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Les Indes galantes Jean-Philippe Rameau
Carte d’identité de l’œuvre : Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau |
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Genre | opéra : opéra-ballet |
Librettiste | Louis Fuzelier |
Langue du livret | français |
Composition | en 1735, ajout de la quatrième entrée en 1736 |
Création | le 23 août 1735 (sans la quatrième entrée) à l’Académie royale de musique de Paris (puis le 10 mars 1736 avec la quatrième entrée) |
Forme | œuvre en un Prologue et quatre entrées : Première entrée : Le Turc généreux Deuxième entrée : Les Incas du Pérou Troisième entrée : Les Fleurs ou La Fête persane Quatrième entrée : Les Sauvages |
Instrumentation | ensemble instrumental variable selon les choix d’interprétation, mais comprenant généralement :
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Un opéra-ballet
Avec Les Indes galantes, Jean-Philippe Rameau et le librettiste Louis Fuzelierauteur dramatique et poète français, 1672-1752 offrent l’exemple par excellence d’un opéra-ballet. Ce genre privilégie la danse et la musique instrumentale sur le chant. À sa création en 1735, il comporte un prologue et trois entrées« Entrée » est le nom donné à chaque partie, à chaque « acte » en quelque sorte.. La quatrième - la plus connue - est ajoutée l’année suivante. Les entrées sont en fait quatre courts drames indépendants, chacun se situant dans des IndesLe terme « Indes » est alors autant employé pour l’Inde que pour l’Amérique. différentes. Le livret est prétexte à des scénographies grandioses, et la musique est remarquable. L’œuvre reçoit un très bon accueil et demeure à l’affiche de l’Opéra de Paris 25 ans après sa création pour 185 représentations !
À propos de l’instrumentation
On ne peut pas donner pour cette œuvre une instrumentation qui serait absolue. L’une des raisons est que les instruments ont évolué depuis le début du XVIIIe siècle et que l’œuvre peut être interprétée sur instruments « modernes » ou instruments « d’époque ». De plus, Rameau, comme d’autres compositeurs à cette époque, n’est pas tant attaché au timbrecouleur sonore propre à chaque instrument des instruments qu’à leur « fonction » (instrument aigu, grave, d’extérieur, etc.). Il précise d’ailleurs à un éditeur que des pages y sont même ordonnées en pièces de clavecin, sans que cela puisse empêcher de les jouer sur d’autres instruments, puisqu’il n’y a qu’à y prendre toujours les plus hautes notes pour le dessus et les plus basses pour la basse
.
L’argument
Prologue
Dans sa préface pour les Indes galantes, Fuzelier déclare vouloir essayer de divertir [le public] sans le secours des Dieux et des Enchanteurs
. Contrairement aux tragédies lyriques où divinités et merveilleux mythologique sont des éléments fondamentaux, Les Indes galantes ne fait pas appel au pouvoir des dieux. Seul le traditionnel Prologue échappe à cette affirmation.
Hébé, déesse de la Jeunesse, invite aux plaisirs de l’Amour des jeunes gens de quatre nations (France, Espagne, Italie et Pologneen l’honneur de la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, d’origine polonaise). Exhortés par Bellone, sœur de Mars et déesse des combats, les jeunes gens délaissent ces plaisirs pour la gloire des batailles. L’Amour envoie alors les « fils de Vénus » vers les rivages éloignés des Indes.
Première entrée : Le Turc généreux
Le pacha Osman aime la jeune chrétienne Émilie, qu’il détient en esclavage. Mais celle-ci reste fidèle à son amant Valère, un jeune matelot. Par chance, une tempête ramène justement Valère sur le rivage où il retrouve Émilie. Osman assiste aux retrouvailles des deux amants mais, contre toute attente, libère Émilie : il a reconnu en Valère celui qui, dans le passé, l’avait lui-même libéré de l’esclavage. Tous se réjouissent et célèbrent la générosité du pacha.
Deuxième entrée : Les Incas du Pérou
Phani, jeune princesse péruvienne, aime Don Carlos, un officier espagnol qui l’aime en retour. Mais le grand prêtre du Soleil Huascar, jaloux, convoite également la princesse. Lors d’une fête célébrant l’Astre du jour, Huascar déclenche une éruption volcanique en précipitant des rochers dans le cratère du volcan. Il convainc Phani que c’est l’œuvre du Soleil, mécontant, et que le seul moyen de calmer la colère du dieu est de l’épouser. Le stratagème du prêtre est découvert et Huascar meurt sous une pluie de pierres.
Troisième entrée : Les Fleurs
Tacmas, jeune prince persan, est amoureux de Zaïre, l’esclave de son favori Ali. Ali est lui-même amoureux de l’esclave de Tacmas, Fatime. Tacmas se déguise en femme pour pénétrer dans le sérail d’Ali et sonder le cœur de Zaïre. Mais il manque de tuer Fatime, venue déguisée en homme pour mieux approcher Ali dont elle est amoureuse. Finalement, ils se reconnaissent à temps. Chacun révèle ses sentiments et les couples se forment. Tous assistent à la Fête des Fleurs et célèbrent l’amour.
Quatrième entrée : Les Sauvages
La scène se déroule dans une forêt d’Amérique du nord. Adario, le chef des guerriers indiens, s’apprête à conclure la paix avec les colons français et espagnols. Deux officiers, le Français Damon et l’Espagnol Don Alvar, courtisent une jeune indienne, Zima. Damon professe l’inconstance, Don Alvar l’amour sérieux et exclusif. Mais Zima ne veut ni d’un époux volage, ni d’un époux jaloux. Elle leur préfère Adario. La Danse du grand calumet de la paix scelle l’union de Zima et d’Adario, en même temps que la réconciliation entre les « Sauvages » et les Européens.
Focus sur Forêts paisibles
C’est la scène de la cérémonie du grand calumet de la paix. Elle est introduite par une danse. La partie vocale se superpose ensuite sur la reprise de la danse.
La danse
Composée à l’origine pour clavecin seul (Nouvelles Suites de pièces de clavecin, 1729), elle a été inspirée à Rameau par un spectacle de danse d’Indiens de Louisiane (Rameau a assisté à ce spectacle en 1725 à la Comédie-Italienne). La danse est relatée dans un journal de cette époque : le Guerrier va d’abord à la découverte de l’ennemi, armé d’un arc et d’un carquois garni de flèches, pendant que l’autre assis par terre bat du tambour ou espèce de timbale pas plus gros que la forme d’un chapeau.
Rameau ne cherche pas à reproduire dans sa musique ce qu’il a vu et entendu trait pour trait, mais à y exprimer l’impression laissée par ce spectacle. On peut retrouver par contre la rythmique d’un tambour : longue - brève brève / longue - brève brève.
Cette danse est un rondeau : elle comporte un refrain qui alterne avec des couplets, ici au nombre de deux.
La partie vocale
La partie chantée est écrite pour le duo Zima-Adario et le chœur. Rameau a utilisé la danse précédemment évoquée comme base pour cette partie chantée, qui conserve donc son caractère et occupe une place centrale dans le ballet.
Les paroles
« Forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.
(Chœur des sauvages) :
Forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.
Dans nos retraites,
Grandeur, ne viens jamais
offrir de tes faux attraits !
Ciel, tu les as faites
pour l’innocence et pour la paix.
Jouissons dans nos asiles,
Jouissons des biens tranquilles !
Ah ! Peut-on être heureux,
Quand on forme d’autres vœux ? »
Auteure : Aurélie Loyer