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Clavecin Giovanni Antonio Baffo
Ce clavecin est représentatif des grands clavecins vénitiens du XVIesiècle.
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Clavecin Jean-Claude Goujon
Ce Clavecin au décor somptueux est un précieux témoignage de l’évolution de la facture française de clavecin au XVIIIe siècle.
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Piano à queue Pascal Taskin
La fleur de lys peinte sur la table de ce piano indique qu’il s’agit d’un instrument royal.
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Clavecin Ioannes Couchet
Classé trésor national, acquis en 2003 par le Musée de la musique, ce clavecin est une pièce exceptionnelle.
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Clavecin Vincent Tibaut
Longtemps mésestimée, la facture française de clavecins fut effacée par le prestige des factures flamandes et italiennes.
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Clavecin Jean Henry Hemsch
Les clavecins de Jean-Henry Hemsch se caractérisent par une construction extrêmement soignée.
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Page découverte
Histoires d’instruments : le clavecin
Le clavecin tient une place toute particulière dans l’histoire de la musique. Cet instrument prestigieux, joué en soliste ou en accompagnement, a inspiré de nombreux compositeurs dans toute l’Europe.
Sa facture n’a cessé d’évoluer pendant trois siècles consécutifs, aussi bien sur le plan technique que dans son aspect décoratif.
Instrument de musique et objet d’art, le clavecin fait partie de notre patrimoine culturel sans être pour autant un instrument du passé : depuis le XXe siècle, interprètes, compositeurs et facteurs lui portent un nouvel intérêt.
Histoire de l’instrument
Sonate en sol majeur, op. 3 n° 3 : Presto, de Benedetto Marcello
Sonate en sol majeur, op. 3 n° 3 : Presto, de Benedetto Marcello. Aurélien Delage, clavecin. Fac-similé du clavecin fait par Grimaldi en 1703 du Musée de la musique
Le clavecin apparaît dans les écrits scientifiques et dans l’iconographie dès le milieu du XVe siècle.
Bien que l’instrument le plus ancien actuellement authentifié soit italien (Jérôme de Bologne, 1521) Ce facteur a signé le clavecin le plus ancien actuellement authentifié, daté de 1521. L’instrument est de facture italienne ; il est conservé au Victoria and Albert Museum de Londres., le clavecin pourrait avoir des origines plus lointaines en Bourgogne. En effet, Henri Arnault de Zwolle, Médecin et astronome à la cour de Bourgogne, auteur du plus ancien traité connu sur la construction des instruments à clavier : Les instruments de musique du XVe siècle, publié vers 1450, conservé à la Bibliothèque nationale de France, à Paris. médecin astronome à la cour de Bourgogne, décrit le fonctionnement d’un clavicymbalumNom sous lequel apparaît pour la première fois le clavecin dans des documents écrits. dont les caractéristiques sont très proches des premiers clavecins connus. Aucun instrument de cette époque n’a été retrouvé, mais certaines représentations iconographiques pourraient confirmer cette hypothèse.
Le clavecin appartient à la famille des cithares sur table : les cordes sont en effet pincées par un mécanisme perfectionné qui donne à cet instrument sa sonorité très particulière : le sautereau, Italien : saltarello ; allemand : Docke ; anglais : jack
Nom donné au dispositif qui pince la corde d’un clavecin. épinetteAnglais : spinet ; allemand : spinett ; italien : spinetta.
Instrument de la famille des clavecins, à un seul jeu généralement de 4 ou 8 pieds, qui s’en différencie essentiellement par sa taille plus petite et la disposition des cordes, perpendiculaire ou en oblique par rapport aux touches du clavier.
Le terme épinette désigne principalement des instruments italiens ou français, de forme rectangulaire, trapézoïdale ou en aile d’oiseau.
