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Divertimento Béla Bartók
Carte d’identité de l’œuvre : Divertimento de Béla Bartók |
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Genre | musique pour ensemble instrumental |
Commanditaire | Paul Sacher |
Composition | été 1939 à Gessenay, en Suisse |
Création | le 11 juin 1940 à Bâle, en Suisse, par le Basle Chamber Orchestra, sous la direction de Paul Sacher |
Forme | œuvre en trois mouvements : I. Allegro non troppo II. Molto adagio III. Allegro assai |
Instrumentation | orchestre à cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Bartók écrit le Divertimento pour orchestre à cordes à Gessenay, en Suisse, dans le chalet que loue son ami le chef d’orchestre Paul Sacher, durant l’été 1939. Là, dans ce site magnifique, il compose cette œuvre en quinze jours et écrit à son fils : Je me sens en quelque sorte comme un musicien de l’ancien temps, invité de mon mécène. Car tu sais que je séjourne ici en étant entièrement l’invité des Sacher, qui s’occupent de tout - de loin […]. Ils ont même fait venir de Berne un piano à mon intention […] : je dois travailler. Et justement pour Sacher lui-même : une commande (quelque chose pour orchestre) ; et à cet égard également ma situation ressemble à celle des musiciens du passé. Par chance le travail a bien avancé, j’en suis venu à bout en 15 jours (une pièce d’environ 25 minutes), j’ai justement terminé hier.
L’œuvre est composée dans des conditions matérielles idéales pour le compositeur. Cependant, si Bartók profite de cette chance, il la sait aussi de courte durée, à une époque où le moindre refuge est menacé par le désir d’expansion du pouvoir nazi. À propos de son chalet, ne note-t-il pas au sujet des Sacher : Cette maison ne leur appartient pas, ils la louent depuis les événements de septembre dernier, à toutes fins utiles.
Conscient des périls de la guerre qui monte, il écrit aussi à son fils, dans la même lettre : Cela ne me dit rien que tu veuilles partir pour la Roumanie ; ce n’est pas une bonne idée d’aller, à une époque aussi peu sûre, dans un pays aussi peu sûr.
L’œuvre est créée trois mois avant l’exil de l’artiste aux États-Unis, le 11 juin 1940.
Déroulé de l’œuvre et caractéristiques des thèmes
Le Divertimento repose sur l’organisation du concerto grosso de l’époque baroque, dont s’inspire nettement Bartók, dans un style néo-classiquequi trouve sa source dans les compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles avec une référence au passé peu courante chez lui : un groupe de solistes, appelé « concertino », dialogue avec l’ensemble des cordes, le « ripieno ». Les trois mouvements s’organisent en suivant l’alternance habituelle vif-lent-vif. L’œuvre est construite sur des rythmes de danses populaires et des thèmes d’allure modale.
Le premier mouvement est allegro non troppo. Le thème, joué par les premiers violons, s’installe sur un ostinatorépétition continue d’un rythme, ou d’un thème rythmique martelé dans la nuance forte aux contrebasses, violoncelles et altos.
Le deuxième mouvement est molto adagio et suit la forme ABA. De climat assez tragique, il est construit sur un élément chromatiquec’est-à-dire de demi-ton en demi-ton que l’on entend aux instruments les plus graves, avant que n’apparaisse le thème proprement dit, joué par les violons.
Le troisième mouvement est un rondoforme composée de type refrain-couplets, indiqué allegro assai, qui adopte des rythmes de chants populaires, bien connus de Bartók, dans un tempo enlevé et dansant faisant la part belle au dialogue entre instruments solistes et orchestre. Ce dernier mouvement conclut l’œuvre en contrastant avec le mouvement central à la fois par son tempo et son caractère.
Caractéristique principale | Modes de jeu | |
1er mouvement | Dansant, sur un rythme obstiné | Virtuosité des instruments qui se répondent |
2e mouvement | Climat tragique | Contrebasses, violoncelles, altos, avec sourdines |
3e mouvement | Dansant et « folklorique » | Pizzicatos secs, avec l’archet « sur la toucheplus loin du chevalet que d’habitude, ce qui donne un son plus ténu et flûté » et glissandiglissement continu entre deux notes éloignées |
Auteur : Bruno Guilois