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L’opéra italien au XIXe siècle
L’opéra italien, de sa naissance au XVIIIe siècle
L’Italie est la terre de l’opéra. Il y naît au tout début du XVIIe siècle.
Inspirés par le théâtre grec, des compositeurs comme Monteverdi (1567-1643) recherchent l’alliance du texte et de la musique. C’est l’apparition de la monodie accompagnée : valorisant par des effets vocaux et instrumentaux le sens du texte et les sentiments, elle devient dès lors le style privilégié dans les opéras.
L’opéra se développe durant les deux siècles qui suivent, devenant un genre phare en Italie et en Europe. Afin de se concentrer sur l’action, compositeurs et librettistes unifient un style qui mêlait jusqu’alors le dramatique et le burlesque. Se distinguent peu à peu deux genres principaux : l’opera seria, « opéra sérieux » mettant en scène des personnages héroïques et des sujets mythologiques, et l’opera buffa, « opéra comique » plus léger qui s’inspire de scènes de vie de personnages ordinaires. Ce dernier prend son essor au début du XVIIIe siècle suite au succès du célèbre intermezzo de Pergolesi, La Serva padrona (créé en 1733, il est à l’origine en France de la querelle des Bouffons en 1752). C’est l’époque de l’opéra « à numéros » qui alterne recitativo secco, lieu de l’action théâtralePartie en prose, chanté dans un style déclamé afin de rendre le texte intellligible, le récitatif sec est seulement accompagné par quelques interventions d’une basse ou d’un clavier. et aria, lieu de l’expression des sentimentsL’aria est une pièce vocale plus développée, souvent de forme da capo (ABA'), qui laisse place à la virtuosité..
Mais, à l’aube du XIXe siècle, l’opéra italien cherche un souffle nouveau. Il lui sera apporté par une série de compositeurs qui sauront rester fidèles à cette grande tradition italienne, tout en la faisant entrer dans l’ère romantique.
Les apports de Gioacchino Rossini
Compositeur prolifique, Rossini (1792-1868) parvient, dès l’âge de 20 ansSon premier opéra à être représenté est la farce Le Contrat de mariage en 1810., à raviver l’opéra italien. Avec quarante opéras, il s’illustre dans tous les genres. En effet, s’il se fait d’abord remarquer d’abord pour ses farces et opere buffe (Le Turc en Italie, Le Barbier de Séville), il compose aussi avec brio des opere serie, appelés dramma ou melodramma (Tancrède, Armide, Moïse en Égypte). Rossini développe également des genres intermédiaires, entre tragique et comique, comme le dramma giocoso« drame joyeux » (L’Italienne à Alger, La Cenerentola) et l’opera semiseria. Il aborde même le « grand opéra à la française » avec son dernier opéra Guillaume Tell.
Rossini fait progressivement évoluer les formes, apportant une continuité dramatique à l’opéra. Il abandonne le recitativo secco pour un récitatif accompagné par tout l’orchestre et se détache de l’alternance récitatif - aria da capo. Il introduit également de plus en plus d’ensembles et de chœurs.
Le compositeur se distingue aussi par son art du bel canto : c’est mettre en valeur la voix des interprètes d’une manière virtuose (vocalises et ornementations, maîtrise du souffle) mais tout en servant l’expression par la variété du timbre et des couleurs. Le public est friand de ces moments de démonstrations vocales qui viennent, outre la performance technique, émouvoir l’auditeur. Désirant maîtriser la théâtralité musicale jusqu’au bout, le compositeur écrit chaque notes, même pour le répertoire comique qui laissait jusque-là place à l’improvisation. Il donne aussi à l’orchestre un rôle prépondérant : intensité rythmique, grands crescendos (caractéristique qui lui vaudra le surnom de « Monsieur crescendo »), contrastes de nuances ou de timbres, développement des parties de vent, écriture instrumentale virtuose.
Gaetano Donizetti et Vincenzo Bellini
Quasi contemporains de Rossini, Donizetti (1797-1848) et Bellini (1801-1835) poursuivent dans sa voie. Ils s’inspirent de son art du bel canto tout en cherchant à purifier la ligne mélodique pour en aiguiser encore l’émotion. Tous deux morts prématurément, ils eurent une carrière assez brève, mais marquèrent leur époque avec des œuvres aux styles presque opposés. Là où Donizetti compose avec aisance, rapidité et s’inspire de mélodies populaires, Bellini travaille longuement ses mélodies, suaves et raffinées. Chez ce dernier, l’orchestre se met au service du chant, dans des accompagnements discrets mais valorisant les chanteurs. Sa musique inspire les compositeurs romantiques, en particulier Frédéric Chopin. Donizetti laisse plus de soixante-dix opéras (Lucia di Lammermoor, L’Elixir d’amour, Maria Stuarda, La Fille du régiment...), Bellini, à peine plus de dix (parmi eux Norma dont est extrait le fameux air « Casta Diva »).
Giuseppe Verdi
Verdi (1813-1901) est l’une des figures les plus emblématiques de toute l’histoire de l’opéra. Ses œuvres marquent sans doute l’apogée de l’opéra romantique italien auquel il ajoute une nouvelle dimension. Elles reflètent son implication politique pour le peuple, autant dans ses sujets que dans son désir d’écrire une musique qui ne serait pas réservée à une élite. « Va pensiero », le chœur des esclaves extrait de Nabucco, composé à une époque de domination autrichienne, est devenu un véritable hymne à la liberté pour les Italiens. Le nom même de VerdiViva V.E.R.D.I. = Viva Vittorio Emanuele Re D’Italia est utilisé comme symbole dans la lutte pour l’unification et l’indépendance du pays.
Verdi participe à l’élaboration de ses livrets, très souvent tirés de la littérature : Shakespeare (Macbeth, Otello, Falstaff), Victor Hugo (Ernani, Rigoletto), Schiller (Luisa Miller, Don Carlos), Alexandre Dumas fils (La Traviata). Les grandes fresques historiques inspirent également le compositeur (Nabucco, Les Vêpres siciliennes, Aïda) : il y puise des thèmes explorant profondément l’âme humaine. Dans toutes ces œuvres, Verdi efface de plus en plus le clivage entre les formes fixes de chant (récitatif, aria, ensemble) pour une plus grande continuité dramatique.
Le vérisme et le tournant du siècle
Influencé par le courant naturaliste en littératureZola en France, le vérisme, qui apparaît à la fin XIXe siècle, aspire à décrire la réalité vécue par le peuple, à peindre une tranche de vie
. Les principaux exemples d’opéras véristes sont Cavalleria rusticana (1890) de Pietro Mascagni et I Pagliacci (1892) de Ruggero Leoncavallo, deux drame autour de l’amour et de la jalousie.
Giacomo Puccini (1858-1924) parachève ce siècle d’opéra italien avec des musiques au lyrisme inégalé. Certaines de ces œuvres comme Manon Lescaut, La Bohème ou Tosca s’inscrivent dans le courant vériste. Héritier de toute cette évolution, il s’ouvre à un nouveau langage, imprégné d’exotisme (Madame Butterfly, Turandot). Il s’approche ainsi de la modernité de Debussy et aussi de Wagner, en développant l’idée de la mélodie continue qui vient progressivement effacer la division musicale traditionnelle de l’opéra à numéros, déjà estompée chez Verdi.
Auteure : Aurélie Loyer