L’origine du mot, incertaine, pourrait provenir soit du latin spine (épine) ou sapinus (sapin), soit du nom de son inventeur supposé, Giovanni Spinetti. ou d’une virginale. Cette pièce mécanique essentielle assure la liaison entre le clavier et les cordes. Le système mécanique a été mis au point au début du XVIe siècle et a peu évolué jusqu’à nos jours. La base de construction est une pièce de bois. A la partie supérieure, dans une large encoche, est disposée une languette anciennement de bois, aujourd’hui de plastique, pivotant légèrement sur un axe de métal. C’est sur cette languette qu’est fixé le bec de plume (traditionnellement de corbeau) qui pincera la corde, en manière de plectre. Tous les sautereaux d’un même registre sont disposés sur une même pièce à mortaise coulissante qui, approchant ou éloignant les becs de plume des cordes, les font ou non « parler ». réglette de bois qui se soulève lorsqu’on appuie sur la touche, permet au plectre (généralement en plume d’oiseau), fixé sur une languette pivotante, de gratter la corde. Au moment où la touche est lâchée, le sautereau retombe, le plectre et la languette basculent en arrière alors qu’un étouffoir vient s’appuyer sur la corde.
Si le mot « clavecin » évoque d’emblée un grand instrument à deux claviers et à la forme élancée, il existe cependant des instruments d’aspect différent, mais qui présentent des similitudes : les épinettes et les virginales. Anglais : virginal ; allemand : virginal ; italien : arpicordo, spinetta, spinettina.
Le terme virginale est employé en Flandres et en Angleterre pour désigner un instrument plus petit que le clavecin, et dont les cordes sont montées perpendiculairement ou en oblique par rapport au clavier. Comme pour l’épinette, la forme de sa caisse de résonance, le plus souvent rectangulaire, peut également être trapézoïdale ou en aile d’oiseau. L’origine du mot est confuse : les jeunes filles qui en jouaient au XVIe siècle lui auraient valu ce nom.
Toutefois, le latin virga (verge, petite branche mince) et son dérivé virgeus constituent une hypothèse plus convaincante, dans la mesure où ces deux mots font allusion au plectre qui plie avant d’attaquer la corde. Les grandes virginales flamandes, avec le clavier à droite et dont les cordes sont pincées en leur milieu, sont appelées muselar.
Plus petits, moins encombrants et moins coûteux que les clavecins, ces instruments sont très répandus dans les intérieurs européens du XVIe au XVIIIe siècle ; ils se différencient essentiellement des clavecins par la disposition de leurs cordes, perpendiculaire ou en oblique par rapport aux touches, par un clavier Le clavier des clavecins et épinettes s’étend en moyenne sur 4 octaves et demie (de 30 à 50 notes). Les grands clavecins du XVIIIe siècle peuvent compter jusqu’à 61 notes. Sur certains clavecins, contrairement au piano, les marches (touches diatoniques) sont noires et les feintes (touches chromatiques) sont blanches. unique de trois à cinq octaves et un seul jeu Ensemble des cordes pincées par un rang de sautereaux formant une suite chromatique de sons de même timbre. On dit d’un jeu qu’il est en 8 pieds (8’) lorsque les notes qui le composent sonnent à la même hauteur que celles d’un jeu d’orgues dont le tuyau du do grave (do1) aurait une longueur de 8 pieds. Un jeu en 4 pieds (4’) sonne à l’octave supérieure du jeu en 8’. Un jeu en 16 pieds (16’) sonne à l’octave inférieure..
Le clavecin n’a pas cessé d’évoluer au cours des siècles, avec des particularités propres aux différentes écoles européennes.
Suite française no 6 en mi majeur BWV 817
Suite française no 6 en mi majeur BWV 817 : courante. Johann Sebastian Bach, Blandine Rannou, clavecin Ruckers/Taskin 1646/1780 du Musée de la musique.
Les premiers clavecins connus datent du début du XVIe siècle et témoignent d’une tradition de facture qui a peu évolué en Italie jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La quarantaine de clavecins italiens antérieurs à 1600 qui nous sont parvenus permettent de définir un type « initial » de facture. Venise a probablement été, à cette époque, le centre de fabrication le plus important d’Italie et nombre de clavecins vénitiens circulent dans d’autres pays. Naples, Bologne, Pesaro semblent avoir été aussi des centres de facture actifs, mais peu d’instruments ont survécu.
