Accueil / Boîtes à outils / Les Aventures de Robin des bois / Robin des bois, du XIIIe siècle à aujourd’hui
script
Page découverte
Fiche thématique
Robin des bois, du XIIIe siècle à aujourd’hui
Robin des bois, un mythe dès le XIIIe siècle
Ce brigand au grand cœur, ce prince des voleurs, cet archer vêtu de vert, ce justicier loyal et roublard, filou et fidèle, altruiste et rebelle, n’existe sous cette appellation que dans la langue française. En effet, le terme Robin des bois (en anglais Robin Hood) provient d’une erreur de traduction entre le mot hood (signifiant capuche ou capuchon mais également truand) et son paronyme wood (signifiant bois). Pour se rapprocher de la réalité de ce super-héros britannique, il faudrait donc l’appeler Robin Capuche ou Robin Le Truand.
Mais qu’en est-il de la réalité, dès lors qu’on s’intéresse à cet individu, prompt à se déguiser à la moindre occasion et jouant à se cacher entre vérité historique et construction imaginaire ?
Il apparaît pour la première fois en 1226, dans un document judiciaire mentionnant un certain Robin Hood, décrit comme fugitivus et mis en prison pour non-paiement d’une amende. Mais, comme par la suite les registres administratifs regorgent de Robin Hood, et que les diminutifs Robin et La Capuche sont très courants à l’époque, il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un surnom donné à des proscrits, des braconniers et des criminels dans l’Angleterre médiévale.
Déjà un mythe donc.
Du rebelle anarchiste au gentleman
Dès le XIIIe siècle, Robin des bois circule de bouche en bouche, dans des ballades, des chansons populaires, porté par les troubadours. Avec l’apparition de l’imprimerie, il devient une vedette littéraire, et si les textes sont fragmentaires, leur nombre et leur diversité témoignent de la popularité croissante de sa légende : Robin des bois et le potier, Robin des bois et le moine, etc., autant de chansons en vers, proches des fabliaux, où l’intention comique l’emporte sur le lyrique.
Entre 1450 et 1500, paraît Une geste de Robin des bois, qui synthétise en 256 strophes la légende, et compose à partir de plusieurs balladeslongs poèmes narratifs souvent accompagnés d’un instrument et parfois dansés, ayant pour sujet des légendes populaires ou des épisodes historiques un long récit unique. On y trouve déjà le shérif de Nottingham, les joyeux comparses et l’épisode du tir à l’arc. Le personnage de Robin a perdu de sa cruauté initiale. Il est désormais un yeoman, un paysan libre, opposé au régime féodal, vivant en dehors des normes de la société, dans un lieu utopique et riant, dédié à la justice et l’amitié, la forêt de Barnsdale, qui deviendra plus tard celle de Sherwood.
Couché sur le papier, Robin des bois gagne en popularité auprès de ceux qui sont à même de lire ses aventures, c’est-à-dire les classes dirigeantes. Perdant alors son statut de yeoman, il est anobli pour devenir le célèbre Robert de Loxley, un noble en exil, combattant l’infâme prince Jean sans terre, durant l’absence du bon roi Richard Cœur de Lion.
Et voilà comment on transforme un rebelle anarchiste en protecteur régalien de l’ordre établi. Le théâtre populaire, quant à lui, lui offre une amoureuse, Lady Marianne. Et voilà comment il devient gentleman et romantique dans les yeux des damoiselles.
Une célébrité mondiale toujours d’actualité
Il connaît la célébrité mondiale au XIXe siècle sous la plume de Walter Scott, dans Ivanhoé, où il devient saxon, luttant contre les seigneurs normands
Alexandre Dumas, féru de récits d’aventures, s’y attelle à son tour. Dans Le Prince des voleurs – en fait une traduction de Robin Hood and Little John, or the Merry Men of Sherwood Forest du britannique Pierce Egan filsPierce Egan fils (1814-1880) a publié ce Robin des bois sous forme de roman-feuilleton à partir de 1838 dans un journal hebdomadaire. La publication en un volume date de 1840. – il a désormais une enfance : orphelin héritier du comté de Huntingdon, il est confié à des parents simples et aimants. Il est noble, vaillant et positif, chevaleresque et lyrique.
Mais c’est par le biais du cinéma qu’il devient une super-star planétaire. Depuis sa première apparition dans un film muet en 1908, jusqu’à sa dernière dans une superproduction américaine en 2018, il est présent dans plus de quarante films différents, dont le magnifique en technicolor Les Aventures de Robin des bois, réalisé par Michael Curtiz et William Keighley, où ses exploits sont mis en musique par le compositeur Erich Wolfgang Korngold.
Il apparaît aussi dans d’innombrables séries, documentaires, opéras, comédies musicales, bandes dessinées, jeux vidéo, mangas, chansons, et dessins animés, comme celui de Disney, en 1973, qui lui donne l’apparence d’un renard.
Ainsi, chaque époque s’empare de ce mythe pour défendre sa propre cause. Aujourd’hui, il se tient aux côtés des mouvements alternatifs et écologiques, il crée des ZAD, proteste contre les méga-bassines et trafique les compteurs de gaz dans les quartiers populaires, pour réduire de moitié les factures à payer et soulager les retraités. Robin des bois-capuche est toujours d’actualité.
Auteure : Violaine Schwartz