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Les contes des Mille et Une Nuits en musique
Les origines
Les Mille et Une Nuits sont un recueil de contes d’origine persane et indienne du Xe siècle. En 1704, l’historien français Antoine Galland en propose une traduction d’une grande liberté. Toute l’Europe est conquise, fascinée par cet Orient fantasmé. Une vague orientalisante déferle en effet sur les arts. Par la suite, de nombreuses traductions sont proposées à travers l’Europe, puis dans le monde oriental.
L’histoire
Le sultan Shariyar, blessé par l’infidélité de son épouse, la condamne à mort. Afin d’éviter d’être à nouveau trompé, il fait assassiner chaque matin la femme épousée la veille. Lorsque Shéhérazade, la fille du grand vizir, l’épouse, elle lui raconte chaque nuit une histoire dont la suite est reportée au lendemain. Dans l’attente de la fin du récit, le sultan retarde l’exécution de jour en jour. Mais Shéhérazade gagne la confiance de son mari qui, au bout de mille et une nuits, renonce à la tuer.
Comme souvent dans les contes, les histoires racontées par Shéhérazade proposent une réflexion autour des notions de bien, de mal, de vengeance et de pardon. Les plus célèbres de ces contes sont :
- Aladdin et la lampe merveilleuse
- Ali Baba et les quarante voleurs
- Sinbad le marin
Les Mille et Une Nuits en musique
Du Danemark à l’Italie, de l’Angleterre à l’Argentine, nombreux sont les compositeurs qui naviguent sur la vague orientaliste, en premier lieu à l’opéra comique (qui mêle les scènes parlées et chantées) au XIXe siècle. L’évocation de l’Orient se fait par l’emploi de percussions « orientales » encore peu employées dans l’orchestre – le triangle, les cymbales, les grelots – comme dans l’ouverture du Calife de Bagdad (1800) de François-Adrien Boieldieu ou Ali Baba et les quarante voleurs (1833) de Luigi Cherubini. Chez d’autres, seule l’histoire permet d’évoquer l’orientalisme : Carl Maria von Weber dans Abu Hassan (1811), Charles Lecocq dans Ali Baba (1887) ou Henri Rabaud dans Mârouf, savetier du Caire (1914) s’inspirent presque uniquement du texte. Ce thème fascine jusqu’au Danemark où Carl Nielsen livre la suite d’orchestre Aladdin (1918-1919) déjà plus proche d’un langage arabisant. Il faut attendre le poème symphonique Shéhérazade (1888) de Nikolaï Rimski-Korsakov pour entrer véritablement dans l’expression d’un Orient maîtrisé. Au XXe siècle, le thème continue de fasciner et se décline dans divers styles. Shéhérazade, première pièce des Masques op. 34 (1915-1916) de Karol Szymanowski pour le piano, est un bel exercice de style (Schumann avait avant lui consacré une page pour piano à la même héroïne). Ce thème reste également une source d’inspiration pour le genre du ballet avec Les Mille et Une Nuits (1979) du soviétique Fikret Amirov joué en URSS, la musique de scène Aladdin (2000) de Carl Davis pour le Scottish Ballet ou encore le conte musical pour enfants Aladin et la lampe merveilleuse (1968) de Nino Rota proche de la musique de film. On retrouve la magie de l’Orient jusque dans le quatuor à cordes et électronique de l’Argentin Ezequiel Viñao La Noche de las Noches (1989).
Auteure : Sylvia Avrand-Margot