Caractérisés par une caisse, et une table d’harmonie, Corps d’un instrument à cordes formant une cavité et supportant la table d’harmonie.
1. abattant
2. couvercle
3. béquille
4. table d’harmonie
5. chevilles
6. barre d’adresse
7. pointe
8. claviers
9. éclisse courbe
10. joue
11. chevalet
12. rose
en cyprès aux éclisses Pièce de bois réunissant la table d’harmonie au fond, afin de former la caisse de résonance. fines, et généralement dotés d’un clavier unique et de deux jeux de huit pieds, les clavecins italiens sont des instruments légers, qui sont protégés par une caisse extérieure richement décorée. Ils doivent leur forme élancée à l’utilisation de cordes de diamètre égal qui sont montées selon la règle dite de la « juste proportion ». Principe adopté par les facteurs italiens : la corde voit sa longueur doublée dans le grave à chaque octave, ce qui donne la forme courbe de l’instrument et détermine sa longueur. Une rose Corps d’un instrument à cordes formant une cavité et supportant la table d’harmonie.
1. abattant
2. couvercle
3. béquille
4. table d’harmonie
5. chevilles
6. barre d’adresse
7. pointe
8. claviers
9. éclisse courbe
10. joue
11. chevalet
12. rose
en bois sculpté ou en fines lamelles de parchemin orne la table d’harmonie.
Les facteurs les plus connus se nomment Dominicus Pisaurensis, Né à Pesaro, Dominicus Pisaurensis est un facteur célèbre à Venise, actif entre 1533 et 1622. Giovanni Antonio Baffo, Facteur de clavecins, luths, harpes, violons, épinettes et virginales, probablement en activité à Venise entre les années 1570 et 1581.
Trois instruments seulement ont été authentifiés avec certitude : deux clavecins (1574 et 1579) et une épinette.
Le clavecin de 1579 fait partie des collections du Musée de la musique (numéro d’inventaire E.951), celui de 1574 est conservé au Victoria and Albert Museum à Londres. L’épinette date de 1570 et est conservée au musée national de la Renaissance (château d’Ecouen). FabyNous avons très peu d’informations sur la vie de ce facteur du XVIIe siècle. Faby était un ecclésiastique appartenant aux ordres mineurs. L’église San Francesco de Bologne était son lieu de villégiature. En 1677, Faby possédait admirablement bien son métier.
Quatre instruments ont été authentifiés : deux clavecins (1677 et 1691) et une épinette (1692), appartenant aux collections du Musée de la musique, et un ottavino (1684) qui se trouve au Ringve Musikkhistorisk Museum de Trondheim en Norvège. de Bologne ou encore Bartolomeo Cristofori.Il semblerait qu’il ait été luthier avant de fabriquer des clavecins. L’instrument authentifié le plus ancien date de 1690.
À partir de 1688 il a travaillé à la cour de Florence pour le prince Ferdinand de Médicis. Cristofori, inventeur de génie, a été le premier à mettre au point le pianoforte.
Sur le plan musical, l’instrument peut être joué en soliste ou en accompagnement. Des musiciens comme Andrea et Giovanni Gabrieli, Claudio Merulo (au XVIe siècle), Girolamo Frescobaldi, Bernardo Pasquini (au XVIIe siècle), Domenico Scarlatti (au XVIIIe siècle) ont contribué à la richesse de son répertoire.
Flandres : La renommée d’une dynastie de facteurs
L’école flamande peut être considérée comme une des plus importantes pour la facture du clavecin, du début du XVIe jusqu’au XVIIIe siècle. À cette époque, beaucoup de ses clavecins de grand renom sont ravalés Transformation principalement effectuée au XVIIIe siècle sur des instruments flamands du siècle précédent, qui consiste à agrandir l’étendue du clavier afin de les adapter au goût musical et au répertoire de l’époque. Cette opération est particulièrement pratiquée en France où s’illustrent les deux François Etienne Blanchet (père et fils), et Pascal Joseph Taskin. Le « petit ravalement » a pour but d’augmenter de quelques notes dans l’aigu l’étendue du clavier. On touche alors peu à la caisse.
