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Musiques de Trinité-et-Tobago Contexte culturel
Le pays
Les îles de Trinité-et-Tobago (5 128 km2) abritent environ 1 300 000 habitants à l’extrême sud des Caraïbes. Leur peuplement très cosmopolite s’explique par leur histoire politique :
- Ve siècle av. J.C. : présence attestée d’amérindiens à Trinité.
- 1498 : découverte de l’île par Christophe Colomb. Trinité devient espagnole. La population précolombienne (Arawaks, Caribs) est progressivement décimée par les colonisateurs. Peu peuplée, Trinité sera longtemps moins exploitée que les autres îles de la région.
- Fin XVIIIe : pour accroître la main d’œuvre, les colons espagnols encouragent la venue de planteurs d’origine française et de leurs esclaves africains en provenance des Antilles. Devenus majoritaires, les immigrants diffusent des éléments culturels tels que la langue créole, le carnaval et certaines formes musicales.
- 1797 : Trinité devient britannique.
- 1838 : abolition de l’esclavage.
- 1845 : pour faire baisser le coût de la main d’œuvre, les colons font venir massivement des immigrants d’Inde (jusqu’en 1917) et aussi d’Afrique, du Venezuela ou d’autres îles des Caraïbes (immigration poursuivie durant le XXe siècle) et même marginalement de Chine. Aujourd’hui, les descendants d’immigrés indiens (40%) ont souvent gardé des activités agricoles, tandis que les descendants africains (39%) sont plutôt devenus ouvriers et artisans. Tous ont accès à la classe moyenne – longtemps occupée par les métis (18%) – mais plus difficilement à la gestion des ressources naturelles et des nombreuses industries de ce pays.
- 1899 : Tobago est rattachée à Trinité.
- 1962 : Trinité-et-Tobago devient une république indépendante.
Musiques de la communauté d’origine indienne
Venus le plus souvent du nord de l’Inde (Uttar Pradesh et Bihar), les Indiens ont perpétué leur vie culturelle en pratiquant leurs langues (hindi, bhojpuri), leurs religions (hindouisme, islam) et leurs musiques. Aujourd’hui, certaines de ces traditions ne sont plus pratiquées que par des personnes âgées et sont donc menacées.
Des répertoires musicaux ponctuent le cycle de la vie (chants de naissance, mariage) et celui des saisons. D’autres chants sont liés à la religion hindoue, comme les bhajan, les kali puja ou l’épopée du Ramayana. Appelés aussi tan singing, ces chants sont accompagnés d’instruments indiens variés allant des tablas à l’harmonium.
Les musulmans chiites ont perpétué une procession annuelle appelée Hosay, célébrant le martyr Hussein. Des groupes de tassa drum, ensembles de membranophones, défilent dans la rue devant des temples miniatures multicolores sur roulettes, jetés ensuite dans une rivière. Mêlant des musiciens d’origine indienne et africaine, la festivité a été influencée par le carnaval.
Les films indiens ont diffusé la musique populaire indienne à Trinité. Appelée chutney, cette musique très appréciée des jeunes générations a adopté des instruments modernes et s’est aussi mêlée au calypso.
Musiques de la communauté d’origine africaine
Les habitudes culturelles des afro-trinidadiens sont très créolisées en raison de leurs origines variées et du contexte oppressif de l’esclavagisme. C’est ainsi que les musiques (chants avec ou sans tambours) des religions syncrétiques telles que les spiritual baptists, shango baptists, orishas qui accompagnent des rites de possession, mêlent à la fois des influences africaines (notamment yoruba) et chrétiennes.
Lors de certaines fêtes, chants et tambours accompagnent le stickfighting« Combat de bâton ». Comme la capoeira au Brésil, il s’agit d’une danse pugilistique, c’est-à-dire d’une joute dansée. Les deux rivaux s’affrontent avec des bâtons sur une musique polyrythmique et des chants responsoriaux. ou des danses comme le bele (issu du bel-air des Antilles françaises). À Tobago, les tambrin bands (violon, tambours sur cadre, triangle) peuvent accompagner des rites et animent les réjouissances par des quadrilles, gigues, etc. À Noël, le parang – d’influence vénézuélienne – est chanté avec guitare, mandoline, cuatro, maracas... Autrefois entonné de porte à porte, il est maintenant entendu en concert et peut être repris par des steelbands.
Nés avec l’urbanisation, le calypso et les pans furent institutionnalisés par le gouvernement et se produisent aujourd’hui – comme l’ensemble du carnaval – lors de très grandes compétitions nationales. En plus de ces concours, le carnaval voit défiler des mas bands« Mas », du français « mascarade », signifie « costume de carnaval ». « To play mas » veut dire « se déguiser et défiler pour le carnaval ». Un mas band est donc un groupe pouvant atteindre des centaines, voire milliers de personnes, au sein duquel les gens sont déguisés sur une thématique et un style commun. au son de sound systemSystème de diffusion de musique enregistrée muni de gros et puissants haut-parleurs, pouvant défiler sur un char pendant le carnaval en émettant de la soca., de steelbands, de rhythm bandsOrchestre polyrythmique composé de tambours, d’instruments de récupération métalliques et éventuellement d’une trompe. et parfois de tamboo-bamboosGros bambous pilonnés et percutés en une polyrythmie agrémentée d’instruments de récupération métalliques, accompagnant des chants responsoriaux., durant 48 heures. Bien qu’issues de communautés d’origine africaine, ces pratiques se sont étendues à l’ensemble de la population et en dehors du temps du carnaval.
Auteure : Aurélie Helmlinger