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Le flamenco : du XIXe siècle à nos jours
L’Âge d’or des cafés cantantes
À partir du milieu du XIXe siècle et jusqu’aux années 1920, prolifère une sorte d’établissements spécialisés qui joueront un rôle majeur dans la diffusion massive du flamenco : les cafés cantantes. Dans ces lieux qui sont à la fois des débits de boissons et des théâtres de variétés, le flamenco devient un art de la scène. C’est là qu’auront lieu les premiers récitals et spectacles construits, où s’affirmeront les premiers artistes professionnels qui marqueront l’histoire du flamenco, comme Silverio Franconetti ou Enrique « El Mellizo ».
C’est aussi l’époque où la danse prend une importance sans précédent et la guitare devient l’accompagnement systématique du chant. Cette étape marque la fixation définitive des styles et la diffusion d’une musique jusqu’alors principalement cantonnée aux réunions de famille. Pour la première fois, des gens paient pour voir du flamenco, devenu alors un spectacle lucratif.
Cette professionnalisation inquiète les puristes qui y voient une menace pour l’authenticité du cante jondo. En 1922, Manuel de Falla et Federico García Lorca organisent à Grenade le concours national de cante jondo dans le but de préserver l’essence primitive du flamenco.
La dégénérescence du flamenco
À partir des années 1920, le public s’élargit et le flamenco commence à devenir un véritable enjeu économique. Des cafés cantantes, qui peu à peu vont connaître une crise conduisant à leur disparition, le flamenco va passer aux grands théâtres et même aux arènes. De véritables entrepreneurs vont organiser des tournées à travers toute l’Espagne, en donnant à voir des spectacles appelés « ópera flamenca ». C’est une période néfaste pour le flamenco qui cède à la facilité commerciale. Le répertoire privilégie les palos les plus légers tels que le fandango ou les chants dits de ida y vuelta d’origine hispano-américaine, au détriment des chants profonds. Cette étape dure jusqu’au milieu des années 1950.
Renaissance du flamenco
Sous l’impulsion du cantaor gitan Antonio Mairena et d’autres musiciens et musicologues, on assiste à une revalorisation du flamenco authentique et à une récupération des styles sacrifiés par la commercialisation du genre. Les anthologies discographiques se multiplient, les tablaos, version actualisée des cafés cantantes, sont en plein essor et de grands artistes émergent : El Chocolate, José Menese, Terremoto, Agujetas, Fernanda et Bernarda de Utrera et un peu plus tard, Camarón de la Isla et Enrique Morente, pour le chant. En danse, Antonio Gades, Carmen Amaya ou Mario Maya deviennent des figures emblématiques du renouveau et se produisent sur les plus grandes scènes mondiales. Paco de Lucía donne ses lettres de noblesse à la guitare flamenca. À l’aube du XXIe siècle, le flamenco va connaître une sorte de nouvel âge d’or avec de jeunes artistes talentueux de la trempe d’Israel Galván ou Andrés Marín pour la danse, José Mercé ou Diego el Cigala pour le chant, Tomatito ou Vicente Amigo pour la guitare.
L’essentiel
- L’apparition des cafés cantantes a joué un rôle majeur dans l’essor du flamenco. Les premiers artistes peuvent s’y produire, et la guitare et la danse deviennent des accompagnements essentiels. Le flamenco devient un art de la scène à part entière.
- Dans la première moitié du XXe siècle, le flamenco s’écarte de ses valeurs d’origine pour devenir une attraction commerciale. Il sera par la suite revalorisé sous l’impulsion des grands cantaores, jusqu’à devenir un style musical reconnu dans le monde entier.
Auteur : Jean-François Carcelen