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Symphonie n° 3 « Eroica »Ludwig van Beethoven
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie n° 3 « Eroica » de Ludwig van Beethoven |
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Genre | musique symphonique |
Composition | été 1803 – printemps 1804 (publication en 1806), à Oberdöbling, localité proche de Vienne (Autriche) |
Dédicataires | Bonaparte, puis le prince Lobkovitz, mécène de Beethoven |
Dédicaces | Bonapartepuis Sinfonia Eroica composta per festeggiare il sovvenire di un grande Uomo(Symphonie Héroïque composée pour fêter le souvenir d’un grand Homme) |
Création | audition privée : été 1804 au palais du prince Lobkowitz, à Vienne audition publique : 7 avril 1805 au Theater an der Wien, à Vienne |
Forme | symphonie en quatre mouvements : I. Allegro con brio II. Marcia funebre. Adagio assai III. Scherzo. Allegro vivace IV. Finale. Allegro molto |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 3 cors, 2 clarines (trompettes aiguës) percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Par sa durée et son énergie, cette Symphonie n° 3, dite aussi « Eroica » ou encore « Héroïque », marque un tournant dans l’histoire de la symphonie. Elle inaugure une période novatrice et monumentale.
Beethoven est sensible aux valeurs républicaines de la Révolution française que le général Bonaparte, parti à l’assaut des royaumes européens, veut propager. Les titres et dédicataires successifs de la Symphonie n° 3 témoignent de cette réception. Initialement intitulée « Bonaparte », la symphonie sera rebaptisée « Héroïque ». De même, le dédicataire originel de l’œuvre, Bonaparte en personne, cédera finalement la place au mécène du compositeur, le prince Lobkovitz. S’il était sage de la part de Beethoven de dédier la symphonie à son mécène, on peut également attribuer ces divers changements à la déception éprouvée par le compositeur d’apprendre que Bonaparte, le chantre de la liberté, était devenu un tyran en se sacrant lui-même empereur sous le titre de Napoléon Ier.
On peut interpréter cette symphonie comme l’histoire d’une vie de héros. Le premier mouvement célèbre son énergie, quand le deuxième évoque sa mort. L’optimisme de Beethoven surmonte ce moment tragique dans les deux derniers mouvements. Cette fin heureuse, pleine d’espoir, souligne l’appartenance du compositeur au Siècle des lumières. L’assombrissement intermédiaire annonce déjà quant à lui les tourments futurs du romantisme.
Le contexte biographique du compositeur fournit également des éléments d’explication au ton tragique du deuxième mouvement. En effet, pendant les années 1801-1802, Beethoven commence peu à peu à devenir sourd. Dans une lettre adressée à ses frères, connue sous le nom de Testament de Heiligenstadt, il fait part de son handicap, si humiliant pour un musicien. Sa production ralentit mais reprend de plus belle dès 1803 : l’espoir a raison de la dépression. Ainsi, la Symphonie n° 3 connaît une fin brillante, tout comme la Symphonie n° 5 transfigurera l’effroi initial en lumière, quelques années plus tard.
Premier mouvement
Comme c’est l’usage à l’époque de Beethoven, ce premier mouvement de symphonie présente trois parties distinctes et une conclusion qu’on désigne en musique par le terme codaterme italien signifiant « queue ». La partie introductive, appelée exposition, présente tous les thèmes que l’on entendra dans le mouvement, et qui apparaîtront sous formes variées dans la deuxième partie, le développement. Après cette section foisonnante, la réexposition (récapitulation) rappelle les différents thèmes. Enfin, la coda énonce une conclusion musicale.
Description de l’exposition
Comme pour faire taire le public, l’orchestre en tuttiTous les instruments jouent. martèle deux accords fortissimo. Les violoncelles peuvent alors faire entendre le premier thème (A), très solennel, auquel les violons répondent par une phrase lyriquemélodique et chantante. D’emblée, le compositeur nous offre une palette d’impressions sonores variées.
Un peu plus tard, le contraste offert par le nouveau matériau thématique (B) indique que l’on passe au second temps de l’exposition. C’est la famille des bois qui le présente : d’abord les bassons avec les clarinettes, puis les hautbois et enfin la flûte. Ce thème consiste en une succession d’accordssuperposition de sons, formant des harmonies calmes et tendres.
