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Lakmé Léo Delibes
Carte d’identité de l’œuvre : Lakmé de Léo Delibes |
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Genre | opéra |
Librettistes | Edmont Gondinet et Philippe Gille, d’après la nouvelle de Pierre Loti Rarahu ou Le Mariage de Loti |
Composition | entre 1881 et 1883 à Paris |
Création | le 14 avril 1883 à l’Opéra Comique à Paris |
Forme | opéra en trois actes |
Instrumentation | bois : 2 flûtes (aussi piccolos), 2 hautbois (dont un aussi cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 cornets à piston, 3 trombones, 1 ophicléide ou 1 tuba percussions : timbales, grosse caisse, cymbales, triangle, cloche, tambour de basque, tambourin, crotales, petites timbales, jeu de timbres cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses instruments joués sur scène : fifres et tambours (acte II ) ; 1 flûte, 1 hautbois, 1 clarinette, 2 cors, triangle, petites cymbales, tambour de basque (acte III) |
Genèse
Le livret de Lakmé a été rédigé par Edmond Gondinet et Philippe Gille. Il est inspiré de la nouvelle Le Mariage de Loti (Rarahu) écrite par Pierre Loti à la suite d’un voyage à Tahiti. Pourtant, à part le cadre orientalisant, Le Mariage de Loti ne semble pas entretenir de liens évidents avec l’argument de Lakmé. De récentes recherches évoquent d’autres sources probables et notamment Les Babouches du Brahmane, scène de la vie anglo-hindoue, un récit publié en 1853 par Théodore Pavie dans son ouvrage Scènes et récits des pays d’outre-mer.
L’œuvre musicale de Delibes a été créée le 14 avril 1883 à l’Opéra Comique à Paris, devant Meilhac et Halévy (librettistes de Carmen de Bizet) notamment.
L’argument
Acte I
Dans le jardin d’un temple hindou, Nilakantha, brahmane et père de Lakmé, invoque la vengeance des dieux contre l’occupant anglais. Il part et laisse sa fille seule. Attisé par la curiosité, un groupe d’anglais (Ellen, Rose, leur gouvernante Mistress Bentson et deux officiers britanniques, Gérald et Frédéric) décide de pénétrer dans le jardin sacré. Gérald, qui s’attarde sur les lieux, rencontre Lakmé, pourtant censée vivre loin de tout regard. Ils tombent sous le charme l’un de l’autre. Gérald doit partir, et Lakmé assiste à la fureur de son père.
Acte II
Sur la place du marché, Nilakantha essaye de démasquer le blasphémateur tandis que Lakmé implore son indulgence. Ils se déguisent en mendiants et Nilakantha oblige sa fille à chanter pour attirer le profanateur. Lorsqu’elle aperçoit Gérald, elle s’évanouit. Celui-ci accourt mais est démasqué. Ils se jurent fidélité à vie, avant que le brahmane n’accomplisse sa vengeance et poignarde Gérald.
Acte III
Dans la forêt, Lakmé veille Gérald. Elle se rend à la source sacrée pour puiser de l’eau afin de bénir leur couple. Frédéric, ami de Gérald, survient et lui rappelle qu’il doit partir à la guerre, qu’il en va de son honneur de soldat. Lakmé, à son retour, comprend que quelque chose a changé en Gérald et qu’il est attiré par la fanfare militaire. Elle décide de se suicider et meurt dans les bras de Gérald.
Les personnages et leur voix
- Lakmé, fille du brahmane Nilakantha, soprano
- Mallika, esclave de Lakmé, mezzo-soprano
- Ellen, dame anglaise, soprano
- Rose, dame anglaise, soprano
- Mistress Bentson, leur gouvernante, mezzo-soprano
- Gerald, officier anglais, ténor
- Nilakantha, prêtre brahmane, père de Lakmé, baryton-basse
- Frédéric, officier anglais, baryton
- Hadji, serviteur de Nilankantha, baryton
Airs caractéristiques
Cet opéra comporte des airs devenus célèbres comme le Duo des fleurs (entre Lakmé et Mallika sa servante lors du 1er acte) :
ou bien l’Air des clochettes (chanté par Lakmé dans le 2e acte), reconnu pour sa virtuosité (cf.variante) :
L’œuvre est emprunte d’orientalisme, traduit par de nombreux mélismes et par l’usage de la seconde augmentée. D’autre part, Delibes a souvent recours à l’ostinato comme processus structurant.
Focus : quintette « Quand une femme est si jolie »
Ce quintette vocal, chanté par Ellen, Rose, Gerald, Frédéric et Mistress Bentson, est situé dans le 1er acte. Les Anglais sont dans la forêt sacrée et s’interrogent sur les rituels des hindous et la place qu’ils confèrent à la femme, notamment le fait que Lakmé doive vivre cachée. Frédéric, à la différence de ses amis, voit et respecte les différences entre asiatiques et européens.
Un dialogue s’instaure entre les cinq personnages dans un allegretto vivo en mib majeur qui témoigne de leur étonnement et de leur surprise. Retentit alors un tutti homorythmique (« Ah! Beaux faiseurs de système »), mais Frédéric crée la poly-textualité en contredisant toutes les affirmations de ses semblables (« je hais tous les systèmes »).
Cette première partie se conclut sur un « fort heureusement » collectif forte, qui n’a cependant pas le même sens pour tous.
S’ouvre une seconde partie, plus proche d’un récitatif, dans laquelle Ellen propose de chercher Lakmé. Frédéric l’en défend et répond par une mélodie modulante qui laisse paraître son émoi. Le dialogue qui suit est très ironique et prend un ton railleur et péremptoire par l’utilisation de phrases quasi psalmodiées.
La scène se ferme sur une dernière réplique de Frédéric laissée en suspens par une demi-cadence dans la tonalité de sol mineur.
Auteure : Anne Thunière