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Le Bourgeois Gentilhomme Richard Strauss
Carte d’identité de l’œuvre : Le Bourgeois gentilhomme de Richard Strauss |
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Genre | musique symphonique |
Composition | entre 1911 et 1917 |
Création | le 31 janvier 1920 à Vienne, sous la direction de Richard Strauss |
Forme | suite composée de neuf pièces : 1. Ouverture 2. Menuet de M. Jourdain 3. Le Maître d’armes 4. Entrée et danse des couturiers 5. Menuet de Lully 6. Courante 7. Entrée de Cléonte 8. Intermezzo 9. Le Dîner |
Instrumentation | bois : 2 piccolos, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons, 1 contrebasson cuivres : 2 cors, 1 trompette, 1 trombone percussions : timbales, cymbales, tambourin, triangle, grosse caisse, caisse claire, glockenspiel cordes pincées : 1 harpe clavier : 1 piano cordes frottées : violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Genèse
La suite pour orchestre du Bourgeois gentilhomme est l’aboutissement de révisions successives d’un autre ouvrage, de nature fort différente.
Après la création triomphale du Chevalier à la rose Il s’agit de la deuxième collaboration entre Strauss et son librettiste Hofmannsthal. en 1911, Strauss (le compositeur) et Hofmannsthal (le librettiste) désirent remercier le metteur en scène Max Reinhardt en lui écrivant une œuvre d’un genre particulier. Hofmannsthal est attiré Il a déjà traduit Le Mariage forcé de Molière et adaptera peu après Les Fâcheux. Il a par ailleurs collaboré avec Carl Sternheim à une nouvelle intégrale allemande de son œuvre. depuis un certain temps par l’œuvre de Molière et demande à Strauss s’il serait favorable à l’écriture d’une œuvre qui comporterait à la fois des éléments de comédie et d’opéra. Après hésitation, c’est Le Bourgeois gentilhomme qui est choisi. La comédie en cinq actes de Lully et Molière est raccourcie en deux actes, et la turquerie prenant place après le dîner de M. Jourdain est remplacée par un divertissement en forme d’opéra en un acte. Le lien entre les deux parties (la comédie et l’opéra) est assuré par un interlude parlé. Exceptionnellement, c’est le librettiste qui passe commande de la musique au compositeur.
La création de cet ouvrage a lieu en 1912 à Stuttgart. C’est une déception.
L’œuvre hybride est donc révisée et présentée à nouveau au public à Dresde, sans davantage de succès. Les deux auteurs finissent par séparer la comédie et l’opéra : sous le titre Ariane à Naxos, ce dernier devient autonome en 1916 et obtient un réel succès ; quant au Bourgeois gentilhomme, auquel Strauss est très attaché, il est présenté une nouvelle fois au public En 1918 au Deutsches Theater de Berlin, dans une mise en scène de Max Reinhardt et une chorégraphie de George Balanchine. avec 17 intermèdes. L’accueil reste très réservé et Strauss en rend le public responsable, espérant que sa musique puisse être un jour appréciée à sa juste valeur par un public plus cultivé qu’on ne peut le trouver aujourd’hui
. Il se résout finalement à extraire l’année suivante quelques intermèdes et à en faire une Suite pour orchestre de neuf pièces qui finit par convaincre davantage lorsqu’elle est créée à Vienne en 1920.
Déroulé de l’œuvre
L’œuvre comporte donc neuf pièces : 1. Ouverture ; 2. Menuet de M. Jourdain ; 3. Le Maître d’armes ; 4. Entrée et danse des couturiers ; 5. Menuet de Lully ; 6. Courante ; 7. Entrée de Cléonte ; 8. Intermezzo ; 9. Le Dîner.
Le déroulé est fidèle à la pièce de Molière, dans le sens où Strauss reprend des passages clés de la pièce.
Cette œuvre est proche par certains aspects du néo-classicismeStrauss est l’un des précurseurs de ce style composite, caractérisé par des références à des procédés d’écriture anciens. car dans les numéros 5, 6 et 7, Strauss reprend des airs de Lully, notamment le Menuet.
N.B. : le ballet Pulcinella de Stravinski (d’après Pergolèse), composé en 1919, en est également un bon exemple.
Caractéristiques des thèmes : comparaison du Menuet de M. Jourdain et du Menuet de Lully
Menuet de M. Jourdain (pièce n° 2)
Écrit à trois temps en la majeur dans un tempo modéré, le Menuet de M. Jourdain est orchestré pour deux flûtes et quintette à cordes (violons 1 et 2, altos, violoncelles et contrebasses). La mélodie principale, exécutée par les flûtes, est plaisante et « naïve ». Le thème qui régit l’œuvre est entrecoupé de passages chromatiques caractéristiques de Strauss, qui soulignent l’ironie et les faux pas de M. Jourdain. Ce menuet est moins dansant que le Menuet de Lully, mais plus expressif et évocateur musicalement (peut-être est-ce dû au fait que l’œuvre est uniquement instrumentale ?).
Menuet de Lully (pièce n° 5)
Malgré son écriture à trois temps, ce menuet n’a plus le caractère dansant si prégnant qu’il avait chez Lully. Si Strauss en reprend en effet la mélodie principale, il l’harmonise différemment et crée ainsi un nouvel univers sonore. Il précise de plus un tempo très lent pour l’exécution. Ce numéro est écrit pour vents (flûte, hautbois, clarinette, basson et cor) et quintette à cordes. Strauss donne une coloration différente aux diverses apparitions du thème en jouant sur les combinaisons instrumentales.
Auteurs : Jean-Marie Lamour et Anne Thunière