On l’entend (et on l’entendra dans la suite de l’exposition), le compositeur use de tous les artifices à sa disposition pour créer de la variété : diversité des timbres, rythme vigoureux ou alangui, caractère chantant ou énergique, mode mineur ou majeur.
La suite du mouvement est un développement des idées musicales de départ.
Deuxième mouvement
Le deuxième temps d’une symphonie est très souvent un mouvement lent mais la longueur de celui-ci est inédite. La forme en est complexe : exposition (A) – intermède (B) – fugato – réexposition – coda.
Ce deuxième mouvement est une marche funèbre. Le tempo lent, la mesure à deux temps et le mode mineur sont les ingrédients de la pesanteur et du pathétique qui la caractérisent.
Deux thèmes alternent dans la première partie :
- d’abord le thème grave et tragique (a1) des premiers violons, soutenu par les grondements des contrebasses imitant un roulement de tambour. Repris par le hautbois dans l’aigu, ce thème prend une tournure plaintive ;
- puis vient une longue mélodie des violons (a2), en mode majeur, comme une tentative de consolation.
Ces deux thèmes sont répétés tour à tour, mais c’est le thème tragique (a1) qui conclut l’exposition.
L’intermède qui suit éclaire cette lugubre atmosphère par un dialogue serein des boishautbois, flûte et basson. Après un tutti vigoureux, une ample mélodie jouée aux cordes confirme ce caractère apaisé.
Le retour du thème de la marche funèbre sert d’introduction au fugatoPassage musical utilisant de manière moins rigoureuse les techniques d’écriture de la fugue : les différentes voix jouent successivement le thème, en imitation, un peu à l’image du canon où les mélodies sont jouées décalées. central. Celui-ci est un commentaire musical des deux thèmes de l’exposition et réinstalle la noirceur initiale.
La réexposition de A, avec la reprise de ses deux thèmes, confirme l’issue tragique de ce mouvement dont ne survivent finalement que des lambeaux de thèmes dans la coda.
Troisième mouvement
Le troisième mouvement apporte un moment de détente nécessaire. Comme tout scherzo, il se décline en trois parties : scherzo – trio – scherzo, suivies d’une coda finale.
C’est presque par surprise que surgit au hautbois le thème vif et volubile du premier scherzo, après un murmure pianissimo des cordes. Ce thème génère tout le mouvement grâce à un travail de répétition et de fragmentationPar exemple, seule la tête du thème est entendue à la fin de cette partie.. Différent mais non moins joyeux, le trio fait entendre un thème évoquant la forêt ou la chasse par l’emploi des corsLe contraste entre les thèmes du hautbois et des cors permet de bien distinguer les différentes sections du mouvement., suivi de la reprise presque à l’identique du scherzo initial.
Quatrième mouvement
Le finale déroule une série de variations autour de deux matériaux principaux : une ligne de basse et un thème dansant.
C’est tout d’abord une véhémente cascade de notes aux cordes qui introduit le mouvement. Après cela, le travail de variation peut commencer !
Les cordes énoncent en pizzicatosLes instrumentistes pincent les cordes avec un doigt au lieu de les frotter avec leur archet. une simple phrase de quelques notes : ce sont les fondations du finale. Le compositeur varie ce thème à plusieurs reprises en changeant les instruments ou en modifiant les techniques de jeu (à l’archet au lieu des pizzicatos) ou encore le rythme. Il l’agrémente ensuite d’un thème dansant joué d’abord par le hautbois, puis par les cordes. Le cycle de variations se poursuit ainsi autour de ces deux thèmes.
Au rythme très enlevé de cette première partie, succède un moment plus calme. Si le caractère est très différent, nous retrouvons néanmoins le thème dansant. Il est alors métamorphosé par le tempo plus lent et revêt un caractère majestueux.
La coda, très rapide, est un tutti étourdissant où les cuivres et les timbales jouent un rôle important, annonçant que la mort du héros a été surmontée et transfigurée.
Synthèse
Caractéristique principale | Instrumentation remarquable | ||
1er mouvement | Solennel | Lyrique | Violoncelles chantants |
2e mouvement | Tragique | Hautbois plaintif et contrebasses inquiétantes | |
3e mouvement | Joyeux | Forestier | Cors évocateurs |
4e mouvement | Majestueux | Pizzicatos des cordes |
Auteure : Elsa Siffert