Louis Raoux (1648-1728), originaire d’Auvergne, s’installe en 1663 à Nancy. Il appartient à la corporation des chaudronniers dont les membres jouissent du droit exclusif de travailler le laiton..

Son fils, François Raoux (avant 1695-1749), d’abord chaudronnier, est attaché vers 1726, à la vénerie de son altesse royale Léopold 1er (1679-1729), duc de Lorraine. En 1741, il est installé à Versailles et occupe la fonction de Faiseur de corps [sic] de chasse du Roy.

Parmi les neufs enfants de François Raoux, seuls deux poursuivent l’activité du père : Pierre François dit Pierre Raoux (1723-après 1489) et Joseph Raoux (1725-1787). Pierre reprend l’atelier nancéen probablement lors de l’installation de son père à Versailles, en qualité de  marchand fabricant de corps de chasse… (1749). Il figure aussi parmi les artisans qui réalisent une fontaine en 1756, place de Carrière à Nancy.

Tandis que l’atelier nancéen ne semble pas survivre à Pierre Raoux, c’est à Paris que son frère, Joseph, poursuit la chronique familiale. On le trouve installé dans l’enclos de l’Hôpital des Quinze-vingt dès 1749 (situé à cette époque rue St Honoré). Il se détourne de sa confrérie d’origine (des chaudronniers) pour devenir en 1754 Maître luthier faiseur d’instruments de musique…. Grâce à lui, à partir de 1759, les communautés de chaudronniers et de facteurs d’instruments peuvent concurremment fabriquer des cors de chasse (activité réservée jusqu’alors aux seuls chaudronniers). Cette évolution majeure traduit un intérêt grandissant de l’époque pour le cor de chasse en tant qu’instrument d’orchestre.

Le fils de Joseph, Lucien Joseph Raoux (1752-1823) s’installe dans l’atelier de son père entre 1776 et 1787. Il s’attache à la fabrication d’instruments d’orchestre et porte la facture des cors naturels à un degré de raffinement tels que ces instruments sont encore très recherchés de nos jours. C’est vraisemblablement lui qui développe en 1791, avec l’aide du corniste virtuose Carl Türrschmidt (1753-1797), une nouvelle forme de cor  « d’invention » dit aussi « cor solo », destiné au répertoire soliste (pourvu de cinq tons de rechange). Lucien Joseph Raoux entretient des relations privilégiées avec les cornistes les plus en vue de l’époque en témoignent les noms inscrits sur les instruments. Après la mort de son père, il s’installe en 1790 rue Serpente. L’activité de l’atelier demeure artisanale.

Son fils, Marcel Auguste Raoux (1795-1871), travaille avec lui vraisemblablement à partir de 1812 et reprend l’entreprise à sa mort. Il obtient le brevet de Facteur d’instruments du Roi et des théâtres royaux. Musicien, il tient l’un des pupitres de cor au Théâtre italien. L’adoption en France vers 1825 des instruments à pistons bouleverse le monde de la facture des instruments à vent. Marcel Auguste réagit en augmentant et diversifiant la production de l’atelier : ophicléides, clairons, bugles, cornets et cors pistons viennent enrichir le catalogue de vente de la rue Serpente. Malgré ses efforts, ses récompenses lors des Expositions de 1839,1844 et 1855, il est contraint de céder les actifs de l’atelier à la maison Labbaye en juin 1857. En 1878, l’atelier est racheté par Millereau qui ferme définitivement l’atelier de la rue Serpente.