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Mephisto-Walzer (Valse de Méphisto) Franz Liszt
Carte d’identité de l’œuvre : Mephisto-Walzer de Franz Liszt |
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Genre | musique symphonique (d’après Faust de Nikolaus Lenau) |
Composition | en 1859-1860 à Weimar |
Création | le 8 mars 1861 à Weimar, sous la direction de Franz Liszt |
Forme | œuvre symphonique en un seul mouvement |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cymbales, triangle cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Danse à l’auberge du village ou la Valse de Méphisto
En 1860, Franz Liszt, installé à Weimar depuis bientôt vingt ans, compose deux œuvres pour orchestre inspirées d’épisodes du Faust de Nikolaus LenauPoète né en 1802, originaire de Hongrie comme Liszt. Son Faust est publié en 1836.. Le premier s’intitule La Procession nocturne. Le second, Danse dans l’auberge du village, bien mieux connu par son sous-titre : Mephisto-Walzer. Si aucun thème musical n’unit les deux œuvres, le compositeur les considérait « liées par le contraste des émotions ». Mais les deux partitions sont publiées séparément. La Valse de Méphisto reste une des œuvres les plus célèbres et les plus jouées de Liszt. Prodigieux pianiste, il réalise quelques années après une version pour piano d’une difficulté diabolique !
Faust et Méphisto
Le docteur Faust est un grand savant qui veut percer les secrets de la nature. Après avoir passé sa vie à étudier, il est déçu de ne pas trouver la réponse aux mystères de l’existence. Alors qu’il songe au suicide, le Diable, surnommé Méphistophélès, lui propose un pacte : une jeunesse éternelle et les plaisirs de la vie en échange de son âme.
L’histoire de Faust contient tous les éléments dont raffolent les artistes romantiques du XIXe siècle : sorcellerie, magie, pacte avec le Diable, amour, fantastique et surnaturel… Depuis le XVIe siècle, de nombreux écrivains se sont penchés sur ce mythe. Mais c’est grâce à la pièce de Goethe, publiée en 1808, que Faust devient le sujet à la mode. L’œuvre du plus célèbre poète allemand obtient un succès considérable et sert de modèle à de nombreux compositeurs du XIXe siècle. Parmi eux, Schubert (le lied Marguerite au rouet), Berlioz (la légende dramatique La Damnation de Faust), Wagner (l’Ouverture de Faust), Schumann (l’oratorio Scènes de Faust), Gounod (l’opéra Faust)… et Franz Liszt qui compose une Faust-Symphonie !
Une musique descriptive
La Mephisto-Walzer contient toutes les caractéristiques d’une musique à programme. Basée sur un sujet extra-musical, elle tente d’en illustrer les différents événements. Liszt ne manque pas d’inventivité en livrant une musique sarcastique et sautillante. Lors de la publication, il fait figurer dans la note de programme un extrait du texte de Lenau dont il s’est inspiré :
Dans une auberge villageoise, un banquet de mariage a lieu avec musique, danses et libations. Méphistophélès, passant par là avec Faust, pousse celui-ci à participer à la fête. Le diable saisit un violon des mains d’un musicien endormi et en tire une étrange mélodie séduisante et envoûtante. Amoureux, Faust tourbillonne dans la salle aux bras d’une belle villageoise. Dans une danse effrénée, ils s’abandonnent l’un et l’autre et valsent jusque dans la forêt. Le son du violon devient de plus en plus ténu, un rossignol entonnant une chanson emplie d’amour.
La Mephisto-Walzer présente trois parties A, B et C. L’œuvre s’ouvre à toute allure sur une succession de quintes martelées symbolisant les coups d’archet du diable. Un crescendo orchestral amène la valse satanique. Sur ce thème entraînant, les paysans entrent dans la danse. L’épisode central présente un second thème apaisé et chantant joué par deux violoncelles. Voici Faust amoureux au bras de sa belle, qu’il réussit à charmer grâce aux sortilèges de Méphisto. Après un solo de violon, les bois découpent tour à tour le thème et le transforment avant qu’il ne soit repris par tout l’orchestre. Dans la troisième partie, Liszt développe ses deux thèmes en les entrelaçant dans une danse finale tourbillonnante où culminent les sarcasmes diaboliques !
Auteur : Jean-Marc Goossens