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Poème symphonique pour 100 métronomes György Ligeti
Carte d’identité de l’œuvre : Poème symphonique pour 100 métronomes de György Ligeti |
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Genre | musique pour ensemble instrumental |
Composition | en 1962 |
Création | le 13 septembre 1963 à l’Hôtel de Ville de Hilversum (Pays-Bas), sous la direction de Ligeti |
Forme | pièce en un seul mouvement |
Instrumentation | 100 métronomes |
Le métronome
Le métronome est à l’origine un outil utilisé par les musiciens pour garder un tempo stable. C’est Johann Nepomuk Mälzel, un ami de Ludwig van Beethoven, qui invente l’instrument : un appareil qui bat la mesure plus ou moins rapidement en fonction de l’endroit où l’on place le curseur sur un balancier. Placé sur le chiffre 60, il indique la vitesse d’une seconde. À 120, il bat deux fois par seconde. Aujourd’hui on utilise des métronomes électroniques.
Contexte de composition et de création
Déroutant. Étonnant. Iconoclaste. Écouter et voir 100 métronomes sur une scène battre de façon désordonnée puis s’arrêter, est-ce bien de la musique ? Lors de la création publique, le 13 septembre 1963 aux Pays-Bas, 8 hommes, 2 femmes et Ligeti lui-même interprètent l’œuvre. C’est un tel scandale que le concert, filmé par la télévision, n’est pas diffusé. Le compositeur explique ainsi l’origine de sa démarche : L’idée d’une musique mécanique tictaquante me poursuit depuis mon enfance. Elle est liée pour moi à des visions d’un labyrinthe sonnant et à ces images infinies que l’on aperçoit en regardant dans deux miroirs posés face à face.
Dans cette œuvre, Ligeti poursuit l’idée initiée par l’Américain John Cage qui, dès les années 1940, expérimente de nouvelles pistes qui le conduisent à remettre en question la notion de toute puissance du compositeur, de l’interprète, et de l’instrument. Le Poème Symphonique pour 100 métronomes s’inscrit dans ces considérations conceptuelles.
Le concept de l’œuvre
Une œuvre qui échappe à la science du créateur, à la technicité de l’interprète et qui réserve à l’auditeur un résultat imprévisible à partir d’un instrument improbable, voici l’idée de ce « poème symphonique ». Mais en est-ce d’ailleurs bien un ? Mis à part l’idée d’œuvre en un seul mouvement, rien ne permet de la rattacher à ce genre musical, qui s’inspire le plus souvent d’un argument littéraire ou pictural. C’est pourtant bien un paysage sonore en mouvement qui s’offre au spectateur, dont rien n’est déterminé à l’avance, ni la durée, ni le résultat sonore produit par un instrument qui n’en est pas un à l’origine. Derrière une provocation musicale, cette performance ouvre la voie à de nouveaux concepts créatifs.
Sur scène, 100 métronomes sont lancés simultanément selon des vitesses distinctes. Ils s’arrêtent les uns après les autres, les plus rapides d’abord, puis les plus lents. La pièce se termine après que le dernier métronome se soit arrêté. Dans un premier temps, le spectateur entend la superposition des battements comme un son continu. Progressivement, à partir de la répétition d’un matériau minimum, se créent de multiples formules rythmiques, complexes et changeantes, qui évoluent lentement pour finir avec un seul battement et enfin l’arrêt total.
On peut classer cette œuvre dans le courant minimaliste américain, appelé aussi en France mouvement répétitif. À noter que depuis 1995, un dispositif électronique permet de jouer la pièce sans l’intervention d’instrumentistes, effaçant encore davantage le geste humain.
Auteure : Sylvia Avrand-Margot