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L’opéra chinois
Ce terme peut être un peu trompeur tant dans la Chine traditionnelle, opéra et théâtre se confondaient. À l’origine, les représentations d’opéra étaient données dans la cour des temples. C’est un mode d’expression complet où se croisent l’art des conteurs, la danse, l’acrobatie, et bien sûr le chant et la musique. Autrefois, comme beaucoup de Chinois étaient analphabètes, l’opéra permettait de transmettre oralement l’histoire chinoise. Comme l’affirme un dicton, découvrir l’opéra permet de « se faire une idée de la panthère à travers un de ses poils » !
À force de travail acharné, chaque protagoniste – à la fois acteur, danseur, chanteur et acrobate – déploie un jeu d’une incroyable perfection. La formation est très difficile : les enfants, choisis pour leurs qualités physiques et vocales, commencent souvent l’entraînement dans des écoles spéciales à partir de huit ans, à raison de huit heures par jour. On dit souvent que pour apparaître dix secondes sur scène, il faut dix années de répétition dans les coulisses. Le public chinois est très exigeant : il attend les moments périlleux pour critiquer ou apprécier en commentant bruyamment.
Les rôles des comédiens sont divisés en quatre groupes : sheng, dan, jing et chouà prononcer « tchau ».
- Les sheng sont des rôles d’homme où l’on distingue les vieillards, les jeunes premiers et les guerriers.
- Les dan sont des rôles féminins, autrefois joués par des hommes. On différencie les femmes vertueuses, les coquettes, les intrépides (qui peuvent donner de bons coups de pied !) et les vieilles femmes.
- Les jing, dont le nom signifie « visage peint », sont très impressionnants : ce sont des personnages qui peuvent être des bandits, des généraux ou encore des juges, dont le caractère est peint sur le visage
- Les chou sont les clowns : ils peuvent aussi bien être bons et intelligents que méchants ou sots.
Traditionnellement, il n’y a pas de décor sur scène : les maquillages et les costumes suffisent et jouent un rôle très important. La peinture du visage a remplacé les masques et met en évidence le caractère des personnages. On utilise surtout de la poudre blanche, du fard rouge et du noir. Le rouge correspond par exemple à la loyauté et à la raison, c’est la couleur des héros, alors que le blanc est signe de ruse, de caractère complexe. Pour les jing, on utilise aussi d’autres couleurs.
Les costumes sont brodés et colorés. On y ajoute de longues manches blanches flottantes avec lesquelles l’acteur joue, par exemple pour indiquer aux musiciens qu’il va commencer à chanter. Le mime est très important. Le jeu des yeux, du visage, les mouvements des bras, la démarche, la manière d’entrer sur scène, la manière de rire, sont codifiés d’une manière très précise.
En Occident, à chaque opéra correspond une musique qui a été écrite spécialement par un compositeur. En Chine, la musique diffère, mais seulement selon les époques ou les régions. Il y a des airs-types qui peuvent servir dans des opéras différents, que l’on combine et que l’on adapte pour chaque nouveau spectacle. Les musiciens sont au service des acteurs qu’ils doivent suivre, le plus difficile étant d’accompagner les numéros de combat et d’acrobatie. Les percussions sont très importantes et le jeu du maître-tambour coordonne tous ceux qui sont sur scène.
À partir de 1900 s’est constitué l’opéra de Pékin, plus rapide et plus spectaculaire, qui va devenir l’opéra national. Un des acteurs les plus connus, Mei Lanfang, a fasciné Charlie Chaplin. Actuellement en Chine, l’opéra de Pékin n’est plus aussi populaire, et il est désormais assez difficile pour les acteurs de vivre de leur métier. À Taïwan, on essaie à la fois de préserver cet art et d’ajouter de nouvelles pièces au répertoire. C’est ainsi que fut fondée la troupe nationale d’opéra guoguang.