Le « grand ravalement » permet de produire des instruments d’une étendue plus importante. Le sommier et les barres sont élargis, la mécanique et les claviers sont changés. A cette occasion, l’instrument est souvent entièrement redécoré. en France. Un nom éclipse tous les autres : celui de Ruckers . Regroupée autour de la Guilde de Saint-Luc, Corporation regroupant des peintres, sculpteurs, ébénistes, encadreurs ainsi que divers artisans du livre à Anvers. À partir de 1558, ils sont rejoints par les facteurs de clavecins. Pour devenir membre de la Guilde, un facteur doit soumettre à l’appréciation de cette corporation une virginale rectangulaire ou une épinette polygonale. cette dynastie domine la facture anversoise et acquiert rapidement une dimension européenne.
Les facteurs flamands construisent des instruments plus lourds que les clavecins italiens, avec une caisse en tilleul ou en peuplier, des éclisses de 12 à 13 mm d’épaisseur, une table d’harmonie en épicéa, et d’un ou deux claviers dont l’étendue sera portée à cinq octaves au milieu du XVIIIe siècle. La règle de la « juste proportion » n’est plus respectée : les cordes, plus grosses, soutiennent mieux le son et sont raccourcies progressivement en descendant dans les graves, ce qui donne un instrument à la courbe moins prononcée. Parmi les compositeurs, Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) a été l’un des premiers à introduire la fugue. Il a enrichi le répertoire de nombreuses fantaisies, toccatas et variations. Dietrich Buxtehude (1637-1707) forma de nombreux élèves et écrivit pour le clavecin des variations, toccatas et suites.
Les Indes galantes
Les Indes galantes : ouverture, transcription pour clavecin par le compositeur (ca 1735-1736) Jean Philippe Rameau, Olivier Baumont, clavecin Jean Henry Hemsch, 1761 (collection Musée de la musique).
Comparés aux nombreux instruments flamands conservés, les clavecins français constituent des pièces rares : peu d’instruments antérieurs à 1650 sont parvenus jusqu’à nous. À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle se développe une facture française, synthèse des écoles italienne et flamande. Gilbert DesruisseauxEn apprentissage tout d’abord chez Michel Richard (facteur d’épinettes et de clavecins), Desruisseaux s’installe à Lyon à sa majorité. Le seul instrument de sa facture qui nous soit parvenu fait partie de la collection du Musée de la musique. (Lyon), Michel Richard (Paris), Nicolas Dumont (Paris), Nicolas Blanchet (Paris), Vincent Tibaut (Toulouse) en sont les dignes représentants.
C’est au XVIIIe siècle que le clavecin atteint son apogée en France, principalement à Paris et à Lyon.
Les instruments se caractérisent alors par une caisse plus lourde, en tilleul, en peuplier ou en sapin, avec des éclisses de 15 à 21 mm d’épaisseur. Comme chez les Flamands, la table d’harmonie est ornée d’une rose portant le nom ou les initiales du facteur.
Le clavecin français possède un ou deux claviers et de trois ou quatre registres Ensemble des cordes pincées par un rang de sautereaux formant une suite chromatique de sons de même timbre. On dit d’un jeu qu’il est en 8 pieds (8’) lorsque les notes qui le composent sonnent à la même hauteur que celles d’un jeu d’orgues dont le tuyau du do grave (do1) aurait une longueur de 8 pieds. Un jeu en 4 pieds (4’) sonne à l’octave supérieure du jeu en 8’. Un jeu en 16 pieds (16’) sonne à l’octave inférieure.. Un jeu de luth Sorte de sourdine que l’on pouvait appliquer ou non à l’un des jeux de 8 pieds. Se dit d’une réglette amovible montée près du sillet du 8 pieds ou du 16 pieds et qui est garnie d’un nombre de petits morceaux de cuir tendre égal à celui des notes. Lorsque cette réglette est déplacée latéralement, les petits morceaux de cuir étouffent une rangée de cordes et produisent ainsi un son semblable à celui d’une harpe. peut agrémenter également un jeu de 8 pieds.
