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Symphonie en ré majeur Carl Philipp Emanuel Bach
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie en ré majeur de Carl Philipp Emanuel Bach |
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Genre | musique pour ensemble instrumental |
Composition | en 1775 à Hambourg |
Forme | symphonie en trois mouvements : I. Allegro di molto II. Largo III. Presto |
Instrumentation | douze instruments obligés : bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 1 basson cuivres : 2 cors cordes : 2 violons, 1 alto, 1 violoncelle basse continue : 1 clavecin, 1 violonesorte de contrebasse de l’époque |
Contexte de composition
Cette symphonie pleine de jeunesse est l’œuvre d’un homme âgé pour l’époque : Carl Philipp Emanuel a plus de 60 ans et a quitté la cour du roi de Prusse Frederic II depuis huit ans pour s’établir à Hambourg.
Les quatre symphonies regroupées sous l’opus Wq 183, auquel appartient donc la Symphonie en ré majeur, sont imprimées à Leipzigle plus grand centre d’édition musicale d’Allemagne de l’époque en 1780 sous le titre de « Symphonies pour orchestre avec douze instruments obligés ». Elles sont dédiées au futur roi de Prusse Frederic GuillaumeIl accède au trône en 1786. C’est un mélomane qui s’intéresse beaucoup aux arts en général. Son orchestre a une grande réputation à l’échelle européenne, et il fait bénéficier de grands compositeurs (Beethoven, Mozart, Carl Philipp Emanuel) de son soutien..
À cette époque, le maître de la symphonie est Joseph Haydn (né 18 ans après Carl Philipp Emanuel) : il en a déjà composé une soixantaine et, comme l’avait fait Vivaldi pour le concerto au début du siècle, en a défini la forme en quatre mouvements. Carl Philipp Emmanuel en retient ce qui lui plaît : il adopte la forme-sonate à deux thèmes contrastés pour le premier mouvement, mais conservent une forme générale de la symphonie en seulement trois mouvements.
Déroulé de l’œuvre
I. Allegro di molto
Le premier thème, en ré majeur, est à la fois raffiné et empli d’une vie intense. L’utilisation bien dosée des syncopesnote commençant sur la seconde partie du temps et se terminant sur la seconde partie du temps suivant rompt l’éventuelle impression de monotonie au profit d’une accélération maîtrisée du rythme. Ce thème est suivi par un saisissant effet de contraste d’un deuxième thème en mi majeur confié aux seuls bois, très léger et chantant. Après un développement assez sommaire, la réexposition fait à nouveau entendre les deux thèmes, le deuxième cette fois dans la même tonalité que le premier (ré majeur). L’écriture des vents (bois et cors) est assez innovante pour l’époque, proche de celles à venir de Haydn et Mozart. La codapassage conclusif de ce mouvement est surprenante. Elle fait entendre un passage doux (pianissimo) et lent aux cordes seules, donnant un sentiment d’attente et se terminant de manière inattendueLes tonalités de début et de fin d’un mouvement sont presque toujours les mêmes. sur un accord de mi bémol majeur.
II. Largo
La tonalité de mi bémol majeur de ce mouvement lent, annoncée dès la fin du mouvement précédent, étonne d’emblée par son éloignement du ton principal de la symphonie (ré majeur) entendu dans l’Allegro. La particularité du mouvement réside dans son atmosphère d'une extrême sensibilitéCarl Philipp Emanuel est l’un des maîtres de ce style appelé « Empfindsamkeit » - intensification de l’expression des sentiments -, courant littéraire qui s’applique aussi à la musique., rendue par la sonorité des flûtesLes flûtes traversières de l’époque, d’une puissance moindre que celle des flûtes modernes en métal, peuvent avoir une sonorité très délicate et exprimer des inflexions très fines..
III. Presto
Le rythme à trois temps vif de ce mouvement trahit une influence italienne. Ce Presto, de retour dans la tonalité de ré majeur, déroule une guirlande de doubles croches insaisissables, entrecoupée de courts passages interrogateurs et mystérieux. Il adopte la forme A (repris)/ B (repris)/ coda.
Auteur : Jean-Marie Lamour