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Coppélia ou la Fille aux yeux d’émail Léo Delibes
Carte d’identité de l’œuvre : Coppélia ou la Fille aux yeux d’émail de Léo Delibes |
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Genre | ballet |
Librettiste | Charles Nuitter, d’après le conte d’Hoffmann L’Homme au sable |
Composition | entre 1866 et 1870 |
Création | le 25 mai 1870 à l’Opéra de Paris, par Giuseppina Bozzacchi dans le rôle titre, sur une chorégraphie de Arthur Saint-Léon |
Forme | ballet en deux actes et trois tableaux |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 2 cornets à pistons, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, triangle, glockenspiel cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
La genèse de l’œuvre
Une collaboration avec le chorégraphe Arthur Saint-Léon
Quand Arthur Saint-Léon lui propose de composer la musique de Coppélia, Léo Delibes est chef de chœur à l’Opéra de Paris où il a déjà remporté un très grand succès en collaborant au ballet La Source (1866). Avec le librettiste Charles Nuittier, Saint-Léon s’inspire d’un conte de l’écrivain allemand E.T.A Hoffmann, Der Sandmann (L’Homme au sable). Ancien maître de ballet à Saint-Pétersbourg, à cette époque capitale de la Russie, Arthur Saint-Léon satisfait son goût pour le genre folklorique slave en transposant l’action en Galicierégion partagée aujourd’hui entre la Pologne et l’Ukraine, lieu propice aux mazurkas, czardas et autres « thèmes slaves ».
Des débuts chaotiques
Créé le 25 mai 1870, c’est le dernier ballet interprété à l’Opéra avant qu’il ne doive fermer ses portes durant le siège de Paris par l’armée prussienne. Quelques temps après, en août 1870, Arthur Saint-Léon meurt d’une crise cardiaque. Fin novembre 1870, la jeune danseuse Giuseppina Bozzacchi, acclamée pour le rôle titre par le public parisien, meurt du choléra le matin de ses dix-sept ans. Mais ces tristes aventures n’ont pas empêché Coppélia de remporter un succès remarquable et de constituer une œuvre phare du répertoire du ballet du XIXe siècle.
Le ballet au XIXe siècle
Le ballet romantique privilégie les sujets d’inspiration exotiqueLa Bayadère, La Péri ou surnaturelleDans ce cas, les costumes historiques font souvent place au « tutu » blanc, tunique courte et vaporeuse. La ballerine devient la véritable héroïne du ballet. Le premier de ces ballets est La Sylphide (1832). Ce genre est parfois appelé « ballet blanc ».. C’est le chorégraphe qui impose l’histoire et le découpage musical au compositeur. Avant Coppélia, seule la chorégraphie créait l’identité du ballet, la musique étant juste prétexte à la danse, sans contenu dramatique réellement adapté à l’argument. Il est même arrivé qu’un même ballet soit repris avec une musique différente. C’est en cela que Delibes innove, s’inspirant réellement du contenu et des personnages de l’histoire pour composer. C’est désormais la musique qui devient indépendante du ballet, pouvant être interprétée seule en concert.
L’argument
Développant le thème fantastique des savants fous, le conte romantique de E.T.A. Hoffmann tourne autour d’une poupée, un automatepersonnage ensuite très prisé des ballets modernes comme dans Petrouchka (1911) de Stravinski, créature de l’étrange Docteur Coppélius. Le personnage principal est Swanilda dont le fiancé, Franz, ne cesse d’observer une jeune fille à la fenêtre, qui passe pour être la fille du Docteur Coppélius. Fâchée et intriguée, Swanilda s’introduit dans l’atelier et s’aperçoit que Coppélia n’est qu’un des nombreux automates du vieux savant. Restée cachée, elle assiste à une scène étrange : Franz entre dans l’atelier et Coppélius tente de s’emparer de son âme pour animer Coppélia. Swanilda prend alors la place de la poupée, laissant croire à Coppélius que sa créature a déjà pris vie. Dans un ballet de plus en plus vertigineux, Swanilda finit par renverser tous les automates. Les deux fiancés s’enfuient et, réconciliés, ils se marient à la fête du village.
Un ballet coloré du folklore slave
Delibes débute le ballet par un Prélude évoquant l’atmosphère mystérieuse du conte, auquel il fait enchaîner une Mazurka. Par cette danse à trois temps d’origine polonaiseL’hymne national polonais est une mazurka., il annonce, en plus du lieu de l’action, l’importance de l’aspect folklorique du ballet. La mazurka est caractérisée par un tempo vif et le déplacement de ses accents sur le second temps de la mesure. Les carrures de quatre mesures découpant les phrases correspondent à chaque fois à une figure différente, ce qui en rend la chorégraphie assez complexe. Très en vogue dans les salons européens du XIXe siècle, elle a inspiré de nombreux compositeurs, dont Frédéric Chopin qui en a écrit plus de cinquante. En plus des danses folkloriques, le ballet comporte des variations sur un thème slave, une mélodie polonaise empruntée à Stanislaw Moniuszko (1819-1872), compositeur considéré comme le fondateur de l’opéra polonais.
Auteure : Aurélie Loyer