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L’Arlésienne Georges Bizet
Carte d’identité de l’œuvre : L’Arlésienne de Georges Bizet |
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Genre | musique de scène pour le drame d’Alphonse Daudet |
Commanditaire | Léon Carvalho |
Composition | en 1872 |
Création | le 1er octobre 1872 au Théâtre du Vaudeville, à Paris |
Forme | 27 numéros comportant un prélude, des mélodrames, des chœurs, des entractes et des intermezzos |
Suites pour orchestre | |
Composition | 1872 pour la Suite n° 1 1879 pour la Suite n° 2 (adaptation d’Ernest Guiraud) |
Création | Suite n° 1 : le 10 novembre 1872 au Cirque d’hiver, à Paris, sous la direction de Jules Pasdeloup |
Forme | 2 suites de 4 pièces chacunes. Suite n° 1 : I. Prélude II. Minuetto III. Adagietto IV. Carillon Suite n° 2 : I. Pastorale II. Intermezzo III. Menuet IV. Farandole |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 saxophone alto, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, tambourin cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Sur une commande de Léon Carvalho, Georges Bizet compose la musique de L’Arlésienne pour le drame éponyme en trois actes d’Alphonse Daudet. Créée à Paris le 1er octobre 1872, au Théâtre du Vaudeville, la pièce est un échec, mais la musique est plus appréciée. Bizet retravaille alors plusieurs pièces de la musique de scène qui sont jouées le 10 novembre 1874 au Cirque d’Hiver sous la direction de Jules Pasdeloup1819-1887 – chef d’orchestre français fondateur de l’orchestre connu aujourd’hui sous le nom de l’Orchestre des Concerts Pasdeloup. Cette suite, qui devient la Suite n° 1 – Ernest Guiraud1837-1892 – compositeur et pédagogue français ami de Bizet adapte en effet une seconde suite en 1879, quatre ans après la mort de Bizet – remporte dès sa première audition un très vif succès.
L'argument de la pièce d’Alphonse Daudet
Alphonse Daudet tire sa pièce d’une nouvelle éponyme des Lettres de mon moulin (1869) : un garçon de la campagne tombe amoureux d’une jeune arlésienne aperçue aux arènes. Bien qu’il ne la recroise pas, il pousse ses parents à consentir au mariage, apprend qu’elle a sans doute eu une relation avec un autre homme, renonce au mariage et, pour rassurer ses proches, fait semblant de l’oublier mais finit par se suicider.
Musique de scène et suites pour orchestre
Composée pour un petit orchestre de vingt-six musiciens, la partition de la musique de scène comporte 27 numéros. Plus de la moitié sont de courts mélodrames de quelques mesures, mais les autres numéros comprennent un prélude, six chœurs, des entractes et des intermezzos. Quand Bizet reprend sa partition pour écrire une suite, il développe les effectifs de l’orchestre en ajoutant notamment un instrument encore tout récent, le saxophone. Il conçoit sa suite sur le plan d’une symphonie classique en quatre mouvements et, pour cela, s’éloigne de l’ordre de l’histoire. Ernest Guiraud structure la Suite n° 2 sur le même principe. Pour le troisième mouvement, il utilise un menuet du troisième acte de La Jolie Fille de Perth, un autre opéra de Bizet (créé en 1867).
Correspondance entre les pièces des suites et les numéros de la musique de scène : | |
Suite n° 1 | Suite n° 2 |
Prélude - Allegro Deciso | Pastorale - n° 7 |
Minuetto - n° 17 | Intermezzo - n° 15 |
Adagietto - n° 19 | Menuet - extrait de l’opéra La Jolie Fille de Perth |
Carillon - n° 18 | Farandole - nos 23 et 24 |
Focus sur l’Adagietto
Cette pièce en fa majeur dont la partition peut tenir sur une unique page (34 mesures de musique) accompagnait initialement un tendre dialogue entre le berger Balthazar et Renaude. Tous deux âgés, ils s’avouent enfin leur amour après avoir été séparés toute leur vie. La pièce est exclusivement écrite pour les instruments à cordes au timbre adouci par l’emploi des sourdines. Bizet déploie un émouvant contrepoint où chaque rencontre de notes aiguise la sensibilité. Une musique blessée qui s’élève un court instant pour retomber, lasse et découragée.
(Jean Roycritique musical français né en 1916)
Focus sur la Farandole
Dans cette Farandole, deux thèmes reprenant des musiques traditionnelles de la Provence (où se déroule l’action de la pièce) s’enchaînent, s’interrompent puis se superposent : La Marche des rois, une marcheinitialement une musique militaire reprise pour un chant de Noël, et La Danse du cheval fou.
Le morceau commence avec la marche qui, de la même manière que dans le Prélude, est traitée en canon à deux voix. Sur un ostinato du tambourin, s'ensuit le thème de la danse : il est d'abord exposé à la flûte et à la clarinette, auxquelles viennent successivement s’ajouter le piccolo, le hautbois, puis tout l’orchestre. Ensuite, danse et marche alternent : pour garder l'esprit de la farandole, la marche est reprise dans le tempo plus vif de la danse. Dans le drame d’Alphonse Daudet, un orchestre en coulisse alternait entre l’accompagnement d’un chœur sur scène chantant La Marche des rois et la danse. Enfin, la pièce se conclut avec la superposition des deux airs, la marche étant confiée à la puissance et à la brillance des cuivres, et la farandole s’achève dans un fortissississimoquadruple forte étourdissant.
Auteure : Aurélie Loyer