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Danses slaves Antonín Dvořák
Carte d’identité de l’oeuvre : Danses slaves de Antonín Dvořák |
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Genre | musique symphonique |
Composition | Danses n° 1 à 8, op. 46 : en 1878 Danses n° 9 à 16, op. 72 : entre 1886 et 1887 |
Forme | deux suites de danses, de huit pièces chacune |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, triangle, cloche (uniquement dans la danse n° 16) cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Dans la lignée de Johannes Brahms
Dvořák compose les Danses slaves sur l’invitation de l’éditeur Simrock. Ce dernier espère sans doute renouveler l’expérience lucrative des Danses hongroises de BrahmsBrahms était très attiré par la musique tzigane depuis sa rencontre avec le violoniste hongrois Edouard Remenyi, à l’âge de dix-neuf ans. qu’il a éditées une dizaine d’années plus tôt. Brahms et Dvořák sont amis. Ils se sont rencontrés vers 1875 à l’occasion d’un concours où le premier était membre du jury et le second candidat. Sous l’impulsion de Brahms, Simrock avait d’ailleurs accepté d’éditer un premier recueil du jeune compositeur tchèque, une série de Chants moravesquatre lieder pour soprano et ténor, premier opus d’une série de quatre, qui avait suscité un vif intérêt en Allemagne. Pour Dvořák, ces Danses slaves sont l’occasion d’exprimer sa passion pour la musique populaire de son pays. Brahms précise lui-même qu’il a plus « arrangé » que composé ses Danses hongroises mais Dvořák, lui, emploie son talent de compositeur et d’orchestrateur à sublimer une musique encore méconnue.
Dvořák compose la première série de huit danses, l’Opus 46, en 1878. Face au succès qu’elles rencontrent, Simrock presse le compositeur de produire un second cahier de danses. Mais Dvořák ne trouve pas cette idée à son goût et répondlettre de Dvořák à Simrock, 1er janvier 1886 à son éditeur qu’il est diablement difficile d’écrire deux fois la même chose
. Il ne compose l’opus 72 qu’en 1886. Les deux opus ont été initialement écrits pour piano à quatre mains avant d’être orchestrés.
Ces danses remporteront un succès retentissant en Allemagne et à l’étranger, et contribueront grandement à la notoriété internationale de Dvořák.
Des danses slaves ?
La question des origines slaves de ces danses peut être posée pour deux raisons. La première est que Dvořák s’inspire de danses existantes, tout en composant des oeuvres entièrement personnelles. C’est justement là son talent : savoir recréer l’esprit du folklore slave à travers des œuvres totalement originales. L’autre raison tient dans la définition même du mot slave. En effet, le peuple slave est réparti dans différentes régions d’Europe. Dans l’Opus 46, Dvořák utilise essentiellement des danses tchèques. Seule la deuxième danse, une doumka, est d’inspiration ukrainienne. Les danses de l’Opus 72 sont d’origines beaucoup plus diverses - tchèques, ukrainiennes, russes, slovaques, polonaises - et témoignent d’une vision plus large de l’esprit du folklore slave.
Focus sur quelques danses
Focus sur les Danses n° 1 et 8, op. 46
Ces deux danses sont des furiantsLa furiant est une danse très énergique de Bohême ayant comme caractéristique de faire alterner des mesures à deux temps et à trois temps.. Ouvrant et refermant cette première série, elles ont comme point commun d’être les seules à commencer dans une nuance fortissimo. Leur mouvement, presto, est le plus vif des huit danses. Elles s’opposent cependant par leur ton : la Danse n° 1 débute sur la tonalité brillante de do majeur, alors que la Danse n° 8 conclut ce cycle en sol mineur, une tonalité plus dramatique apportant un caractère combattant, évoquant peut-être l’esprit de révolte du peuple tchèque.
Focus sur la Danse n° 2, op. 72
L’Opus 72 se différencie de l’Opus 46 par le style plus mature et plus réfléchi du compositeur. Pour cette danse Allegretto grazioso, Dvořák mêle deux musiques de différentes origines : une mazurka, danse polonaise, et une doumka. La doumka est une pièce ukrainienne en trois parties, au caractère rêveur et lyrique. Dvořák entretient cette atmosphère de douceur pendant toute la durée de la danse, grâce à un orchestre qui ne comporte ni trombone ni trompette.
Auteure : Aurélie Loyer