Accueil / Boîtes à outils / Time Travelling / La musique vocale à la renaissance
Page découverte
Contexte
La Renaissancepériode comprise entre le milieu du XVe siècle et la fin du XVIe siècle siècle est une période riche en changements. L’homme prend conscience de l'être humain en tant qu'individu et le place au centre de ses préoccupations. Les découvertes dans les domaines de la science et de la technique sont nombreuses. L'invention de l’imprimerie, l'une des plus grandes innovations de l'époque, permet dès lors une large diffusion de la musique et une plus grande précision dans sa transmission. Il existe plusieurs foyers de création musicale, principalement situés en France et en Italie, mais l'école franco-flamande est sans doute celle qui s'impose le plus et rayonne au-delà des frontières. C'est là que se développe la polyphonieLorsque plusieurs voix chantent en même temps une musique différente, on parle de polyphonie. Le terme vient du grec « poly » qui veut dire « plusieurs », et « phon » signifiant « son ». La polyphonie s'oppose à l'unisson, où tout le monde chante la même chose., évoluant de manière continue au fil des générations de compositeurs.
Caractéristiques
Musique vocale religieuse
À la Renaissance, le motet et la messe sont les principaux genres de la musique vocale sacrée. Dans les œuvres des compositeurs issus des premières générations (Dufay, Ockeghem), l'écriture à 4 voix devient la norme avec un cantus firmusune mélodie de départ servant de base à la composition, issue de la musique profane ou religieuse au ténor. Progressivement, l'écriture se fait plus dense : à 5 voire 6 voix, avec un cantus firmus distribué à toutes les voix et l'utilisation de la technique d’imitationDans l'écriture en imitation, les voix entrent sur le même motif musical, mais successivement et de manière rapprochée., la polyphonie s'amplifie et pert de sa clarté. Les compositions de Josquin Desprez puis de Nicolas Gombert et d'Adrien Willaert illustrent cette tendance. La polyphonie atteint son apogée avec Roland de Lassus.
Vers le milieu du XVIe siècle, le Concile de TrenteLe Concile de Trente est une grande réunion de l'Église catholique, s'étalant de 1545 à 1563. Elle est convoquée en réaction à la Réforme protestante, un mouvement conduit par Martin Luther et qui souhaite le renouvellement radical des doctrines religieuses. critique fortement l’écriture en imitation qui empêche la compréhension du texte. On réprouve également l’utilisation de cantus firmus issus de la musique profane. Le compositeur Palestrina réussit à concilier la complexité du contrepoint avec les exigences du Concile de Trente : il évite l’utilisation de sons dissonants, n'a plus recours aux cantus firmus profanes et tente de simplifier l’écriture musicale afin que le texte soit parfaitement compréhensible.
À Venise, Adrian Willaert développe la technique de la polychoralité (coro spezzato) : maître de chapelle à la basilique Saint Marc, où deux tribunes se font face, il fait chanter deux chœurs à 4 voix ensemble, en imitation ou en réponse. Son écriture est très moderne, avec beaucoup de chromatismesprogression de la mélodie par demi-ton et de passages homorythmiquesDans une écriture en homorythmie, toutes les voix chantent ensemble sur le même rythme..
En Allemagne, Luther fait traduire la bible en allemandJusqu’ici, tout était chanté en latin. afin que le peuple comprenne le sens du texte. Il est à l'origine du choral : une musique simple, homorythmique et syllabique, chantée en langue dite « vulgaire » (celle du peuple, au contraire de la langue « savante » qu'est le latin).
En Angleterre, le « schisme anglican »L'Église d'Angleterre rompt avec l'autorité du pape et de l'Église catholique romaine. sous le règne d’Henri VIIIroi de 1509 à 1547 bouleverse la musique religieuse : à côté des habituelles messes en latin, la nouvelle Église d'Angleterre se dote d'un répertoire spécifique en langue anglaise (comme les anthems) destiné aux offices anglicans. Thomas Tallis, compositeur actif sous le règne de quatre souverainsHenri VIII, Edouard VI, Marie Tudor et Elisabeth Ire différents, est le reflet, à travers l'évolution de son écriture, des bouleversements politiques et religieux de l'époque.
Musique vocale profane
La musique vocale profane s'épanouit tout autant que la musique sacrée, à travers différents genres de chansons polyphoniques reposant sur des textes en langue vulgaire plutôt qu'en latin.
En Italie, la frottola est une chanson populaire de style badin et léger qui se développe à la fin du XVe siècle. À 4 voix, elle est d'abord homophonique puis adopte une écriture plus polyphonique. En parallèle naît le madrigal (vers 1530), un genre plus raffiné que la frottole, chanté sur la poésie italienne. D'abord à 4 voix, puis à 5 voire 6, son écriture est tantôt en imitation, tantôt dans un style plus harmonique. La recherche d'une grande expressivité incite les compositeurs à multiplier les effets musicaux figurant ce que dit le texte. On parle d'ailleurs de « madrigalismes » pour désigner ces effets. Le genre est illustré par Cyprien de Rore, Roland de Lassus, puis Luca Marenzio, Carlo Gesualdo et Claudio Monteverdi.
En France, Claude Le Jeune, Clément Janequin ou Claudin de Sermisy écrivent aussi dans un style de chanson : la chanson française parfois appelée « chanson bourguignonne », qui se rapproche de la frottola italienne. Vers 1530, la chanson parisienne se développe, influencée par le madrigal : surtout rythmique, syllabique, avec des vocalises très courtes, l'écriture utilise la technique de l'imitation et cherche à traduire le sens du texte par des effets descriptifs comme des onomatopées. Le Chant des oiseaux ou La Bataille de Marignan de Clément Janequin sont deux exemples caractéristiques de chanson parisienne.
En Angleterre, le règne d'Elisabeth Irede 1558 à 1603 est propice à l'essor de la poésie (celle de Shakespeare notamment) et de la musique vocale profane. Le madrigal anglais se développe sous la plume des compositeurs tels que Thomas Morley et William Byrd, tandis que John Dowland se spécialise dans les ayres, des airs accompagnés au luth.
Auteure : Bérénice Blackstone