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Beethoven et la révolution
Beethoven et la révolution : la musique
La Révolution française fait souffler en Europe un vent de liberté. Beethoven s’enthousiasme : lui aussi transformera le monde, mais avec son arme, la musique. Loin d’être un simple divertissement, celle-ci va choquer le public de l’époque. À l’étroit dans les cadres existants, Beethoven ne va cesser de les bousculer, notamment dans ses symphonies. La Symphonie n° 3 sous-titrée « Eroica » (1803-1804) est révolutionnaire par sa dimension (presque deux fois plus longue que d’ordinaire) et par son écriture si complexe que plusieurs musiciens ne sont alors pas capables de la jouerFerdinand Ries, élève de Beethoven, raconte dans ses Notices biographiques sur Ludwig van Beethoven : Il arriva que Beethoven, qui dirigeait lui-même, dans la seconde partie du premier allegro où pendant si longtemps, à cause des notes doublées, on va à contre-mesure, jeta une fois tout l’orchestre tellement hors de mesure qu’il fallut reprendre du commencement.
. La révolution beethovénienne se poursuit : une cellule de quatre notes parcourt obsessionnellement le premier mouvement de la Symphonie n° 5 et installe une ambiance tragique, violente. On y voit le symbole de la lutte de l’homme contre le Destin. La Symphonie n° 6 « Pastorale » (1808), est une œuvre à programme en cinq mouvements (la symphonie classique en comporte généralement quatre). Enfin, dans la Symphonie n° 9 (1824), Beethoven innove encore en faisant chanter, sur un poème de Schiller et avec un formidable élan d’humanisme, un chœur et des solistes, ce qui est alors inédit dans une symphonie.
Beethoven et la révolution : les idées
Ludwig van Beethoven a dix-neuf ans lorsque la Révolution française éclate. Conquis par ses idées libérales, il fréquente les groupes clandestins jacobins, et abandonne même la coiffe bourgeoise, la culotte et les bas de soie, ce qui est mal perçu à Vienne. Plusieurs idées fortes de la Révolution française (la liberté universelle, l’annihilation des tyrans...) se retrouvent dans certaines de ses œuvres comme dans son ballet Les Créatures de Prométhée (1800-1801).
Les épisodes politiques se succèdent. Bien qu’il maîtrise la langue française et se tienne au fait des événements, il en a une lecture incomplète. Le jeune officier nommé Bonaparte qui, tout d’abord, semble poursuivre les idéaux de la Révolution et que Beethoven voit comme un porte-parole des droits de l’homme, se transforme en chef des armées assoiffé de conquêtes. Déçu, le compositeur, qui lui avait dédié sa Symphonie n° 3, raye sa dédicace initiale et la remplace par à la mémoire d’un grand homme
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Beethoven et la révolution : les débuts de la révolution industrielle
Si les guerres napoléoniennes bouleversent le paysage politique, l’économie connaît aussi des évolutions. La mécanisation de l’industrie, l’accélération des moyens de transport..., autant de changements qui conduisent les artistes à chercher refuge dans le rêve, l’émotion, l’intériorité. On dit que c’est par crainte de voir l’urbanisation gagner la forêt de Vienne que Beethoven aurait écrit la Pastorale.
Une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, émerge et marque la fin de la société galante du Siècle des lumières. Les salles de concert s’ouvrent alors au grand public, s’agrandissent et nécessitent des instruments plus puissants. Ainsi, le piano-forte connaît de 1790 à 1890 d’importantes évolutions comme l’utilisation des cordes en acier de grande qualité fortement tendues sur des cadres en fonte. Beethoven écrit 32 sonates pour cet instrument qui accompagne les mutations de la société. C’est également l’époque de l’invention du métronome par Johann Nepomuk Mälzel, un ami de Beethoven. Le compositeur s’enthousiasmeDans une lettre adressée à l’éditeur Schott en 1826 à propos de la Symphonie n° 9, Beethoven déclare : La métronomisation suivra incessamment. Attendez-vous à la recevoir. À notre époque les indications de ce genre sont certes nécessaires. De Berlin aussi j’ai reçu des lettres m’annonçant que la première exécution de la Symphonie a obtenu un succès enthousiaste, que j’attribue en grande partie à la métronomisation.
pour ce nouvel outil et est l’un des premiers à en faire l’usage en fournissant des indications métronomiques pour nombre de ses œuvres.
Auteure : Sylvia Avrand-Margot