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Musique de table Georg Philipp Telemann
Carte d’identité de l’œuvre : Musique de table de Georg Philipp Telemann |
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Genre | musique pour ensemble instrumental |
Publication | en 1733 à Hambourg |
Forme | série de trois recueils, chacun étant constitué d’une ouverture (suite de danses), suivie d’un quatuor, d’un concerto, d’une sonate en trio, d’une sonate en solo et d’une conclusion |
Instrumentation | variée selon les recueils |
La musique de table
Au XVIe siècle, avant Telemann, la musique de table (ou Tafelmusik ou Musik zur Tafel) peut avoir deux significations : ce peut être soit une musique jouée à un banquet, soit un recueil de musiques diverses (instrumentales ou vocales). Progressivement, elle va perdre sa relation avec le banquet et devenir un genre musical importantaussi important que la musique de chambre ou l’opéra au XVIIIe siècle à part entière.
Contexte de composition
Les trois recueils de Musique de table de Telemann sont précisément davantage des recueils de musiques diverses (anthologies) que des morceaux destinés à accompagner les repas. Ils réunissent un large panorama de ce qui se fait après 1750 : divers instruments, diverses formations, diverses influences (française, italienne). Ils peuvent être joués par les amateurs car ils ne présentent pas de difficulté de jeu particulière. C’est l’un des ensembles de partitions les plus monumentaux de la fin du baroque, comparable aux Concertos brandebourgeois ou aux Suites d’orchestre de Bach.
Édités en 1733, les trois recueils font l’objet d’une vaste opération publicitaireAvec les moyens de l’époque : Telemann incite ses amis, comme ce marchand de Riga, à annoncer la bonne nouvelle dans leur région.. Plus de 200 souscriptions parviennent au maître de Hambourg, qui réunit par ce seul moyen la somme de 1600 thalersle double de ce que gagne Bach en un an à cette époque. L’immense réputation du compositeur peut se vérifier à cette occasion : un quart des demandes provient de l’étranger, de la Norvège à l’Espagne et l’Italie, de la France à la Hollande et aux pays baltes. Rappelons que Telemann se retrouve seul à élever ses enfants après le départ de sa femme, et que les revenus considérables qu’il tire de l’édition lui sont précieuxIl écrit en vers à l’un de ses amis : La publication de ma musique aide à dissiper mon inquiétude au sujet des nombreux Thaler que je dépense pour élever mes enfants ; c’est mon champ et ma charrue, c’est ce qui me fait vivre ; ça me suffit.
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Focus sur la Réjouissance du premier recueil
Chacun des trois cahiers des Tafelmusik commence par une suite orchestrale (ensemble de morceaux de caractère varié, utilisant l’effectif le plus important du recueil), suivie d’un quatuor, un concerto, un trio, une sonate pour soliste, et une conclusion reprenant l’effectif du début.
Le premier recueil des Tafelmusik est écrit pour deux flûtes (un instrument que Telemann affectionne particulièrement) et cordes. La suite dont est extrait le morceau Réjouissance est composée dans le style françaisLe frontispice du recueil est d’ailleurs rédigé en français, ce qui montre le rayonnement de ce pays à l’époque (sur un pied d’égalité avec l’Italie)., constituée de danses telles que le passepied, la loure... La pièce Réjouissance est pour deux flûtes, cordes et basse continuel’accompagnement typique de l’époque baroque, constitué d’un instrument à archet grave (violoncelle ou viole de gambe) et d’un clavier (orgue « positif » ou clavecin). Ce morceau vif et entraînant, en mi mineur, présente une forme parfaitement symétrique :
- A : tous les instruments jouent en bloc avec entrain et force. L’impression très vive du morceau est donnée par le tempo rapide, mais aussi par le rythme particulierCe type de rythme, brève-brève-longue, est appelé « anapeste » dans la rythmique grecque qui, la première, avait codifié les multiples façons de juxtaposer les sons, en poésie comme en musique. On se réfère jusqu’à aujourd’hui à ces dénominations servant de motif principal., particulièrement incisif ;
- B : le passage central est écrit en dialogue, sur un rythme plus posé. Les deux flûtes traversières alternent avec les deux violons ;
- A : le début est repris intégralement.
Auteur : Jean-Marie Lamour