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Ottorino Respighi (1879-1936)
Une enfance bolognaise
Ottorino Respighi voit le jour le 9 juillet 1879 à Bologne en Italie. C’est son père, professeur de piano, qui lui donne ses premières leçons de piano et de violon. Se révélant doué pour le violon, il en poursuit l’étude au lycée musical de Bologne tout en travaillant l’alto. Ottorino entame l’apprentissage de la composition avec Giuseppe Martucci, professeur renommé. À cette époque, il manifeste un intérêt pour la musique de la Renaissance italienne. Après avoir obtenu son diplôme de violon à vingt ans, Respighi se rend en Russie durant une année où il est nommé premier alto de l’Orchestre impérial de Saint-Pétersbourg. Il en profite pour suivre des cours d’orchestration pendant cinq mois avec le célèbre Rimski-Korsakov. Lors d’un passage à Berlin, il reçoit des conseils du compositeur Max Bruch mais ne suivra pas son enseignement.
Interprète et compositeur
Dès son retour de Russie, le jeune homme obtient son diplôme en composition. Respighi continue ses activités d’interprète et joue principalement en tant qu’altiste avec le Quintette Mugellini. À partir de 1908, il décide de consacrer plus de temps à la composition et mène de front une double carrière. Ses premières compositions attirent l’attention. En 1913, il devient même professeur de composition au conservatoire Sainte-Cécile de Rome. C’est dans la capitale italienne qu’il passera le reste de sa vie. Il devient directeur de l’établissement dix ans plus tard. À l’âge de 40 ans, il épouse une de ses anciennes élèves, la chanteuse Elsa Olivieri Sangiacomo, qui interprète ses œuvres.
Un compositeur romantique tardif
Le compositeur s’intéresse de près à la musique pour orchestre. Composé en 1924, le poème symphonique Pini di Roma (Les Pins de Rome) s’inscrit dans une série de trois œuvres en rapport avec la ville de Rome avec Fontane di Roma (Les Fontaines de Rome) en 1916 et Feste romane (Fêtes romaines) en 1928. La musique instrumentale de Respighi déploie de grandes fresques symphoniques à l’orchestration voluptueuse et dense. Le compositeur poursuit la tradition des compositeurs romantiques de la fin du XIXe siècle, notamment de Richard Strauss ou de Rimski-Korsakov. À la suite de ses succès, sa renommée commence à dépasser les frontières. Le compositeur italien entreprend de nombreux voyages qui le fascinent et influencent ses compositions. C’est ainsi qu’après un séjour au Brésil, il écrit une suite de trois Impressioni brasiliane (Impressions brésiliennes) exécutées à Rio de Janeiro en 1928.
Chef d’orchestre et musicologue
Ottorino Respighi donne des concerts partout dans le monde en tant que chef d’orchestre et fréquente les plus grands musiciens du moment : les chefs Toscanini et Mengelberg, les pianistes Horowitz, Gieseking et Wanda Landowska, ou encore les compositeurs Ravel, Saint-Saëns, Stravinski, Schönberg, Puccini, et Strauss. En tant que musicologue, Respighi s’intéresse de près à la musique italienne des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Il a notamment publié des éditions des œuvres de Claudio Monteverdi et d’Antonio Vivaldi. Son travail de musicologue portant sur la musique ancienne influence beaucoup ses compositions comme ses trois suites Danses et Airs anciens ou encore la suite Gli Uccelli (Les Oiseaux) qui emprunte ses thèmes à des pièces pour clavecin. Respighi continue à composer et à voyager régulièrement jusqu’en janvier 1936, où il devient de plus en plus malade. Il abandonne la musique symphonique pour se tourner vers la composition d’opéras au caractère philosophique : Belfagor en 1923, La Campana sommersa (La Cloche engloutie) en 1927, Maria Egiziaca (Marie l’Égyptienne) en 1932 et La Fiamma (La Flamme) en 1934, qui rencontrent un franc succès à l’étranger. Il meurt à l’âge de 56 ans. Un an après son enterrement, ses restes sont déplacés à Bologne, sa ville natale.
Un acteur dans la Renaissance de la musique italienne
Esprit ouvert à toutes les influences, Respighi appartient à une génération de musiciens italiens qui tentent de renouer avec les anciennes traditions musicales d’Italie. Dans ce qu’on a appelé la « renaissance de la musique italienne », Respighi occupe une place importante. Sa conception artistique s’appuie sur une recherche d’authenticité basée sur un travail rigoureux et sur la fidélité aux formes existantes, notamment le poème symphonique. On lui doit – parmi de nombreuses œuvres – Vetrate di Chiesa (Vitraux d’église) ou Trittico botticelliano (Triptyque botticellien) pour orchestre, neuf opéras, trois ballets dont La Boutique fantasque d’après Rossini, des concertos (Concerto gregorien pour violon et Concerto mixolydien pour piano), de la musique de chambre, de nombreuses mélodies avec piano ou orchestre ainsi que des adaptations d’œuvres italiennes classiques.
L’essentiel
- Respighi est un excellent violoniste puis, plus tard, chef d’orchestre. Il mène longtemps une double activité d’interprète et de compositeur.
- Lors d’un séjour en Russie, il suit des cours d’orchestration avec Rimski-Korsakov, un des plus grands maîtres dans cet art.
- Il devient professeur de composition au conservatoire Sainte-Cécile de Rome puis directeur de l’établissement quelques temps après.
- Les trois poèmes symphoniques Pini di Roma, Fontane di Roma et Feste Romane figurent parmi ses œuvres les plus célèbres.
- Grand orchestrateur, ses œuvres se situent dans la tradition symphonique romantique.
- À la fin de sa vie, il délaisse l’orchestre pour se consacrer essentiellement à l’opéra.
Auteur : Jean-Marc Goossens