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Le Marteau sans maître Pierre Boulez
Carte d’identité de l’œuvre : Le Marteau sans maître de Pierre Boulez |
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Genre | musique pour ensemble instrumental avec voix |
Texte | poèmes tirés du Marteau sans maître de René Char |
Composition | en 1954, révision en 1957 |
Dédicataire | Hans Rosbaud |
Création | le 18 juin 1855 à l’occasion du festival de la SIMC (Société Internationale pour la Musique Contemporaine) à Bande-Baden, par Sybilla Plate au chant et les solistes de l’Orchestre du Südwestfunk Baden-Baden sous la direction de Hans Rosbaud |
Forme | œuvre en neuf parties : I. Avant « L’Artisanat furieux » II. Commentaire I de « Bourreaux de solitude » III. « L’Artisanat furieux » (avec voix) IV. Comentaire II de « Bourreaux de solitude » V. « Bel Édifice et les pressentiments » - version première (avec voix) VI. « Bourreaux de solitude » (avec voix) VII. Après « L’Artisanat furieux » VIII. Commentaire III de « Bourreaux de solitude » IX. « Bel Édifice et les pressentiments » - double (avec voix) |
Instrumentation | voix soliste : soprano ensemble de six instrumentistes : flûte alto, percussionniste, vibraphone, xylorimba, guitare, alto |
Contexte de composition et de création
Le Marteau sans maître est joué pour la première fois en Allemagne (à Baden-Baden) en 1955, dirigé par son dédicataire, Hans Rosbaud.
C’est une œuvre très célèbre et on ne peut s’empêcher d’y penser chaque fois que l’on cite Pierre Boulez. Son découpage en neuf parties met en relief les trois poèmes de René Char : L’Artisanat furieux, Bourreaux de solitude et Bel Édifice et les pressentiments.
L’accueil du public lors de la première est enthousiaste. En effet, après une période de compositions austères, agressives et exigeantes pour l’auditeur, cette œuvre de Boulez, qui n’a pas encore trente ans, apparaît beaucoup plus abordable par son aspect plus mélodique (la présence de la voix n’y est pas étrangère). De plus, la sonorité d’ensemble fait penser à un orchestre de gamelan balinais du fait d’un assemblage inédit d’instrumentsLes enchaînements entre instruments sont expliqués par le compositeur : voix et flûte s’enchaînent naturellement (souffle humain, pouvoir purement mélodique de l’élocution). Flûte et alto sont liés par la monodie, quand l’alto est joué avec l’archet. Quand il est joué en pizzicato (cordes pincées), il est lié à la guitare. La guitare rejoint le vibraphone (vibration prolongée). Le vibraphone peut être frappé sans résonance : il s’apparente alors au xylophone. La percussion, quant à elle, est en marge., dont un xylorimbavariété de marimba (instrument utilisé en Amérique latine, s’inspirant du balafon africain) utilisé notamment dans la musique de jazz (qui imite le balafon africain), un vibraphone (qui rappelle le gender balinais), une guitare (qui s’apparente au koto japonais). Boulez réalise dans cette œuvre un enrichissement du vocabulaire sonore européen par l’écoute extra-européenne
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Description de l’œuvre
Le Marteau sans maître peut être considéré comme une réponse de Boulez au célèbre compositeur viennois du début XXe siècle, Arnold Schönberg (mort en 1951). 40 ans auparavant, ce dernier avait composé Pierrot lunaire, œuvre écrite pour une voix et ensemble instrumental, constituée de petites pièces dont l’écriture et l’effectif diffèrent à chaque fois, comme dans Le Marteau sans maître.
Les poèmesBoulez rend le parcours de son œuvre plus complexe en entremêlant les pièces correspondant aux trois poèmes, plutôt que de les placer les unes à la suite des autres. Cette préoccupation ne le quittera pas par la suite : l’œuvre « ouverte » - mobile dans son vocabulaire - est une de ses préoccupations majeures. sont empruntés au poète surréaliste René Char1907 – 1988. C’est la troisième fois que Boulez lui emprunte des poèmes.. Boulez cherche à obtenir avec les sons un équivalent des mots et de l’atmosphère surréalistesLe mouvement surréaliste est un mouvement artistique concernant de nombreux artistes célèbres, dont André Breton. Ce dernier en donne une définition dans son Manifeste du surréalisme en 1924 : il le considère comme automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
. Chaque poème est réparti en plusieurs pièces, qui ne comportent pas sustématiquement de partie vocale : ce sont alors aux instruments seuls d’exprimer le contenu du texte.
Focus sur Commentaire I de « Bourreaux de solitude »
Voici le texte du poème de René Char Bourreaux de solitude :
Le pas s’est éloigné, le marcheur s’est tu
Sur le cadran de l’Imitation
Le Balancier lance sa charge de granit réflexe.
Commentaire I de « Bourreaux de solitude » utilise la flûte traversière, le xylorimba, le tambourin, les bongos et l’alto. Il se découpe ainsi :
- un long solo de flûte en notes longues accompagné de façon dense et douce par les autres instruments ;
- une partie rapide au rythme plus marqué, dans laquelle le xylorimba domine ; la flûte en est absente, et seuls subsistent l’alto, le xylorimba et les bongos ;
- une troisième partie courte qui voit réapparaître la flûte avec des rythmes plus vifs qu’au début et une présence plus dense.
Auteur : Jean-Marie Lamour