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Le kamancha d’Azerbaïdjan
Une grande famille
Le kamancha est une vièle utilisée dans le Caucase, en Iran et au Proche et Moyen-Orient. Il fait partie d’une grande famille d’instruments portant souvent des noms similaires (kamanche, kemenche...), notamment en Anatolie et au Proche-Orient.
Le kamancha existe sous sa forme actuelle au moins depuis le XVIe siècle, comme en témoignent les nombreuses miniatures persanes. Seule une quatrième corde a été ajoutée au siècle dernier.
Caractéristiques de l’instrument
En Azerbaïdjan, le kamancha est une vièle à pique avec une caisse sphérique et un manche cylindrique sans frette. La longueur totale du kamancha, sans la pique, est d’environ 60 cm. Il possède quatre cordes métalliques. La caisse de résonance est en bois de noyer creusé, souvent décorée de marqueterie. L’ouverture compte une dizaine de centimètres de diamètre, elle est recouverte d’une membrane de peau d’esturgeon ou, à défaut, de péricarde de bœuf.
Le jeu du kamancha
Traditionnellement, le kamancha était joué assis en tailleur par terre, la pique posée sur le sol devant le musicien. Durant le XXe siècle, et particulièrement pendant la période soviétique, le jeu du kamancha s’est développé assis sur une chaise. La pique de l’instrument est alors appuyée sur la cuisse gauche du musicien ou, plus rarement, sur la chaise. Au conservatoire de Bakou, il est dit qu’un bon joueur de kamancha doit avoir un trou dans la cuisse, formé au fur et à mesure des années par le poids de l’instrument.
Le kamancha est joué verticalement. Le joueur fait pivoter l’instrument sur son axe lors des changements de corde ; l’archet, lui, garde toujours la même inclinaison. La mèche de l’archet est maintenue tendue avec les doigts de la main droite.
Devenu aujourd’hui un instrument incontournable du trio de mugam, le kamancha accompagnait autrefois des répertoires plus divers. Dans le trio de mugam, le kamancha a le rôle de soutien de la voix et du tar. Qualifié par les musiciens de « lien » entre ces deux éléments, il dialogue entre eux, il coordonne les développements du mugam initiés par la voix et le tar. Dans les parties non mesurées, il tient souvent un bourdon, à partir duquel le tar et la voix élaborent des phrases successives. Cependant, le kamancha a aussi souvent des parties d’improvisation pendant lesquelles c’est le tar qui tient le bourdon.
Pendant la période soviétique, le jeu du kamancha a évolué vers un style plus virtuose et rapide, son timbre est devenu plus brillant. Le joueur de kamancha Habil Aliev est un des représentants de ce jeu virtuose. En conséquence, le kamancha a commencé à être joué seul ou en temps qu’instrument soliste.
Auteure : Estelle Amy de la Bretèque