siècle. Le nom « Grobert » est associé à d’illustres acteurs de la scène musicale et de la facture instrumentale de cette époque, comme Niccolo Paganini, Hector Berlioz ou Jean Baptiste Vuillaume.
De Mirecourt à Paris
Jean Nicolas Grobert appartient à une famille de la bourgeoisie terrienne dont la présence est attestée à la fin du XVIIIe siècle à Ville-sur-Illon près de Mirecourt. Son père, Nicolas Grobert, est installé comme orfèvre à Mirecourt. Parmi les sept enfants du foyer, deux sont devenus luthiers : Jean Nicolas, né le 5 mars 1795 et Augustin, le 8 août 1804.
Après avoir intégré la Garde impériale en 1813 et pris part semble –t-il aux dernières guerres napoléoniennes, Jean Nicolas, âgé de 23 ans, arrive à Paris en 1818 pour poursuivre son apprentissage en lutherie. Il est bientôt rejoint vers 1824 par son frère Augustin, de neuf ans son cadet. C’est à cette époque qu’Augustin apparaît dans l’Almanach du Commerce de Paris de Sébastien Bottin comme luthier à Paris. Il s’expatriera à l’Île Maurice où il fera le commerce des instruments précieux. Il mourra en 1861.
En 1828, Jean Nicolas figure à son tour dans l’Almanach sous le nom de « Grobert aîné ». En moins d’une décennie, il a installé son propre atelier à l’angle de la rue Saint-Denis, numéro 166, et de la rue Saint-Magloire, numéro 3. L’atelier bénéficie de l’intense activité commerçante de la rue Saint-Denis, qui est également une entrée royale pour les souverains se rendant à Notre-Dame. Son atelier est actif au moins jusqu’en 1846.
Une renommée parisienne
Une annonce publicitaire paraît régulièrement jusqu’en 1843, décrivant ainsi le magasin : « Grobert aîné, magasin de toute sorte d’instruments, dépôt des articles de Mirecourt, envois en province et à l’étranger. » Elle présume d’une activité féconde bien que peu d’instruments signés Grobert nous soient parvenus. Pendant longtemps, jusqu’à la mise en vente de deux autres exemplaires, une seule guitare « Grobert » était recensée : celle conservée au Musée de la musique à Paris. Son histoire atteste d’une certaine renommée du luthier. Deux célèbres musiciens propriétaires successifs de l’instrument ont apposé leur signature sur la table : le violoniste virtuose génois Niccolò Paganini (1782-1840) et le grand compositeur français Hector Berlioz (1803-1869).
C’est autour de 1860 que Jean Nicolas quitte Paris et s’en retourne à Mirecourt où il meurt en 1866, âgé de 72 ans.
Jean Nicolas – uni à Jeanne Baptiste Ray qu’il n’épousera que le 30 juin 1840 – a un fils, Alfred Jean François, né le 22 septembre en 1826, qui devient également luthier. Il intègre, peut-être dès 1842, l’atelier parisien du célèbre luthier Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875), rue Croix-des Petits-Champs à Paris.
Le nom « Grobert » reste associé à une lutherie de guitare soignée, de grande qualité, dans la forme comme dans la décoration.
Sources
Daniel Sinier & Françoise de Ridder, La Guitare. Tome I, Paris, 1650-1950. Edition Il Salabue, 2007Florence Gétreau, rédactrice, Instrumentistes et luthiers parisiens : XVII-XIXe siècles. Edité par : Imprimerie alençonnaise, 1988
Incontournable du musée
Guitare de Jean Nicolas Grobert
La guitare de Nicolas Grobert, instrument des collections du Musée de la Musique fut prêtée à Paganini par le luthier Vuillaume lors d’un séjour à Paris, cette guitare a ensuite été donnée à Berlioz.