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West Side Story Leonard Bernstein
Carte d’identité de l’œuvre : West Side Story de Leonard Bernstein |
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Genre | comédie musicale |
Librettiste | Arthur Laurents |
Paroliers | Stephen Sondheim et Leonard Bernstein |
Langue du livret | anglais |
Composition | à partir de 1949, puis 1955 (1961 pour les Danses symphoniques), aux États-Unis |
Création | le 26 septembre 1957 au Winter Garden Theatre, Broadway, New York |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 1 clarinette en mib, 2 clarinettes en sib, 1 clarinette basse en sib, 1 saxophone alto en mib, 2 bassons, 1 contrebasson cuivres : 4 cors en fa, 3 trompettes en sib, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cloche, bongos, caisse claire, grosse caisse, woodblock, tom-tom, maracas, cymbales, guiro, 4 percussions à hauteur déterminée, xylophone, glockenspiel claviers : piano, célesta cordes : violons 1, violons 2, altos, violoncelles, contrebasses, harpe |
Welcome to Broadway !
Dans les années 1950 aux États-Unis, la comédie musicalegenre théâtral mêlant comédie, chant et danse revient à la mode. Un célèbre quartier de Manhattan au cœur de New York tient le haut de l’affiche et réunit les plus beaux spectacles du moment : Broadway. Encore aujourd’hui, les touristes y affluent pour découvrir ce lieu original dédié à la production des comédies musicales !
C’est à cette époque que le compositeur Leonard Bernsteincompositeur, chef d’orchestre et pédagogue américain né aux États-Unis en 1918 et mort en 1990, le parolier Stephen Sondheimcompositeur et parolier américain né en 1930, le librettiste Arthur Laurentsdramaturge, librettiste, scénariste et metteur en scène américain né en 1917 et mort en mai 2011 et le metteur en scène Jerome Robbinsdanseur, chorégraphe, metteur en scène et réalisateur américain né en 1918 et mort en 1998 s’associent pour créer West Side Story, une comédie musicale inspirée de la célèbre histoire d’amour de Shakespeare, Roméo et Juliette, dans une adaptation moderne relatant des guerres de gangs.
L’œuvre, créée en 1957, est un véritable succès tant aux États-Unis que dans le monde entier. Pas moins de 732 représentations sont programmées lors de la production originale avant de partir pour une grande tournée mondiale. La musique, la danse, l’histoire, tous les éléments sont réunis pour séduire le public.
Par la suite, une adaptation cinématographique est réalisée en 1961. Son succès est fulgurant, et il remporte une dizaine d’Oscars, dont celui pour la meilleure musique de film.
Les personnages
Les Jets
- Riff : chef de la bande des Jets
- Tony : meilleur ami de Riff, amoureux de Maria
- Diesel, Action, A-Rab, Baby John… : autres membres de la bande
Les Sharks
- Bernardo : chef de la bande des Sharks
- Maria : sœur de Bernardo, amoureuse de Tony
- Chino : meilleur ami de Bernardo et fiancé officiel de Maria
- Anita : amie de Maria et fiancée de Bernardo
- Consuelo, Toro, Pepe, Indio, Luis… : autres membres de la bande
L’histoire
Acte 1
Deux bandes de jeunes se font la guerre dans un quartier pauvre de l’Ouest new-yorkais (West Side) : les Jets, jeunes blancs américains, ne sont pas décidés à céder le contrôle de leur rue aux Sharks, ces émigrés venus de Porto-Rico. Sur fond de haines raciales se noue une histoire d’amour entre Tony et Maria, qui appartiennent chacun à un des deux clans ennemis. Maria, nouvellement arrivée aux États-Unis, est déjà promise par sa famille à Chino, le meilleur ami de son frère.
C’est au cours d’un bal que Tony et Maria ont le coup de foudre l’un pour l’autre. Durant la fête, les bandes rivales se provoquent et conviennent d’un duel à l’arme blanche entre Bernardo et Diesel le lendemain.
À la demande de Maria, Tony tente de mettre fin au conflit. C’est peine perdue, la situation dégénère et Tony assassine Bernardo qui vient de tuer son ami, Riff.
