Le besoin d’expressivité pousse les compositeurs à modifier la composition de l’orchestre symphonique. Des compositeurs comme Wagner, Berlioz, Schumann, Brahms ou Bruckner en augmentent considérablement la puissance en multipliant le nombre d’instrumentistes. Les percussions, qui n’étaient souvent représentées que par les timbales dans l’orchestre classique, s’enrichissent et, toujours dans l’idée d’élargir la palette de timbres, de nouveaux instruments s’ajoutent. La harpe par exemple est essentiellement utilisée dans l’orchestre à partir du XIXe siècle. Beethoven, dans sa Symphonie n° 9, adjoint à l’orchestre des chanteurs solistes et un chœur, comme le fait plus tard, et dans des proportions plus amples, Gustav Mahler : sa Symphonie n° 8 réclame un effectif si important qu’elle a été baptisée la Symphonie des Mille.
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L’histoire de la musique pour orchestre du XIXe siècle à aujourd’hui
L’orchestre dans tous ses états…
Regroupant une ou plusieurs familles d’instruments, d’une dizaine de musiciens à plusieurs centaines, l’orchestre varie dans sa composition et son volume suivant l’époque, le genre musical et le goût des compositeurs. Harmonieorchestre composé d’instruments à vent et de percussions, fanfareorchestre composé de cuivres et de percussions, orchestre à cordes, son appellation change en fonction de sa constitution. Mais l’orchestre qui inspire le plus les compositeurs depuis 200 ans, c’est l’orchestre symphonique. Toutes les familles d’instruments y sont associées, et son évolution est intimement liée à celle de la musique, particulièrement depuis l’avènement de la symphonie.
Les principaux genres de musique pour orchestre symphonique
Au cours du XVIIIe siècle, les compositeurs sont très préoccupés par les proportions et l’équilibre : des formes musicales, nées parfois dès le XVIe siècle, sont travaillées et « ciselées » dans l’esprit du classicisme. Des compositeurs comme Haydn ou Mozart offrent ainsi à la musique classique occidentale des genres musicaux phares, que ce soit pour soliste, musique de chambre, voix ou orchestre. Parmi eux, la musique symphonique au début du XIXe siècle compte essentiellement la symphonie, le concerto, l’ouverture et la suite orchestrale.
Les principaux genres de musique symphonique au début du XIXe siècle | Caractéristiques |
La symphonie | Œuvre pour orchestre symphonique dont la forme courante est en quatre mouvements. C’est l’un des genres les plus emblématiques de la musique classique occidentale depuis la moitié du XVIIIe siècle. Terme d’origine grecque, « symphonie » signifie « sonner ensemble ». |
Le concerto | Œuvre pour soliste(s) et orchestre en trois mouvements. Autre genre parmi les plus importants de la musique classique, il exige expression et virtuosité de la part du ou des solistes. « Concerto » vient du latin « concertare », qui signifie « rivaliser ». |
L’ouverture | Pièce orchestrale destinée à introduire une œuvre de proportions importantes, comme un opéra. Certaines ouvertures sont des œuvres indépendantes, on parle alors d’ouverture « de concert ». |
La suite | À l’origine une suite de pièces aux caractères contrastés, la suite orchestrale devient au XIXe siècle un assemblage d’extraits d’un ballet, d’un opéra ou d’une musique de scène. |
La symphonie
Un compositeur vient profondément marquer ce genre à l’aube du XIXe siècle, avec ses neuf symphonies : Ludwig van Beethoven. Tout en conservant son cadre formel hérité de Haydn, il sublime la symphonie et lui apporte une puissance dramatique toute nouvelle. Éloquentes et universelles, ses symphonies sont un modèle de perfection sans qu’aucune ne ressemble à l’autre. Aujourd’hui encore, l’œuvre de Beethoven est vue comme un tournant dans l’histoire de la musique.
Après Beethoven
Succéder à Beethoven est une lourde mission. La symphonie semble avoir atteint son plus haut degré de perfection et son cadre touche à ses limites. Certains compositeurs choisissent cependant de poursuivre dans la même lignée comme Franz Schubert, Felix Mendelssohn, Robert Schumann ou Johannes Brahms, et montrent que la symphonie offre encore de multiples possibilités. Mais un autre genre se dessine progressivement sous la plume d’Hector Berlioz (1803-1869) et de Franz Liszt (1811-1886) : le poème symphonique.
Le poème symphonique
L’apparition du poème symphonique offre à la musique instrumentale un nouveau cadre d’expression. Il est le plus souvent constitué d’un unique mouvement dont la forme suit librement une idée narrative, poétique ou descriptive. Hector Berlioz, en composant chacun des mouvements de sa Symphonie fantastique comme un épisode d’une histoire, inspire ses contemporains. Mais c’est Franz Liszt qui est connu comme le père de ce nouveau genre symphonique. Camille Saint-Saëns, proche de Liszt, contribue aussi à l’émergence du poème symphonique en France.
Voici quelques exemples célèbres de poèmes symphoniques : Mazeppa (1851) de Franz Liszt, sur un poème de Victor Hugo ; Une nuit sur le Mont Chauve (deux versions : 1867 et 1886) de Modeste Moussorgski, d’après une nouvelle de Nicolas Gogol ; Danse macabre (1874) de Camille Saint-Saëns, inspirée d’un poème de Jean Lahor ; Ainsi parlait Zarathoustra (1896) de Richard Strauss, inspiré d’un poème philosophique de Friedrich Nietzsche.
L’évolution de l’orchestre symphonique
Le XXe siècle et la musique symphonique
La musique du XXe siècle connaît de nombreux bouleversements liés à ceux de la société : les deux guerres mondiales meurtrières bouleversent les valeurs. Les règles de la musique classique et romantique sont délaissées, et les compositeurs cherchent de nouveaux modèles et systèmes. Claude Debussy et Maurice Ravel ouvrent la voie de la modernité avec une musique souvent qualifiée d’impressionniste. Mais la musique symphonique reste au centre de leurs compositions, et l’orchestre offre toujours une source d’inspiration où le son est souvent traité comme une matière. La musique s’enrichit aussi de nouveaux courants populaires comme le jazz américain, le swing… et le cinéma est également la source de grandes compositions se rapprochant souvent de la musique descriptive et symphonique du XIXe siècle.
Auteure : Aurélie Loyer