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Le tar d’Azerbaïdjan
Une grande famille
Tar est un terme d’origine persane, signifiant « corde ». Le tar est un luth à long manche de la famille des rabab (qui existaient en Perse au moins depuis le XVIe siècle). Cette grande famille des rabab est présente notamment en Asie centrale, au Caucase et en Iran.
Le tar, tel qu’on le connaît aujourd’hui, a dû apparaître en Iran au début du XIXe siècle. Il aurait été divulgué au Caucase dans les années 1850-1860 où il était joué par les Arméniens, les Géorgiens et les Azéris. De nos jours, le tar est joué dans le Caucase par les Azéris et les Arméniens, en Iran et en Asie centrale. Son apparence peut varier d’une région à l’autre, notamment dans la forme et la taille des ouvertures de la caisse de résonance double.
Caractéristiques de l’instrument
En Azerbaïdjan, le tar comporte une double caisse de résonance en mûrier et un manche assez long en noyer :
- La caisse double, d’environ 30 cm de longueur, comprend deux ouvertures recouvertes d’une membrane de péricarde de bœuf. Sur la plus grande peau repose le chevalet de corne. La caisse est traversée de part en part d’une barre en bois ou en métal reliant le manche au fond de la caisse. La caisse et le manche sont souvent ornés d’incrustations de nacre.
- Le manche du tar mesure environ 40 cm et compte vingt-quatre ligatures pouvant être déplacées. Traditionnellement en boyau, elles sont aujourd’hui bien souvent en nylon.
Jusqu’au XIXe siècle, le manche du tar était plus court que de nos jours et la caisse était entièrement en bois. Vers 1880, quatre ou six cordes, jouées pour certaines uniquement à vide, ont été rajoutées aux cinq cordes traditionnelles et confèrent à l’instrument sa sonorité et ses timbres actuels.
Instrument emblématique du répertoire de mugam, le tar s’accorde de manière différente selon le mugam interprété. Ce trait est primordial puisqu’il permet d’obtenir la tonalité et la tessiture propres à chacun d’entre eux. De plus, il est dit que les Arméniens accordent le tar un peu plus grave que les Azéris. L’accord dépend aussi des capacités du chanteur que le tar accompagne.
Le jeu du tar
Le tar est joué tenu contre la poitrine, la caisse reposant sur l’avant-bras droit. Cette position, difficile à tenir, est censée permettre une plus grande virtuosité. Selon des joueurs de tar, elle aide aussi à exprimer, par un contact plus direct avec l’instrument, l’éthosLe mot « ethos » est ici employé au sens d’une esthétique particulière qui contient et reflète des valeurs propres à une société donnée. propre à cette musique.
Les cordes du tar sont pincées à l’aide d’un plectre en os ou en corne appelé mezrab. Seules les trois premières doubles cordes sont jouées, les cordes supplémentaires étant pincées uniquement à vide. La technique de jeu comprend des coups descendants ou ascendants sur les cordes : les coups descendants étant plus forts et plus marqués que les autres. Un bon joueur de tar se reconnaît notamment à la variété de ses enchaînements de coups descendants et ascendants. De nos jours, le jeu du tar azéri se distingue de celui du tar persan ou arménien par sa quête de virtuosité, de rapidité et de brillance. Le jeu du tar persan est plus proche de l’ancien mode de jeu.
Dans le trio de mugam, le jeu du tar est complémentaire de celui du chanteur : le tar répond à la voix, tandis que le kamancha coordonne les développements du tar et de la voix. Le tar, comme le kamancha, confère au mugam son éthos ou encore ses caractéristiques : le répertoire du mugam est indissociable de ces instruments.
Auteure : Estelle Amy de la Bretèque