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Fiche thématique
Quelques instruments de musique du Mali
Contexte culturel
Les instruments et leur appartenance
Au Mali, les instruments de musique surprennent par leur immense diversité et témoignent de la vivacité de la tradition. Les quatre familles d’instruments y sont représentées : les instruments à cordes (comme le luth koni ou ngoni), à vent (comme les flûtes, les hautbois et les trompes), les tambours (dont les plus connus sont sans doute le djembé et le doundoun), ainsi que la famille très variée des instruments qu’on appelle les idiophonesAppartiennent à la famille des « idio-phones » (« sonnant par soi-même ») les instruments dont tout le corps sonne pour produire le son (autrement dit, ils ne sonnent par l’intermédiaire ni d’une corde, ni d’une membrane, ni d’une colonne d’air).. Dans ce groupe on trouve notamment le xylophone bala, mais aussi les hochets, les cloches et les racleurs.
Traditionnellement, l’instrument de musique est l’apanage des hommes. Les femmes excellent en chant et peuvent s’accompagner seulement d’un nege, un tube en fer avec une longue fente portant des encoches, frappé et frotté à l’aide d’une baguette métallique.
Un groupe socio-professionnel ou une communauté locale peut posséder des instruments de musique spécifiques qui les démarquent d’un autre groupe. Ainsi, les instruments de type harpes-luths, originaires de l’Afrique de l’Ouest, sont représentés par une douzaine de variantes dont la construction mêle les traits de la harpe instrument doté de cordes attachées à une caisse de résonance, tendues perpendiculairement de la caisse jusqu’à un manche et pincées à vide avec ceux du luth Catégorie d’instruments à cordes dotés d’un manche qui prolonge une caisse de résonance sur le même plan ; les cordes sont situées parallèlement à la caisse de résonance et passent par un chevalet entre la base de la caisse et un point du manche, elles sont pressées sur le manche avec les doigts pour changer la hauteur du son.. Les plus grands sont les bolon, à trois ou quatre cordes, associés aux guerriers. Les chasseurs malinkéPopulation du Mali, également présente en Guinée et en Gambie et marginalement aussi dans d’autres pays limitrophes, issue du Mandé, berceau de l’empire du Mali (XIIIe siècle). Voir la carte dans un nouvel onglet, organisés en confréries, ont leurs propres musiciens, les sora, qui ne sont pas griots mais jouent le simbi, une harpe-luth similaire à la kora, mais dotée de sept cordes. Une autre harpe-luth, donso ngoni, à six cordes, est utilisée par les chasseurs de la région du Wassoulou (au sud du Mali). La musique et les instruments des chasseurs, associés à la sorcellerie et à l’animisme, représentent la couche la plus ancienne de la tradition malinké : leurs origines remontent probablement à une époque avant la fondation de l’empire du Mali et avant l’arrivée de l’Islam. Les luths de chasseurs sont les ancêtres de la kora, le membre le plus illustre de cette famille et instrument traditionnellement réservé aux griots.
La kora
La kora est fabriquée à partir d’une moitié de calebasse que l’on recouvre de peau animale. Ce corps constitue une caisse de résonance qui est percée par un bâton qui sort aux deux extrémités et sert à la fois de manche et de pique (comme le violoncelle). Les cordes attachées au manche passent par des trous ou des encoches des deux côtés d’un chevalet qui prend appui sur la peau. Il y a onze cordes pour la main gauche et dix pour la main droite. Le joueur pince les cordes avec les index et les pouces, les autres doigts tiennent les poignées. La technique de jeu de la kora demande une excellente coordination : tandis que les pouces de deux mains jouent l’accompagnement (appelé le kumbengo), les deux index partagent entre eux la mélodie, tout cela en polyrythmie et polyphonie. Les meilleurs joueurs de kora font preuve d’une virtuosité vertigineuse, avec des techniques très développées de variation et d’improvisation, souvent dans un tempo très rapide.
Développements modernes
Au siècle dernier, la kora, très appréciée par le public avec sa sonorité claire et ses possibilités techniques de jeu très avancées, est devenue un instrument phare de l’Afrique de l’Ouest et même un ambassadeur de l’Afrique sur la scène mondiale. L’instrument a subi des modernisations et a su s’adapter aux genres de musique contemporaine, du jazz au zouk, à la soul et au reggae, et se glisser également dans les ensembles avec guitares, synthétiseurs et saxophones. D’un autre côté, les nouvelles musiques urbaines qui se développent sur la terre malinké ne dédaignent pas les traditions. En témoigne un nouvel instrument kamalen ngoni – « ngoni pour les jeunes », un dérivé de la harpe des chasseurs donso ngoni, qui est apparu dans la musique pop Wassoulou et a rapidement acquis une renommée internationale.
Auteure : Olga Velichkina