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Léo Delibes (1836-1891)
Une enfance tournée vers la musique
Né le 21 février 1836 à Saint-Germain-du-Val (La Flèche), dans la Sarthe, Léo Delibes étudie d’abord la musique avec sa mère. À la mort de son père, en 1847, ils doivent tous deux partir à Paris. Léo poursuit alors ses études musicales avec son oncle, Édouard Batiste, organiste et professeur de chant. Il entre cette même année au Conservatoire de Paris où il obtient un premier prix de solfège en 1850. Il y suit également des cours d’orgue avec François Benoist et de composition avec Adolphe Adam. En 1853, il devient organiste à Saint-Pierre-de-Chaillot et pianiste accompagnateur au Théâtre-Lyrique.
Un attrait particulier pour les musiques de scène
Sa carrière de compositeur peut être divisée en deux grandes phases, toutes deux essentiellement consacrées à la musique de scène : la première est tournée vers la musique légère et contribue à le faire connaître ; la seconde, marquée par son approche de la musique de ballet, est celle de la naissance de ses œuvres les plus importantes.
Les opérettes
Sa première œuvre est une opérette en un acte, Deux sous de charbon ou Le Suicide de Bigorneaucréée en 1856 au théâtre des Folies-Nouvelles. Suivront de nombreuses autres pièces enjouées qui remportent pour la plupart un vif succès auprès du public, que ce soit celui des Folies-Nouvelles, des Bouffes-Parisiens, des Variétés ou du Théâtre-Lyrique. Jacques Offenbach apprécie l’écriture de ce jeune compositeur et lui passe plusieurs commandes. Léo Delibes produit une dizaine de ces œuvres légères et fantaisistesparmi lesquelles les Deux Vieilles Gardes, opérette bouffe (1856), Maître Griffard, opéra-comique (1857), Les Musiciens de l’orchestre, opérette bouffe (1861) ou Mon Ami Pierrot, opérette (1862) avant de livrer en 1863 un opéra-comique souvent considéré comme plus conséquent, Le Jardinier et son seigneur.
Les musiques de ballet
En 1864, fort de ses premiers succès, il devient chef de chœur à l’Opéra de Paris où on lui propose bientôt d’écrire la musique des deuxième et troisième actes d’un ballet, le reste de l’œuvre étant confié au compositeur Louis Minkus1826-1917. Cette collaboration aboutit à la création à l’Opéra de Paris en 1866 du ballet intitulé La Source. Les parties composées par Delibes remportent un succès immédiat. Rapidement, une autre commande lui est faite, celle d’un divertissementGrande Valse, ou Pas de fleurs (1867) pour la reprise d’une œuvre de son maître Adolphe Adam, Le Corsaire. Vient ensuite le ballet qui assiéra sa renommée, Coppélia, ou La Fille aux yeux d’émail, créé en 1870. Delibes crée avec cette œuvre un ballet d’un genre nouveau, dans lequel la musique dépasse son traditionnel rôle d’accompagnement de la danse. Elle devient une œuvre à part entière, pouvant être interprétée en concert et qui traduit réellement la pensée du compositeur. Tchaïkovski qui, à cette époque, n’a pas encore composé ses grands ballets symphoniquesLe Lac des cygnes (1875-1876), La Belle au bois dormant (1888-1889), Casse-Noisette (1891-1892), admire tout particulièrement ce premier ballet de Delibes, tout autant que le suivant, Sylvia, ou la Nymphe de Dianecréé en 1876, toujours à l’Opéra de Paris. Delibes compose également six airs de danse dans le style ancien pour la musique de scène de la pièce de Victor Hugo, Le Roi s’amuse, interprétée à la Comédie-Française en 1882.
Le passage à l’opéra et le succès de Lakmé
Léo Delibes connaît donc continuellement le succès de son vivant. Après le triomphe de Coppélia, il laisse son poste de chef de chœur pour se consacrer entièrement à la composition. En 1871, il se marie avec Léontine Estelle Denain.
En plus de ses ballets, il compose pour l’opéra - Le Roi l’a dit (1873), Jean de Nivelle (1880) - et, avec Lakmé, créé à l’Opéra Comique en 1883, signe son plus grand chef-d’œuvre. Inspiré d’une nouvelle de Pierre Loti1850-1923, Rarahu ou le Mariage de Loti, le livret répond à l’attrait du public et des artistes du XIXe siècle pour l’orientalisme. L’action se passe en Inde et conte un amour impossible entre un officier britannique et Lakmé, la fille d’un prêtre brahmane. Les passages les plus populaires aujourd’hui sont l’« Air des clochettes » pour soprano colorature et le « Duo des fleurs ». Delibes dessine, sur une harmonie audacieuse et subtile, une mélodie pleine de grâce et d’élégance, et montre un talent rare et novateur pour l’orchestration. Son style suscitera l’admiration et la reconnaissance de grands compositeurs français comme Gabriel Fauré, Claude Debussy ou Maurice Ravel. En dehors de la musique de scène, Léo Delibes a composé de nombreux chœurs, une messe et des mélodies. Il est nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris en 1881 et élu membre de l’Institut en 1884. Il meurt le 16 janvier 1891. Son dernier opéra, Kassya, est orchestré par Massenet et créé deux ans plus tard à l’Opéra Comique.
Paroles de musiciens
Si en 1869, on avait parlé à Léo de la rosette rouge, de l’habit à palmes vertes et de la classe de composition au Conservatoire, un énorme rire aurait répondu à la prophétie. [...] La vie de Delibes fut riante ; il n’a presque pas connu les amertumes dont tant d’autres sont abreuvés. [...] Il ne pouvait pas avoir d’ennemi, car il était bon, obligeant, conciliant toujours, et soucieux, se sachant l’esprit, de ne jamais rien dire qui pût égratigner un confrère ou nuire à une œuvre.
Henri Maréchal (1842-1924), compositeur et critique, dans son ouvrage Paris : souvenirs d’un musicien, Librairie Hachette, 1907.
L’essentiel
Né le 21 février 1836 à Saint-Germain-du-Val et mort le 16 janvier 1891, Léo Delibes donne à la musique de ballet une dimension nouvelle à travers Coppélia ou la Fille aux yeux d’émail (1870) et Sylvia ou la Nymphe de Diane (1876). Auteur de nombreuses œuvres lyriques, il laisse également un des plus grands opéras français romantiques avec Lakmé (1883).
Auteure : Aurélie Loyer