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Adagio pour cordes Samuel Barber
Carte d’identité de l’œuvre : Adagio pour cordes de Samuel Barber |
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Genre | musique pour ensemble instrumental (adaptation du 2e mouvement de son Quatuor à cordes op. 11) |
Composition | en 1938 (1936 pour le Quatuor) |
Création | le 5 novembre 1938 à New York, par l’Orchestre symphonique de la NBC sous la direction de Arturo Toscanini |
Forme | pièce en un seul mouvement |
Instrumentation | orchestre à cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Agnus dei de Samuel Barber | |
Composition | en 1967 |
Instrumentation | arrangement de l’Adagio pour chœur de huit chanteurs |
Contexte de composition et de création
Cet Adagio provient du deuxième mouvement de son Quatuor à cordes en si mineur composé deux ans auparavant (à 28 ans) à Rome ; il en réalise un arrangement pour orchestre à cordes, qui devient l’œuvre la plus populaire de la musique « sérieuse » américaine. De plus, il est devenu l’hymne interprété lors de nombreuses funérailles officiellesIl est joué une première fois lors du décès du président Roosevelt, à qui l’œuvre est dédiée. Elle est aussi jouée, entre autres, lors des funérailles de Kennedy..
Le morceau original pour quatuor à cordes est critiqué au moment de sa composition en raison de sa densitéLes critiques estiment qu’il écrit pour quatre instruments comme s’il écrivait pour un orchestre. : c’est peut-être cela qui incite Barber à en faire une transcription pour orchestre à cordesIl en réalise un autre plus tard pour chœur, l’Agnus dei.. Ayant rencontré Toscanini durant son séjour en Europe, il lui envoie cette partition pour recueillir son avis. Pour toute réponse, l’illustre chef la lui renvoie, sans un mot... Barber en conclut que l’œuvre n’est donc manifestement pas suffisamment bonne. En réalité, Toscanini a déjà mémorisé l’Adagio et s’apprête à le faire interpréter par son orchestreL’Orchestre symphonique de la NBC est créé pour Toscanini en 1937. Ses concerts sont radiodiffusés dans toute l’Amérique. Après 18 ans d’existence sous la baguette du maestro (et d’autres chefs), il se transforme et survit jusqu’en 1963.. La radiodiffusion nationale de la pièce est un succès sans précédent pour une œuvre américaine. De nos jours, on peut cependant regretter que sa célébritéL’œuvre est utilisée au cinéma aussi souvent que Le Beau Danube bleu de Johann Strauss, dans Elephant man, Scarface, Platoon... - justifiée - masque malheureusement les autres œuvres de grande qualité du compositeur.
Description de l’œuvre
Écrit en 1938 (en 1936 pour la version pour quatuor à cordes), cet Adagio aurait pu être composé 70 ans plus tôt, tant son écriture est éloignée de ce qui se fait dans les années 1940. Il possède un caractère méditatif particulièrement pénétrant, proche de certaines musiques religieuses :
- la mélodie très souple ressemble beaucoup aux chants religieux du Moyen Âge (les mélismesmotif mélodique tournant autour de la note principale des chants grégoriens) : ses mouvements sont conjoints et les notes sont d’égales durées ;
- c’est une polyphonie (plusieurs parties évoluant ensemble), dans un style proche de nombreuses musiques religieuses pour chœur, de la Renaissance au XXe siècle ;
- le tempo lent, les rythmes étirés (certaines notes durent 10 temps) contribuent à donner de l’élévation à cette pièce ;
- la répétition du thème principal (alterné avec un second thème) du début à la fin donne l’impression d’une litanie.
Le thème principal est ascendant. Il est écrit à la façon des longs mélismes du Moyen Âge, soutenu par les autres voix en larges accords qui s’enchaînent en glissant. La première phrase revient comme un refrain joué à diverses voix, parfois écourté, parfois conclu différemment. Ses divers mouvements conduisent à un large crescendo qui aboutit au fortissimo de toutes les voix, les violons jouant dans leur registre suraigu. Un large silence et quelques accords suivent, annonçant la reprise du début en sourdine, menant après un dernier mélisme au point d’orguesigne indiquant que la note peut durer autant de temps que le souhaite le chef final.
Auteur : Jean-Marie Lamour