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La musique au Sénégal
Le griot : musicien du Sénégal
L’origine du nom « griot » (« gewel » en wolof) reste méconnue : si le terme de « guiriot » est présent dès le XVIIe siècle dans les ouvrages français traitant de l’Afrique, on pense que le mot pourrait tirer sa racine du portugais « criado ».
Les griots sont des poètes musiciens dépositaires de la tradition orale. Ils jouissent d’un statut social particulier et suscitent tout à la fois la crainte, le mépris et l’admiration. Ils forment des familles qui bénéficient aujourd’hui encore d’un grand prestige. Leur rôle est primordial dans l’animation des fêtes et dans la célébration des cérémonies de la communauté, qui se rassemble autour de leurs chants et de leurs rythmes.
Les instruments de musique
Chez les Wolofs, les griots se servent d’un ensemble de tambours appelé sabar, ainsi que d’autres instruments et, bien sûr, de leur voix. Leur apprentissage se fait oralement et la tradition est transmise de génération à génération par le père ou l’oncle paternel. Les femmes griottes chantent en frappant des mains (tàccu), tout en s’accompagnant d’un instrument qui leur est propre : la calebasse leket.
Les griots occupent une place essentielle dans les cérémonies wolofs. Du temps de la royauté, ils chantaient les louanges du roi, de la reine et de leur famille respective, en s’accompagnant au luth xalam. Ils exhortaient les hommes à la guerre en jouant du tambour à tension variable tama, et en exécutant des chants d’encouragement.
Ces répertoires tombent désormais en désuétude et, par conséquent, sont condamnés à disparaître. De nos jours, le musicien professionnel évolue aussi bien dans un contexte musical traditionnel que moderne. Sa présence est ainsi requise pour chaque grande circonstance de la vie (naissance, mariage…), mais il peut également intégrer des orchestres africains et des formations occidentales de musique de variété, ou encore accompagner de ses chants les événements politiques du pays. Aujourd’hui, les Faye et les Rose sont les deux grandes familles de griots du Sénégal. Ces musiciens professionnels, réputés pour leur talent, vivent entre tradition et modernité.
La musique urbaine
Au Sénégal, la diffusion de la musique moderne a coïncidé avec l’indépendance du pays, en 1960. Depuis lors, une large commercialisation de la musique cubaine a favorisé la formation de groupes de salsa ou de rumba. Parmi ceux-ci, les groupes Africando ou l’Orchestre Baobab sont aujourd’hui les plus connus dans l’ensemble du continent africain et en Europe. Dans les années 1960, est apparu au Sénégal ce que l’on a appelé la « musique sénégalaise », qui renvoie à deux genres musicaux : le mballax (« accompagnement rythmique » en langue wolof) et le yelaa. Le mballax est né d’une rencontre de rythmes et d’instruments musicaux traditionnels wolofs et occidentaux. Le représentant le plus connu en est Youssou N’Dour. Au cours de sa carrière, il a collaboré avec des musiciens occidentaux comme Peter Gabriel ou Pascal Obispo. Dans le mballax, on retrouve certains rythmes traditionnels adaptés, ainsi que des rythmes inventés. Le yelaa, représenté par le chanteur Baaba Maal, est né d’un mélange de musique traditionnelle peul et occidentale ; chant traditionnel associé à la danse, il relate l’histoire du peuple peul du Fouta Toro.
Auteure : Luciana Penna-Diaw