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Concerto pour piano n° 3 Béla Bartók
Carte d’identité de l’œuvre : Concerto pour piano n° 3 de Béla Bartók |
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Genre | musique concertante |
Composition | été 1945 aux États-Unis |
Dédicatire | Ditta Pásztory |
Création | le 8 février 1946 à Philadelphie, par György Sándor au piano et l’Orchestre de Philadelphie, sous la direction d’Eugene Ormandy |
Forme | concerto en trois mouvements : I. Allegretto II. Adagio religioso III. Allegro vivace |
Instrumentation | piano solo bois : 2 flûtes (dont 1 aussi piccolo), 2 hautbois (dont 1 aussi cor anglais), 2 clarinettes (dont 1 aussi clarinette basse), 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, triangle, tam-tam, tom grave, xylophone cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
La dernière œuvre de Bartók
Ce concerto est composé aux États-Unis pendant l’été 1945. Bartók et son épouse, la pianiste Ditta Pásztory, traversent une période très sombre depuis leur arrivée en Amérique. Atteint d’une leucémie, le compositeur a dû interrompre sa carrière de pianiste et reçoit peu de commandes. Le couple est pratiquement ruiné. Ditta, profondément perturbée par ces difficultés qui s’ajoutent à leur mal du pays, risque elle aussi de ne pas pouvoir poursuivre ses concerts. Les demandes d’œuvres nouvelles commenceront à arriver, suite au succès du Concerto pour orchestre (1943), mais trop tardivement pour être toutes honorées. Bartók travaille simultanément sur deux concertos, l’un pour alto, l’autre pour piano, mais il pressent que sa maladie l’emportera bientôt. Il choisit de consacrer ses dernières forces à ce troisième concerto pour piano, souhaitant en faire cadeau à sa femme. Épaulé par son ami Tibor Serlyaltiste, violoniste et compositeur hongrois (1901-1978) et son fils Peter, il compose jusqu’à ses derniers jours. Il a le temps d’inscrire sur sa partition le mot « fin », laissant juste les dernières mesures vides. C’est Tibor Serly qui achève cette œuvre en l’orchestrant selon les conseils laissés par son ami. Dans ce concerto, Bartók évoque tout ce qui lui était cher - la nature, la musique populaire hongroise - mais rend également hommage à des grands maîtres de la musique.
Déroulé de l’œuvre
Instrument de prédilection de Bartók, le piano est aussi pour lui un lieu d’expérimentations où apparaissent souvent ses innovations d’écritureSon premier chef-d’œuvre au titre éloquent d’Allegro Barbaro (1911), pour piano seul, est typique de son style.. Pour son Concerto pour piano n° 1, qu’il compose en 1926, il choisit une forme classique en trois mouvements vif-lent-vif qui devient celle employée pour les deux concertos suivants et pour la majorité de ses œuvres concertantes. La structure du Concerto n° 3 est particulièrement travaillée, révélant tout le talent d’architecte de son auteur. Par contre, ce concerto se détache des deux précédents par son style et par les qualités techniques que son exécution réclame. Pour la première fois, Bartók compose une œuvre pour piano qu’il ne se destine pas à jouer. Il semble façonner son écriture pour l’adapter au jeu de sa dédicataire, reconnue pour ses talentueuses interprétations des œuvres de Mozart. Bartók abandonne le jeu puissant, percutant et parfois agressif pour un piano plus lumineux, poétique et chantant.
I. Allegretto
Amoureux de la nature, Bartók relève très tôt des chants d’oiseaux évoqués ici par le premier thème. Sur un frémissement des cordes, celui-ci est directement exposé par le piano et installe la clarté et la poésie caractéristique de ce mouvement. Ce chant évoque également, par les contours de sa mélodie, les couleurs de la musique de sa terre natale. Le deuxième thème, avec son esprit scherzandomot italien employé pour caractériser une musique badine et légère, anime avec légèreté l’orchestre et le piano.
II. Adagio religioso
C’est l’unique œuvre pour laquelle Bartók utilise l’indication religioso. Cet Adagio est en trois parties. La partie centrale renoue avec le goût du compositeur pour la « musique nocturne » et rappelle l’esprit du mouvement initial. Elle est encadrée par un choralchant d’église de l’Allemagne protestante, dont les textes sont en allemand et non en latin d’une grande pureté, repris dans deux orchestrations différentes. Bartók rend ici un vibrant hommage à Johann Sebastian Bach. Ce mouvement de forme lied ABA (A : choral - B : « musique nocturne » - A : choral), précédé d’une introduction, dégage une atmosphère de sérénité et de paix.
Allegro vivace
On retrouve dans le refrain de ce rondoforme musicale dans laquelle un refrain alterne avec plusieurs couplets les rythmes syncopés et accentués typiquement hongrois. L’orchestre est plus étoffé, les percussions plus présentes, mais Bartók ne déploie pas pour autant la même intensité que dans ses œuvres antérieures. L’esprit de ce final est plus classique. Bartók se rapproche à sa manière de Mozart, dont les sonates sont les dernières partitions retrouvées sur son piano.
Auteure : Aurélie Loyer