Nicolas Blanchet, Premier nom d’une grande famille de facteurs de clavecins, spécialistes du ravalement. Son fils (1695-1761) et son petit-fils (1730-1766), tous deux prénommés François Etienne, œuvrent ensemble au milieu du siècle. Jean Henry Hemsch, Né près de Cologne, il s’installe à Paris dès 1728 et entre en apprentissage chez son compatriote Antoine Vater. Naturalisé français en 1750, il est le fournisseur de l’Académie royale de musique et l’accordeur du fermier général La Pouplinière, mécène de Rameau. Sébastien Erard Il invente et réalise un « clavecin mécanique » doté de quatre registres commandés par des pédales et des genouillères, destinés à produire un effet de crescendo et de decrescendo progressif. Ce clavecin est décrit en 1783 dans l’Almanach musical. Erard se tourne par la suite vers la facture du pianoforte. comptent parmi les grands facteurs français.
Pascal Taskin Pascal Joseph Taskin reprend l’atelier de François Etienne Blanchet et prolonge la tradition du ravalement avant d’apporter quelques innovations personnelles. Il serait l’inventeur du jeu de buffle et des genouillères.
Vers 1777, il commence à construire des pianos à queue et des pianos carrés. Ses instruments comportent des mécaniques expérimentales, à mi-chemin entre le sautereau et le marteau, restées sans lendemain mais qui traduisent chez lui un esprit d’invention et un souci de précision au service de la qualité du jeu. met au point le jeu de buffle, à la sonorité plus chaude. L’évolution de la sonorité des clavecins vers plus de nuances, de subtilité et de raffinement est due à l’habileté des facteurs autant qu’aux exigences d’une impressionnante pléiade de compositeurs. Au début du XVIIIe siècle, on voit paraître des clavecinistes brillants comme Louis Marchand ou François Couperin (1668-1733). Jean Philippe Rameau (1683-1764) crée un style où les ornements délicats sont remplacés par un vocabulaire nouveau : arpèges, batteries, notes répétées.
Les autres écoles
En Angleterre, les premiers instruments sont appelés « virginales ». La facture anglaise se rapproche longtemps des instruments italiens, puis évolue vers un instrument plus lourd, à deux claviers.
Le plus ancien clavecin connu est celui de Ludovic Theeuwes (1579). En 1769, Schudi brevète un clavecin à pédales qui permet de faire varier l’intensité du son.
L’Allemagne, réputée pour sa facture d’orgue, connaît ausssi sa propre école. Le clavecin allemand le plus ancien date de 1537 et porte la signature de Hans Müller. L’instrument type, de sonorité assez neutre, se prête aux différents styles musicaux. Parmi les compositeurs qui ont écrit pour lui, citons : Dietrich Buxtehude (1637-1707), Georg Philipp Telemannn (1681-1767) et Jean-Sébastien Bach (1665-1750).
Mazurka en do majeur op.56 no 2
Mazurka en do majeur op.56 no 2, Frédéric Chopin, Skip Sempé, clavecin (Hommage à Wanda Landowska)
Vers la fin du XVIIIe siècle commence une période de déclin pour le clavecin. L’instrument n’est plus adapté aux nouvelles tendances musicales. Alors que le piano (pianoforte) se développe, les clavecins sont remisés à l’état de mobilier.A l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, Erard et Pleyel En 1807, Ignace Pleyel (1757-1831), compositeur, éditeur de musique et facteur de pianos, fonde une manufacture de pianos et de harpes qui s’impose très vite comme la grande rivale d’Erard. présentent des clavecins modernes, construits sur les modèles d’instruments anciens ; le musicien Louis Diemer donne une série de concerts sur une copie faite par Pleyel.
L’instrument le plus emblématique est un clavecin muni d’un jeu de 16 pieds et de pédales construit par Pleyel pour la claveciniste Wanda Landowska. Née en Pologne, elle étudie le piano à Varsovie puis à Berlin.
