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Estampes Claude Debussy
Quand on n’a pas le moyen de se payer des voyages, il faut y suppléer par l’imagination.
Claude DebussyLettre à André Messager, 7 septembre 1903, extrait de Claude Debussy, François Lesure, éd. Fayard, p. 245
Carte d’identité de l’œuvre : Estampes de Claude Debussy |
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Genre | musique pour instrument seul |
Composition | en 1903 |
Création | le 9 janvier 1904 à la salle Érard de la Société nationale de musique à Paris, par Ricardo Viñes au piano |
Forme | tryptique : 1. Pagodes 2. La Soirée dans Grenade 3. Jardins sous la pluie |
Instrumentation | piano seul |
Orchestration de Pagodes par André Caplet | |
Composition | en 1923 |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 3 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, célesta, triangle, cymbales, gong cordes pincées : 2 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
C’est en Bourgogne, en juillet 1903, que Claude Debussy met la touche finale à ces trois Estampes pour piano. À cette même période, il compose La Mer et apporte les dernières corrections avant l’édition de son opéra Pelléas et Mélisande. Les sources d’inspiration de ces Estampes sont multiples. L’une évoque clairement l’Orient, l’autre, l’Espagne. Ricardo Viñes, le pianiste qui a créé ce triptyque, relate dans son journalJournal de Ricardo Viñes, 13 juin 1903, extrait de Claude Debussy, François Lesure, éd. Fayard, p. 436 une conversation avec Debussy : Quel hasard, je lui ai dit que ces pièces me faisaient penser à des tableaux de Turner et il m’a répondu que précisément, avant de les composer, il avait passé un long moment dans la salle Turner, à Londres !
Debussy est également un fervent visiteur des différentes expositions universelles de Paris. En 1889, il y découvre la musique de Java et de Bali. La pièce Pagodes hérite de ses couleurs et de son atmosphère si particulières.
Quelques éléments inspirés de la musique d’Extrême-Orient
Le thème principal de Pagodes est écrit dans une gamme typique de l’Extrême-Orient qui comporte cinq sons, c’est une gamme que l’on appelle « pentatonique ».
Il est répété plusieurs fois avec, à chaque reprise, des harmonisations et des rythmiques différentes.
Debussy emploie des enchaînements d’intervalles de quarte et de quinte également très évocateurs.
Debussy s’inspire des rythmes complexes des orchestres de Bali et Java, les gamelans, composés en majorité d’une multitude d’instruments à percussion comme des gongs, des métallophones ou des tambours.
Une transcription pour orchestre
Il est fréquent que les œuvres pour piano particulièrement imagées suscitent l’envie chez d’autres musiciens de les transcrire pour un orchestre. C’est le cas pour Pagodes et le compositeur André Caplet, ami de Claude Debussy. Avec la riche palette sonore de l’orchestre symphonique, il amplifie l’aspect oriental de cette œuvre. Il utilise les instruments de la famille des bois pour le thème principal (hautbois, flûtes, clarinettes). Les nombreuses percussions et les harpes évoquent les sonorités des gamelans. Pour rappeler la délicatesse que Debussy notait sur sa partition, il n’emploie parfois que quelques instruments ou les fait jouer avec des sourdines. Celles-ci n’ont pas comme seul effet d’adoucir le son, mais elles transforment le timbre des instruments - particulièrement quand elles sont employées pour les cuivres - et rendent l’orchestration encore plus évocatrice.
Auteure : Aurélie Loyer