Les instruments chinois
Les instruments anciens
Les instruments de musique chinois remontent à une époque très reculée. Les fouilles archéologiques ont mis à jour dans des tombes des instruments très bien conservés, qui nous renseignent sur la musique dans la Chine ancienne. Ainsi, un grand carillonappelé bianzhong de 65 cloches de bronze, pesant plus de 2500 kg et datant du Ve siècle avant J.-C. a été exhumé.
Les instruments étaient classés selon leur matériau de construction :
- minéral : en pierre (le phonoliteCet ensemble de pierres sonores très ancien est ensuite tombé dans l’oubli. ou lithophone), en métal (les cloches) ou en terre cuite (la flûte xunC’est une flûte globulaire dont l’origine remonterait à plus de 7000 ans, proche de l’ocarina, percé de neuf trous.) ;
- végétal : en bois (le muyuC’est un bloc de bois évidé et fendu, frappé avec une baguette, très utilisé dans les cérémonies religieuses. ou « poisson de bois »), en bambou (les flûtes) ou en calebasseLa calebasse, ou gourde, est le fruit d’un arbre que l’on retrouve dans de nombreux pays. Séché et évidé, il sert à faire des instruments de cuisine ou de musique. (l’orgue à bouche shengC’est un instrument à vent à anche libre, également très ancien, qui a inspiré l’invention de l’harmonica puis de l’accordéon. Il était composé d’un réservoir en calebasse et de tuyaux en bambou sur lesquels était fixée une anche également en bambou. L’instrument moderne a plutôt recours à un réservoir en métal et à des tubes en bois.) ;
- animal : en soie (la cithare guqinCet instrument, très important dans la culture chinoise, comprend sept cordes, jadis en soie, tendues sur une planche de bois. Il était joué souvent en solitaire par les lettrés, qui pratiquaient aussi l’art de la poésie, de la peinture et de la calligraphie. ou « instrument à cordes ancien ») ou en peau (la plupart des tambours).
Les instruments utilisés dans l’opéra
En général, c’est un petit ensemble de six ou sept musiciens, disposés sur un côté de la scène et dirigés par le maître-tambour, qui accompagne le spectacle.
Les percussions (tamboursgu en chinois, claquettes, gongsluo en chinois et cymbales), en accompagnant les mouvements des acteurs sur scène, y jouent un rôle très important. Le banguà prononcer « panne gou » ou « tambour plat », un petit tambour avec une peau tendue fixée sur un corps en bois par des clous, est frappé avec des baguettes fines et donne un son aigu et sec : il sert entre autres à garder le tempo. Il est souvent associé aux claquettes paiban, constituées de deux plaquettes en bois reliées par une ficelle.
Un autre instrument en bois, le woodblockbloc de bois fendu, peut aussi intervenir : il est un peu plus grave et résonnant. Les gongs en métal sont suspendus et sont nommés selon leur taille. Il en est un très particulier et très reconnaissable, le jingluo, qui, quand il est frappé, produit une sonorité qui « glisse » vers le haut. Il est très utilisé dans l'opéra de Pékin, en particulier pour les scènes de combat.
Les cymbales, renflées au milieu, se jouent par paires. En les entrechoquant de différentes manières, on arrive à produire diverses sonorités.
À côté des percussions, on trouve aussi des instruments à cordes ou à vent, dont le rôle est de suivre la mélodie des chanteurs. Les vièleshu en chinois, à prononcer « rou » à deux cordes, jouées avec un archet, ont le rôle le plus important. Venues d’Asie centrale, elles ont une caisse de résonance faite en général en bois, recouverte d’une peau de serpent. Les deux principales vièles sont le jinghu et l’erhu. On trouve aussi des luths, instruments à cordes pincées avec un manche, joués avec un plectre. Le plus remarquable par son aspect est le yueqin, en forme de lune. À ses côtés, il y a souvent le sanxianluth à trois cordes.
Au niveau des instruments à vent, on peut rencontrer des flûtes traversières en bambou ou des hautbois.
Auteure : Marie-Hélène Bernard