Wanda arrive en France en 1900. Dès 1903, elle donne une série de concerts dans toute l’Europe sur un clavecin Pleyel qui la suit dans ses déplacements. Elle enregistre l’un des premiers 78 tours et publie en 1909 un ouvrage intitulé Musique ancienne, entièrement consacré au clavecin. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Wanda Landowska est contrainte de s’exiler aux Etats-Unis. Elle ne reviendra jamais en France.
Cette artiste a initié le renouveau du clavecin. Des compositeurs comme Manuel de Falla et Francis Poulenc ont écrit pour elle. À son initiative, des classes de clavecin se créent dans plusieurs pays d’Europe. Des compositeurs comme Manuel de Falla ou Poulenc recommencent à écrire pour le clavecin.
Des ateliers de facture s’ouvrent à l’étranger, notamment aux Etats- Unis, en Allemagne et en Angleterre ; des instruments sont conçus en kit ou en série. La France, quant à elle, ne suit le mouvement que plus tard : les facteurs restaurent les instruments anciens avant de les copier, en employant toutefois de nouveaux matériaux. En 1966, le Musée de la musique (alors Musée instrumental du Conservatoire) met en place un atelier où sont restaurés les clavecins, à l’initiative de Geneviève Thibault de Chambure, musicologue et collectionneuse. Les clavecins contemporains sont adaptés aussi bien aux répertoires anciens qu’aux nouvelles compositions.
Sonate K244 en si majeur
Sonate K244 en si majeur : allegro, Domenico Scarlatti, Aline Zylberajch, clavecin
Les décors qui ornent les instruments de musique depuis leur origine ont une fonction esthétique et sociale. Objets de divertissement, les instruments sont regardés autant qu’écoutés. Ils sont un élément du mobilier qui agrémente les salons de la noblesse, suivant le style en vogue.
Le clavecin se prête admirablement aux décors peints parce qu’il offre les larges surfaces de ses éclisses et de son couvercle. Chaque partie est ornementée, plus ou moins richement selon les époques et les pays.
La table d’harmonie reçoit souvent, en Flandres, des peintures à la détrempe Une peinture à la détrempe (ou a tempera) est composée de couleurs délayées dans de l’eau additionnée d’un liant (gomme, colle, œuf).
représentant des fleurs, des oiseaux, des insectes qui témoignent du commerce des fleurs et des oiseaux exotiques au XVIe siècle à Anvers. En France, la même technique est appelée « peinture en miniature ». Le nom du facteur apparaît fréquemment sur la table d’harmonie, comme élément composant de la rose, ou bien au-dessus du clavier.
Les éclisses et le couvercle portent un décor le plus souvent homogène et varié : du bois naturel ou noirci pour les clavecins français du XVIIIe siècle, aux peintures « faux marbre » des instruments flamands.
Mais l’intérieur du couvercle reste l’emplacement idéal pour des compositions plus grandes et plus élaborées, confiées très souvent à un maître ou un peintre de renom.
Les « décors à la chinoise » sont très en vogue dès la fin du XVIIe siècle, en France, puis en Allemagne et en Angleterre. La Chine et le Japon sont indistinctement associés. Des scènes peintes évoquent la vie quotidienne de ces deux pays sur fond laqué noir et rouge. Les artistes puisent leur inspiration dans des sources communes. Les scènes musicales antiques et bibliques occupent une place de choix. Le roi David, Apollon, Athéna, les Muses, les anges et les satyres musiciens, Amphion, Orphée, sont leurs sujets préférés. Les paysages, idéalisés, quelquefois fragmentés, sont composés de scènes champêtres, de danses, de motifs floraux, animaliers ou architecturaux. Ces « panneaux » sont quelquefois des copies d’après des œuvres de grands maîtres (Teniers, Breughel le Vieux…), ou des compositions originales. Les peintres spécialisés qui réalisaient les décors peuvent être soit rattachés à l’atelier, comme c’est le cas de la Guilde de Saint-Luc à Anvers, soit indépendants de la corporation, comme, en France au XVIIIe siècle, Doublet « Peintre et Doreur de clavecins et forte pianos ».