Acte 2
Maria, qui espère pouvoir épouser Tony, découvre l’horrible nouvelle. Tony, venu la rejoindre, s’excuse auprès d’elle. La jeune femme lui pardonne son geste et tous deux rêvent alors d’un monde meilleur. Pendant ce temps, la police enquête sur les meurtres. Souhaitant venger Bernardo, Chino part à la recherche de Tony pour le tuer. Malmenée par les garçons des Jets, Anita se venge en faisant croire à la mort de Maria. Au cours d’une nouvelle bagarre, c’est finalement Tony qui perd la vie, tué par Chino. Anéantis et attristés, les Jets et les Sharks décident finalement de se réconcilier et forment un unique cortège autour du corps de Tony.
Quelques extraits célèbres
America
America fait sans doute partie des plus célèbres airs de West Side Story, connu par le plus grand nombre encore aujourd’hui. Cet air, particulièrement entraînant, est chanté au début de la comédie musicale lors du bal par les filles de la bande des Sharks qui, heureuses d’être à Manhattan, comparent Porto-Rico à l’Amérique.
Mambo
Cette danse s’engage dans un tempo presto (rapide) et affiche tout de suite son caractère impétueux et dansant : deux accords fortissimo par tout l’orchestre laissent place à une formule rythmique exposée à vide par les percussions, et qui irriguera toute la pièce. L’accompagnement rythmique sera prédominant et omniprésent pendant tout le morceau, réalisé par toute une variété de percussions (cloches, bongos, woodblocks, conga…).
Il n’y a pas de mélodie fédératrice mais plutôt une succession de motifs courts et lapidaires. Ce procédé d’écriture exacerbe le caractère rythmique de la pièce, donne cet effet de discours tronqué, de respiration haletante qui nous rappelle l’intrigue : danger, défi et rivalité, tout cela avec brio. Les nombreux accents à contre-temps amplifient cet effet haletant, empressé, et apportent un sentiment d'instabilité à la danse.
Les différents motifs jouent sur le contraste et sur les oppositions de masse entre les pupitres de l’orchestre. Le premier élément thématique est donné par les cordes et les bois, ponctué par les chromatismesmouvement de demi-ton des cuivres canailles. Suit un motif en homorythmietous les instruments jouent en même temps la même figure rythmique interrompu à deux reprises par un retentissant « mam-bo ! » déclamé par les instrumentistes (voir l’illustration). Un troisième motif oppose à nouveau les cuivres au reste de l’orchestre, et fait réentendre le motif homorythmique précédent (sans les voix cette fois). La musique s’emballe : tout l’orchestre joue de plus en plus fort, et seuls émergent encore de la masse les trombones en soliste puis les trompettes. Cette sonorité des cuivres fait explicitement référence à la musique cubaine. Enfin, alors que la danse est à son paroxysme et que tout l’orchestre se déchaîne, le premier motif réapparaît et la pièce se termine en diminuant soudainement.
Tonight
Ce duo entre Tony et Maria correspond à la célèbre scène du balcon de la tragédie de Shakespeare, le balcon devenant un escalier de secours typique de l’architecture new-yorkaise. Après le bal, Tony ne pense plus qu’à Maria et, la nuit venue, chante sous sa fenêtre (Maria). La jeune femme sort, et tous deux expriment leur amour.
À ce moment, on ne sait pas encore que l’histoire tournera à la tragédie, et que le destin s’acharnera contre les deux amoureux. Tony et Maria ont en commun d’espérer : Tony rêve à un avenir meilleur (Something’s coming), Maria, malgré un mariage arrangé projeté par sa famille, est emplie de l’énergie d’une jeune fille fraîchement arrivée en Amérique, pays de tous les possibles. Tonight exprime un amour indissociable de cet espoir, de cette vision commune d’un futur libérateur. Leonard Bernstein insuffle à l’orchestre et aux chanteurs une énergie croissante, et offre au duo les deux aspects de ce lien en apportant progressivement à cette scène intimiste une vitalité communicative, propre à son univers artistique et musical.
Auteures : Julie David, Anne Thunière et Aurélie Loyer