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Concerto pour violoncelle n° 1 Camille Saint-Saëns
Carte d’identité de l’œuvre : Concerto pour violoncelle n° 1 de Camille Saint-Saëns |
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Genre | musique concertante |
Composition | en 1872 |
Dédicataire | Auguste Tolbecque, violoncelliste et créateur du concerto |
Création | le 19 janvier 1873 à la Société des concerts du Conservatoire, à Paris |
Forme | concerto en trois mouvements : I. Allegro non troppo II. Allegro con moto III. Molto allegro |
Instrumentation | violoncelle solo bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Le violoncelle à l’époque romantique
Avant Saint-Saëns, peu de musiciens romantiques ont écrit pour le violoncelle seul. Si Offenbach était connu pour être un virtuose du violoncelle, si Chopin a composé une Sonate pour violoncelle et piano à la fin de sa vie, il faut reconnaître que cet instrument ne rivalisait ni avec le piano, ni avec le violon. Aucun des grands maîtres de la musique romantique, en France ni même en Allemagne, n’a composé de concerto pour cet instrument, excepté Robert Schumann, auteur d’un Concerto pour violoncelle et orchestre en 1850, ou quelques violoncellistes dont les œuvres ont été rapidement oubliées. Lorsque Saint-Saëns écrit son Concerto pour violoncelle n° 1 en 1872Il compose un second concerto pour violoncelle en 1902., il souhaite doter la musique française d’une œuvre réservée à un instrument encore peu employé, dont il exploite toutes les possibilités en faisant souvent appel à la virtuosité de l’interprète. Il veut aussi favoriser le développement de la « musique pure » en France, à côté de la musique qui s’appuie sur des textes littérairespoèmes symphoniques, opéras, drames lyriques, romances et lieder et remettre au goût du jour des formes classiques, comme le concerto ou la symphonie. Ce qui ne veut pas dire qu’elles doivent obéir obligatoirement aux règles d’autrefois. Comme le montre son concerto, Saint-Saëns est aussi un musicien romantique qui veut assouplir les formes anciennes en usant d’une grande fantaisie.
Déroulé de l’œuvre
Le Concerto pour violoncelle n° 1, comme celui de Schumann, comporte diverses parties enchaînées les unes aux autres. Si l’on retrouve le schéma habituel du concerto classique (mouvement rapide – mouvement lent – mouvement rapide), le plan paraît beaucoup plus subtil et original quand on le regarde de près.
Le premier mouvement s’ouvre sur un accord de l’orchestre inroduisant un premier thème, fougueux, emporté, passionné, confié au violoncelle. Repris et développé par la suite, il fait place à un deuxième thème, calme et rêveur, toujours exposé par le violoncelle accompagné des seules cordes. Mais le répit est de courte durée : le premier thème revient et, après une accélération du tempo, apparaît un troisième thème, éclatant et conquérant, joué par tout l’orchestre. Saint-Saëns mêle alors des éléments du troisième et du premier thème, dans un dialogue entre le violoncelle et l’orchestre, avant de réintroduire le second thème, apaisé et contemplatif. La forme sonate traditionnelleexposition-développement-réexposition est donc rompue puisqu’il n’y pas de réexposition.
Une courte transition amène le deuxième mouvement. Il s’agit d’un menuet, une de ces anciennes danses de cour qu’apprécie beaucoup Saint-Saëns. Le caractère de ce mouvement central est bien différent du précédent : les cordes, avec sourdines, accompagnent sur la pointe des pieds le chant simple et noble du violoncelle. Puis les bois entrent dans la danse, et accompagnent l’instrument soliste. Mais le climat s’assombrit à la fin de ce mouvement, c’est le retour du drame.
Le troisième mouvement du concerto est une vaste récapitulation, constituée de plusieurs thèmes qui s’entrecroisent avec une grande liberté et un grand naturel. On y entend le premier thème de l’œuvre, avec ses accents passionnés et fiévreux, puis deux nouveaux thèmes : l’un chantant et mélancolique au rythme syncopé, exposé au violoncelle, et l’autre avec son rythme pointé vigoureux, puissant et tumultueux, joué à l’orchestre. Saint-Saëns les développe comme il se doit, avant qu’un ultime rappel du premier mouvement n’intervienne dans les dernières pages de l’œuvre. C’est un dernier sursaut d’inquiétude avant l’apothéose finale, en la majeur, qui dissipe enfin les nuages planant sur tout le mouvement. Le trait final du violoncelle, qui s’achève dans le registre aigu, marque la victoire de l’optimisme et de la vie, selon une formule habituelle à l’époque romantique.
Auteur : Christophe Corbier