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Sylvain Luc (1965-2024)
Guitariste virtuose, unanimement salué pour son aisance confondante sur un instrument dont il se plaît à explorer tous les modes de jeu avec inventivité, Sylvain Luc a imposé dans le jazz l’originalité de son talent dont l’une des lignes de force est son amour de la chanson sous toutes ses formes et, particulièrement, son attachement aux mélodies populaires françaises.
Le folklore basque
Né le 7 avril 1965 à Bayonne, Sylvain Luc découvre la guitare vers l’âge de quatre ans mais en l’absence de classe dédiée à cet instrument au conservatoire de Bayonne, il suit un enseignement au violon, avant de porter sa préférence sur le violoncelle. Sous l’influence de ses frères aînés, il s’initie aux airs traditionnels basques : Gérard, accordéoniste, lui inculque le sens de la danse, et Serge, batteur, le familiarise avec le jazz. À dix ans, il enregistre avec eux un disque de folklore et commence à « faire le métier » dans les bals locaux (adultes, ils se retrouveront en 1999 pour l’album Nahia enregistré dans une école de leur pays). Remarqué avec son Bulle Quintet au festival de San Sebastian en 1982, il travaille avec des musiciens de la région, dont la chanteuse Marie-Ange Damestoy, distinguée à Bourges en 1987.
Artiste polyvalent
Installé à Paris en 1988, Sylvain Luc développe une activité professionnelle dans le domaine de la chanson (Moustaki, Patrick Bruel, Catherine Lara, Michel Jonasz), accompagne le chanteur argentin Jaïro, tout en nouant de nombreux liens dans le milieu du jazz (Eric Le Lann, Jean-Pierre Como, Sylvin Marc, Francis Lassus), où il lui arrive parfois d’être sollicité comme bassiste électrique (Richard Galliano, Louis Winsberg). Sa polyvalence et l’éventail de ses références, qui embrassent la tradition de la guitare jazz (Joe Pass, John Scofield), certains compositeurs classiques, la musique brésilienne (Baden Powell) mais aussi une culture instrumentale marquée par le son du rock (Allan Holdsworth, Jeff Beck, John McLaughlin) sans négliger son ancrage basque, lui permettent de répondre à de nombreuses sollicitations, comme accompagnateur mais aussi compositeur et arrangeur, provenant du monde de la variété, du spectacle ou de l’image animée. Il reste un habitué des clubs de jazz parisiens, Baiser salé et Sunset, où il se plaît à jouer souvent en solo (album Piaïa, 1993) ou en duo avec ses confrères, notamment Louis Winsberg (album Petit déjà, 1994) et Biréli Lagrène (album Duet, 1999).
Musicien improvisateur
Le grand public le découvre principalement au travers de son duo avec le trompettiste Stéphane Belmondo (album Ameskeri, 1999) et comme membre du trio Sud qu’il forme avec André Ceccarelli et Jean-Marc Jafet avec lequel il tourne et enregistre (Sud, 2000 ; Trio Sud, 2002 ; Young and Fine, 2008). Il développe parallèlement une carrière en son nom, marquée par la parution des disques Ambre (2003) entièrement en solo et Joko (2006) avec divers invités. Plus que jazzman attaché à une tradition et à ses codes, il se revendique musicien improvisateur, hors des filiations stylistiques, développant une approche ludique qui semble se refuser à toute linéarité trop grande, variant les timbres, les dynamiques et les modes de jeu, en incluant, notamment, une forte dimension percussive. Privilégiant le registre acoustique, alternant cordes nylon et acier, Sylvain Luc développe ainsi une palette d’effets « naturels » qu’il met au service d’un florilège de chansons, tubes pop, mélodies traditionnelles, thèmes de jazz dont il se plaît à modifier les contours (album Standards, 2009), quand il ne se livre pas au jeu de l’improvisation « totale », laissant advenir ce qui, spontanément, surgit sous ses doigts ou naît de l’échange impromptu avec des musiciens comme Michel Portal avec lesquels il se prête volontiers au dialogue.
Auteur : Vincent Bessières
(mise à jour : juin 2013)