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Serenade op. 31 Benjamin Britten
Carte d’identité de l’œuvre : Serenade op. 31 de Benjamin Britten |
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Genre | musique vocale : mélodie |
Texte | textes de Charles Cotton, Alfred Tennyson, William Blake, Ben Jonson, John Keats |
Composition | en 1943 à Londres |
Dédicace | To Edward Sackville-West |
Création | le 15 octobre 1943 à Wigmore Hall, à Londres, par Peter Pears (ténor) et Dennis Brain (cor) |
Forme | cycle composé de six mélodies encadrées par un prologue et un épilogue instrumentaux : 1. Prologue 2. Pastoral, sur un poème de Charles Cotton 3. Nocturne, sur un poème d’Alfred Tennyson 4. Elegy, sur un poème de William Blake 5. Dirge, sur un poème anonyme 6. Hymn, sur un poème de Ben Jonson 7. Sonnet, sur un poème de John Keats 8. Epilogue |
Instrumentation | voix soliste : ténor cor soliste orchestre à cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
En revenant de son exil aux États-Unis, Britten est atteint d’une maladie respiratoire qui l’oblige à être hospitalisé plusieurs semaines. C’est à ce moment qu’il compose la majeure partie de la Serenade, travaillant en même temps au livret de son opéra Peter Grimes. C’est le corniste Dennis Brain qui lui a suggéré cette composition.
La Serenade est donnée pour la première fois au Wigmore Hall de Londres, le 15 octobre 1943. Peter Pears, l’ami de Britten, est le ténor solo, tandis que Dennis Brain joue le cor. Britten enregistre la pièce avec les mêmes interprètes et le Boyd Neel Orchestra un an plus tard, puis de nouveau en 1963 avec le London Symphony Orchestra et Barry Tuckwell au cor.
Pour composer sa Serenade, Britten sélectionne six poèmes d’auteurs britanniques, sur le thème de la nuitUne sérénade est une musique jouée le soir ou la nuit, en l'honneur de quelqu’un., traitant à la fois son côté apaisant et calme, et son aspect inquiétant.
Focus sur quelques pièces du cycle
Prologue
Le Prologue est joué par le cor seul, ce qui donne beaucoup de mystère et de solennité à la pièce. Britten spécifie dans la partition que le corniste ne doit utiliser, pour jouer le Prologue et l’Épilogue, que les harmoniques naturelles de l’instrument : il ne doit pas utiliser les pistons mais jouer le cor comme un instrument ancien, seulement à l’aide de la tension des lèvres. Ainsi, certaines notes apparaissent fausses à l’auditeur, renforçant l’aspect étrange de la composition.
Le Prologue est une simple phrase en trois temps :
- le cor débute dans la nuance piano, presque sur la pointe des pieds. Des soufflets (nuance crescendo-decrescendo) semblent traduire une certaine hésitation ;
- puis l’instrument s’affirme dans un crescendo et un mouvement plus animé, jusqu’au point culminant de la pièce ;
- enfin, il se calme, redevient doux, lent, et grave.
Pastoral
Dans la mélodie intitulée Pastoral, la musique se met au service du texte. On y distingue trois parties. Dans la première, le poète décrit le déclin du jour. La lourdeur et la lenteur du soleil couchant sont rendues par le tempo très lent et la discrétion des cordes. Le déclin du soleil est figuré par un mouvement descendant de la voix, prolongé par celui du cor.
La deuxième partie illustre l’aspect étrange et curieux de ce qui est raconté. À partir de l’évocation de « l’éléphant », qui n’est en fait qu’une fourmi, l’instrumentation change : l’orchestre joue en pizzicatos discrets. La voix ne tient plus ses fins de phrases, ce qui permet aux dernières consonnes de la phrase de résonner dans un effet presque comique. Enfin, lorsque tous ces personnages nocturnes s’assoient, l’orchestre reprend les archets, le cor le soutenant sur une note grave, tandis que la voix se fait de nouveau lyrique. Le cor conclut seul sur les quatre premières notes entonnées par la voix au début de la pièce, qui sonnent comme un refrain.
Texte du poème de Charles Cotton
The day’s grown old ; the fainting sun
Has but a little way to run,
And yet his steeds, with all his skill,
Scarce lug the chariot down the hill.
The shadows now so long do grow
That brambles like tall cedars show ;
Mole hills seem mountains, and the ant
Appears a monstruous elephant.
A very little, little flock
Shades thrice the ground that it would stock ;
Whilst the small stripling following them
Appears a mighty Polypheme.
And now on benches all are sat,
In the cool air to sit and chat,
Till Phoebus, dipping in the West
Shall lead the world the way to rest.
Le jour se fait vieux ; le soleil déclinant
n’a qu’un court chemin à parcourir ;
malgré tout son art, ses fiers destriers
tirent à peine son char vers le bas de la côte.
Les ombres désormais sont si longues
que les ronces se dressent telles de hauts cèdres.
Des taupinières paraissent des monts, et la fourmi semble un colossal éléphant.
Un tout petit, petit troupeau
couvre d’une ombre triple le sol qu’il occupe,
tandis que le gamin venant après lui
a l’allure d’un puissant Polyphème.
Et maintenant tous s’installent sur les bancs
pour s’asseoir et bavarder dans l’air frais,
jusqu’à ce que Phébus, disparaissant au couchant,
montre au monde la voie du repos.
Auteure : Bérénice Blackstone