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Manuel Rocheman (1964-)
Pianiste doué qui fut longtemps considéré comme le « dauphin » de Martial Solal, Manuel Rocheman s’est distingué par une évidente virtuosité et un sens aigu de l’harmonie qui en font un pianiste raffiné particulièrement à son aise dans le cadre d’un trio.
Parrainé par Martial Solal
Né le 23 juillet 1964 à Paris, issu d’une famille musicienne, Manuel Rocheman est formé au CNR de Paris où il étudie auprès de Alberto Neuman, l’un des rares disciples d’Arturo Benedetti Michelangeli. Il découvre le jazz grâce à un disque d’Oscar Peterson dont il revendique l’influence, ainsi que Phineas Newborn et Martial Solal avec lequel, à partir de 1980, il parfait un apprentissage du jazz entamé auprès de Michel Sardaby. À l’occasion d’un séjour à New York, il fait, encore adolescent, la connaissance de Tommy Flanagan. Son oreille s’enrichit à l’écoute des trios de Bill Evans, Keith Jarrett, Tete Montoliu et Chick Corea. Ayant formé son premier trio en 1983, fraîchement diplômé, il se présente l’année suivante au Concours national de jazz de La Défense où il remporte un premier prix de soliste. Peu après, il joue en public des pièces que Solal et lui ont composées. Forte de ce parrainage – et du prix que le pianiste reçoit en 1989 à l’issue du premier concours Martial-Solal de la Ville de Paris – la carrière de Manuel Rocheman prend alors une véritable dimension professionnelle.
En trio
Entre 1990 et 2000, Manuel Rocheman signe cinq albums, tous en trio, avec des sections rythmiques différentes : l’un des plus remarqués le présente avec le contrebassiste George Mraz (avec qui il entretient une relation amicale) et le batteur Al Foster. Il semble particulièrement à son aise dans cette configuration où l’élocution précise de ses idées et son attention scrupuleuse aux cheminements harmoniques peuvent se déployer à l’envie : C’est là que je me sens le mieux. Le trio ouvre sur la multiplicité des échanges. C’est une ouverture sur le monde. Je pense, d’une manière générale, que le trio reste le format d’expression idéal pour le piano
. De l’influence de Martial Solal, dont il a été le seul « élève », et qui demeure perceptible dans son goût du trait et de la variation, Manuel Rocheman parle en ces termes : Martial m’a ouvert les portes de l’harmonie. Il m’a appris l’exigence, la volonté du renouvellement permanent, l’art de la surprise et beaucoup d’autres choses
. Comme son maître, Rocheman affirme son talent en se confrontant aux règles du jeu triangulaire et en travaillant dans le respect des formes pour mieux stimuler son sens de l’improvisation. Son expérience de l’improvisation libre auprès du contrebassiste Didier Levallet le conforte dans ses orientations esthétiques. Outre des compositions personnelles, il s’applique de plus en plus fréquemment à l’interprétation de standards en ayant le soin d’en proposer des versions renouvelées : L’intérêt n’est pas le standard en lui-même mais ce qu’on en fait en triturant les grilles harmoniques, en transposant les tonalités
, explique-t-il.
Entre solo et expérience orchestrale
Parallèlement à son activité en trio, Manuel Rocheman se fait régulièrement entendre au sein des différents groupes du contrebassiste Jacques Vidal depuis 1996, et dans le quintette du saxophoniste Sylvain Beuf. Au début des années 1990, il avait également joué et enregistré avec Anthony Ortega lors des séjours européens du saxophoniste et dans le Big Band Lumière de Laurent Cugny. Alors qu’il dirige l’Orchestre national de jazz, ce dernier lui commande une œuvre, San Felipe, qui est créée au festival de Radio France et Montpellier par l’ONJ et l’Orchestre philharmonique de Montpellier. En 2003, suite à plusieurs récitals dans des festivals de musique classique où il s’est produit seul, Manuel Rocheman enregistre un album en solo (Alone at Last). On l’entend également dans le Caratini Jazz Ensemble et avec l’International Jazz Orchestra constitué par le trompettiste Dusko Goykovich.
Auteur : Vincent Bessières
(mise à jour : juillet 2005)